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Droit de réponse des enfants et petits-enfants du chahid Ali Hammoutène à Abdellali Merdaci

10-04-2021 12:16  Contribution

Droit de réponse des enfants et petits-enfants du chahid Ali Hammoutène à Abdellali Merdaci, suite à sa contribution parue sur le Journal « Algérie 1 » le 28 Mars 2021, intitulée « Le procès en sorcellerie d’Ali Feraoun (suite et fin) ».

Nous avons lu avec stupéfaction la contribution d’Abdellali Merdaci intitulée « Le procès en sorcellerie d’Ali Feraoun (suite et fin) : le révisionnisme historique ne passera pas » parue dans les colonnes du journal « Algérie 1 » du 28 mars 2021.

L’auteur de l’article disait découvrir la réponse du Dr Mohammed Hammoutène, fils de l’instituteur Ali Hammoutène, aux propos farfelus d’Ali Feraoun, lequel déclarait, toute honte bue, dans une intervention radio rapportée par l’APS, que « les autres victimes de l’attentat OAS du 15 mars 1962 au Château Royal, n’étaient que des victimes collatérales destinées à maquiller l’assassinat de son père ». Il s’agit en l’occurrence de Marcel Basset, Robert Eymard, Ali Hammoutène, Max Marchand et Salah Ould Aoudia.

Abdellali  Merdaci  s’octroie le droit de juger et de jauger la défense  de la mémoire des cinq victimes et regrette que  l’indignation de leurs enfants aux propos d’Ali Feraoun fut des plus timorée et que le  Dr Mohammed Hammoutène se garda de designer l’auteur de ce qu’il considère comme des allégations outrancières ; puis de se poser la question rhétorique de savoir « si nous n’étions  pas entre gens civilisés pour répandre le fumet du scandale dans la rue ? » 

Plus loin et par un raisonnement pour le moins alambiqué, Abdellali Merdaci suggère l’idée qu’Ali Hammoutène et ses cinq collègues assassinés par l’OAS , n’ayant pas monté une cellule du FLN sur les hauteurs d’Alger, n’avaient finalement fait le choix que d’une France coloniale en crise. 

S’érigeant en spécialiste des centres sociaux éducatifs (CSE) et de ce qu’il nomme à tort le « Service d’Action Sociale » (SAS), il place ces deux organismes sur le même piédestal.

L’impudence ne pouvant se contenir en si bon chemin, il décide d’inférer que si la mort d’éducateurs sous les balles de l’OAS pouvait émouvoir, il ne fallait pas faire des six victimes, « contre leur volonté », des martyrs d’une libération nationale « qu’ils n’auraient pas souhaitée ». 

D’outre-tombe, Ali Hammoutène et ses compagnons auraient donc confié leur souhait et volonté à Abdellali Merdaci probablement lors de séances de médiumnité !  

Si les allégations outrancières éructées par Ali Feraoun relèvent de la négation de la vérité et de l’insulte à l’égard des cinq compagnons de son père, les élucubrations d’Abdellali Merdaci s’inscrivent, elles, dans la diffamation et l’injure que les enfants et petits-enfants du chahid Ali Hammoutène ne sauraient tolérer. 

Comme Ali Feraoun, Abdellali Merdaci tente lui aussi de répandre ses certitudes saugrenues de l’Histoire. 

Il est utile de préciser  à l’écrivain, critique et historien de la littérature, que pour le Dr Mohammed Hammoutène, il ne s’agissait pas de noyer l’esclandre comme il semble le croire mais raison gardée, de rétablir une fois de plus la vérité sans complaisance, de manière civilisée en effet et sans invective.

Abdellali Merdaci a t’il conscience de son imprudence à triturer l’histoire à sa convenance, et de la gravité de ses propos diffamatoires et injurieux ? 

Est-ce la mansuétude et le silence de ceux qu’il s’arroge le droit de mordre par ses estocades épistolaires qui le conduit à pratiquer irrépressiblement l’effronterie à l’égard de familles entières ? 

Que répondre devant tant d’insanités sans pour autant qu’il ne s’imagine être le destinataire d’une réplique en absolution, si ce n’est de rappeler succinctement le parcours militant et glorieux du chahid Ali Hammoutène :

Membre du PPA /MTLD puis membre du FLN, il s’occupait de la collecte de fonds, d’acheminer vers les maquis des vêtements, médicaments, renseignements. Appréhendé à plusieurs reprises par les autorités militaires à Tizi Ouzou, une mesure d’interdiction de séjour fut prise contre lui pour atteinte à la sureté de l’Etat français en 1958, il fut alors muté à Alger.

Ali Hammoutène était connu et reconnu par les siens, tant dans sa Kabylie natale que dans l’Algérois et même au-delà, en sus de l’amour qu’il porta au peuple dont il faisait partie et à l’Algérie qu’il voulait plus que tout indépendante. Combien de ses élèves devinrent les cadres avertis de l’Algérie indépendante après avoir été de vaillants maquisards. 

Courant du mois d’août 1956, il écrivait dans ses mémoires « « Entre les réalités algériennes et les vues théoriques du pouvoir, il y avait un contraste frappant. Le peuple n’en fut jamais dupe, soumission silencieuse n’était que l’expression d’une colère sourde et contenue qui n’attendait que le moment favorable pour exploser. Elle se traduisit le premier novembre 1954 par un mouvement insurrectionnel d’une violence et d’une ampleur insoupçonnée. Le maquisard a conscience de la gravité du combat qu’il livre en ce moment au colonialisme.  En recouvrant sa dignité d’homme libre, il a conscience qu’il est entrain de libérer sa patrie du joug impérialiste. C’est un sentiment qui anime les combattants dont le courage est au-dessus de toute épreuve » ; En aucun cas, l’Algérie ne devait échapper à des destinées historiques. Après le Viêt-Nam, la Tunisie et le Maroc, elle ne pouvait résister à l’élan de libération que Bandoeng a consacré comme la naissance d’une religion nouvelle ».

Sur un autre chapitre Abdellali Merdaci , écrivain, critique, historien de la littérature s’aventure à mettre sur le même pied d’égalité, les missions des CSE, organisme dont Ali Hammoutène était l’un des principaux dirigeants et ce qu’il nomme service d’action sociale (SAS) au lieu de section administrative spécialisée. Les chefs des SAS qui étaient des officiers de l’armée française s’occupaient de missions de maintien de l’ordre, de « pacification » et d’administration dans le cadre de la lutte contre le FLN. Les SAS relevaient des unités militaires et n’avaient pour seul but que de rallier les populations musulmanes à la cause de l’Algérie française.

L’objectif des CSE était bien différent et en tout cas plus noble : il était exclusivement éducatif. Ils dépendaient du Ministère de l’éducation nationale, comme l’a souhaité et imposé Germaine Tillion à leur création. C’était l’expansion rapide de l’école publique aux zones rurales et péri urbaines, sans exclusion, pour les populations les plus déshéritées, une école polyvalente et sociale pluridisciplinaire.

Abdellali Merdaci considère lui que les CSE étaient une institution du dernier quart d’heure de la France coloniale,  oubliant qu’en matière d’éducation il n’est jamais trop tôt ou trop tard.

Pourtant, cette institution, faut-il le reconnaitre, combien généreuse et humaine, a été persécutée par l’armée française dès sa création. Combien de femmes et d’hommes faisant partie des CSE ont été inquiétés, arrêtés par les militaires français, sans compter les disparus, particulièrement pendant la bataille d’Alger. 

Peut-être est-ce nécessaire de rappeler le  procès « des barricades » lors duquel Jean Gardes, (colonel et chef des renseignements du 5èmebureau, devenu par la suite membre actif au sein de l'OAS) déclarait « que les CSE étaient infiltrés par des membres du FLN et parmi eux, des responsables assez importants ». Cela démontrait l’hostilité qu’avaient les services de renseignements français à l’égard des CSE et de leur personnel.

Ali Hammoutène, auteur de « Réflexions sur la Guerre d’Algérie » - SNED 1983 / ENAG 2013-  écrivait  le 3 /12/61 : « Les CSE sont une institution utile aujourd’hui comme dans l’avenir, ils pourront représenter plus tard ce que l’on appelle l’éducation continue ou l’éducation post scolaire », l’avenir dont il parlait était celui d’une Algérie libre et indépendante, un avenir tout proche, vision prémonitoire car les CSE allaient survivre après l’indépendance sous l’appellation de Foyers d’animation de la jeunesse (FAJ) sous la tutelle du Ministère de la jeunesse et des sports.

Le chahid Ali Hammoutène appartient pleinement à l’Histoire de l’Algérie nonobstant le déni d’Abdellali Merdaci qui du haut de son perchoir imaginaire, s’autoproclame tutélaire de l’Histoire nationale pour semer la ‘’fitna’’, balayant d’un revers de la main les lois de la République algérienne sans en mesurer les conséquences. 

Qu’il sache que le chahid Ali Hammoutène, mort pour l’Algérie et l’Algérie seule a été célébré par son peuple et ses institutions seuls et son œuvre fût celle de combattre l’ombre hideuse du colonialisme par le savoir qu’il transmettait aux plus démunis de son peuple car l’éducation et l’instruction sont des armes aussi redoutables que celles utilisées par ses frères de la Glorieuse Armée de Libération Nationale et les Chouhadas dont Abdellali Merdaci n’a certainement pas le monopole.

Le révisionnisme historique ne passera pas, la dénégation non plus et encore moins l’atteinte à l’honneur et à la mémoire du chahid Ali Hammoutène.

L’Algérie s’enorgueillit du sang de ses martyrs, de tous ses martyrs, qu’ils soient tombés dans les maquis, noyés dans la Seine, assassinés par l’OAS, morts de tortures dans les geôles de la France coloniale…  ce sont tous nos héros ne vous en déplaise.

Pour les enfants et petits-enfants du chahid Ali Hammoutène,

Ali Hammoutène - Avocat



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