Droit de réponse des ayants droit du Chahid Ali Hammoutène à Abdellali Merdaci suite à sa réplique du 12 avril 2021 intitulée « Les Centres sociaux éducatifs (1955-1962) en débat »
Les ayants droit du chahid Ali Hammoutène, par respect aux lectrices et lecteurs d’Algérie 1, entendent répondre une ultime fois à Abdellali Merdaci à l’effet de rétablir la vérité, ce dernier persistant, tambour battant, dans l’effronterie du cuistre.
Il est utile de préciser ici, qu’Abdellali Merdaci était méconnu des ayants droit d’Ali Hammoutène avant sa contribution parue sur Algérie 1 le 28 mars 2021 intitulée « Le procès en sorcellerie d’Ali Feraoun (suite et fin) : le révisionnisme historique ne passera pas » ;
Suite à un droit de réponse du Docteur Mohammed Hammoutène, fils d’Ali Hammoutène paru dans l’édition du ‘’ Soir d’Algérie’’ du 23 mars 2021 à l’adresse d’Ali Feraoun qui déclara de façon turpide que « les cinq victimes de l’assassinat du Château Royal du 15 mars 1962, n’étaient que des victimes collatérales destinées à maquiller l’assassinat de son père », Abdellali Merdaci a cru bon devoir s’incruster de manière intempestive pour d’abord jauger le droit de réponse du Docteur Mohammed Hammoutène et ensuite répandre des allégations outrancières, dans sa contribution du 28 mars 2021 en affirmant que « Max Marchand, Mouloud Feraoun et leurs compagnons étaient ‘’morts pour la France’’ (…) et que si la mort d’éducateurs sous les balles de l’OAS pouvaient émouvoir, il ne fallait pas en faire ‘’contre leur volonté’’ des martyrs d’une libération nationale ‘’qu’ils n’ont pas souhaitée’’ ».
Devant un tel jugement de valeur porté sur le chahid Ali Hammoutène dès lors qu’il était l’une des six victimes de l’attentat du Château Royal du 15 mars 1962, un droit de réponse à la mesure de la gravité de l’offense d’Abdellali Merdaci a été exercé par les ayants droit le 08 avril 2021.
Dans sa réplique parue sur Algérie1 le 12 avril 2021 intitulée « Les Centres sociaux éducatifs (1955-1962) en débat», Abdellali Merdaci déclare « ne pas croire que les propos haineux des ayants droit du chahid Ali Hammoutène signés par Maître Ali Hammoutène encouragent la sérénité d’un débat contradictoire autour de ses écrits sur les propos sulfureux d’Ali Feraoun, qu’il n’a pas cité à titre personnel Ali Hammoutène, qu’il l’a évoqué sans le dissocier du groupe des inspecteurs des Centres sociaux éducatifs auquel il appartenait. Et de rajouter récuser ‘’la stratégie vicieuse et visqueuse’’ de Maître Hammoutène qui consisterait à jeter le discrédit sur son interlocuteur pour le disqualifier auprès de ses lecteurs (…) ». Sur ce dernier point, Abdellali Merdaci prendra acte de ce que les ayants droit Hammoutène ne disqualifient jamais un travail intellectuel car ils ont trop de respect envers les élites intellectuelles de la nation et que bien au contraire, ils portent en elles leurs espoirs.
Ne manquant pas d’user et d’abuser de l’invective et de l’injure à l’adresse des ayants droit : (marécages de lamythomanie, héritiers matois, héritiers inconvenants, ergoteur fulminant , trauma, remugles d’égouts…) et après avoir soutenu sa réplique en dix points, Abdellali Merdaci conclut en se demandant « pourquoi les ayants droit Hammoutène ‘’s’attaquent ‘’ spécialement à lui dans une ‘’telle violence’’ qu’ils n’ont pas retournée contre celui qui a piétiné la sépulture et souillé la mémoire de leur parent » et de rajouter : « Maître Hammoutène a attendu cinquante-neuf ans après la disparition de son parent pour en rappeler le souvenir dans une polémique injurieuse et sans honneur ».
En premier lieu, il est utile de préciser que Maître Ali Hammoutène, signataire du droit de réponse des ayants droit et petit-fils du Chahid Ali Hammoutène est né bien après l’indépendance de l’Algérie et n’a pas connu son grand-père. Il se serait bien passé d’un tel affront à l’égard de ce dernier, n’ayant jamais pensé que l’impudence sans limite d’un inconnu intrusif, eût conduit cinquante-neuf ans après son assassinat à lui dénier le droit d’être mort pour l’Algérie. Plus grave encore, de dire de lui qu’il est mort pour la France.
Aucun des ayants droit n’a été à l’initiative de la polémique dont parle Abdellali Merdaci sinon lui-même en s’interférant dans un sujet d’histoire, beaucoup plus douloureux que ‘’l’histoire de la littérature’’, en débordant, par cuistrerie, pour piétiner la mémoire d’un chahid dont il avoue « n’avoir rencontré le nom que comme membre des Centres sociaux éducatifs et ne l’en a jamais séparé ». Peut-être lui aurait-il fallu éviter la voie des errements et de l’analyse holistique.
Le droit de réponse des ayants droit d’Ali Hammoutène était empreint d’objurgations légitimes, nuls « propos haineux, ni de « stratégie visqueuse » et encore moins « «vicieuse » mais du mépris envers des propos diffamatoires portés à l’encontre d’un martyr, tombé sous les balles de l’OAS. Qu’on le laisse reposer en paix.
Peut-on considérer que ses propos pouvaient encourager un débat appelant à la contradiction sereine, dans une atmosphère capiteuse comme fallacieusement suggéré par Abdellali Merdaci ?
Bien évidemment, le signataire du précédent et présent droit de réponse va étayer en toute objectivité ce qu’il a soutenu en n’omettant pas de continuer à considérer que si les allégations outrancières d’Ali Feraoun relevaient de la négation de la vérité et de l’insulte à l’égard des cinq autres victimes de l’attentat du 15 mars 1962 perpétré par l’OAS , celles d’Abdellali Merdaci dans sa contribution du 28 mars 2021 en rapport avec les six victimes de l’assassinat du Château Royal, notamment Ali Hammoutène, s’inscrivent elles dans la diffamation et l’injure.
Nous répondrons ici succinctement à Abdellali Merdaci sans tomber, comme lui, dans les relents de l’invective et des insinuations méphitiques, nauséabondes dont il semble se toquer.
- Relever la confusion entretenue entre SAS et CSE n’est pas une chicanerie : les SAS, instrument militaire de la France coloniale ont été créés pour un seul et unique objectif : rallier les populations musulmanes à la cause de l’Algérie française. Ils avaient des missions de maintien de l’ordre, de pacification et d’administration dans le cadre de la lutte contre le Front de Libération Nationale.
Lors de la création des Centres sociaux éducatifs, aucun conflit de compétences n’est apparu contrairement à ce qui est insinué et leur direction ne devait absolument pas être dévolue à l’armée coloniale dès lors que Germaine Tillion, à l’initiative des CSE, avait très vite compris tous les enjeux politiques de cette institution et pour éviter les risques d’embrigadement et de contrôle par des partisans de l’Algérie française, avait imposé leur tutelle au Ministère de l’éducation, comme l’était l’école publique.
Abdellali Merdaci précise que les CSE étaient une institution de la France coloniale. Une précision qui relève du truisme. Quelle institution éducative ou autre en Algérie, avant le 5 juillet 1962 n’était pas une institution de la France coloniale y compris les medersas (Décret du 30 septembre 1850) ?
En tout état de cause, les CSE sont bien loin du regard que s’en fait Abdellali Merdaci d’institution du dernier quart d’heure de la France coloniale. Méjuger les CSE de la sorte n’est que mépris tant à l’égard de l’humanisme de la plupart de leurs animateurs qu’à celui des algériennes et algériens, jeunes et moins jeunes déshérités des zones rurales et péri urbaines qui n’ont pu accéder à l’école publique mais qui ont vu dans les Centre sociaux éducatifs, une expansion de cette école, sans exclusion, une école polyvalente et sociale pluridisciplinaire.
C’était une œuvre généreuse et humaine d’émancipation des populations déshéritées du fait de la colonisation depuis près de 125 ans au moment de leur création.
C’était l’élargissement de l’école publique à ces zones déshéritées dans un effort surhumain. Scolariser près de deux millions d’enfants laissés pour compte et aussi donner un horizon professionnel, donc socioéconomique à leurs parents.
Dès leur création, les CSE ont été mal perçus tant par l’armée que par les partisans de l’Algérie française. Durant toute la durée de la guerre de libération nationale, ces centres ont été persécutés, traqués par les paras de Massu, les ultras de l’Algérie française et plus tard par sa branche armée l’OAS encadrée, faut-il le souligner, par les généraux et officiers supérieurs de l’armée française.
Ne manquons pas de rappeler ici, au risque de se répéter, les propos tenus par le colonel Gardes, chef des renseignements généraux, devenu par la suite membre actif de l’état-major de l’OAS, au procès des ‘’Barricades’’. Il déclarait : « Les CSE étaient noyautés par des agents du FLN, dont certains des chefs assez importants » !
N’oublions pas que les CSE étaient fréquentés également par des enfants, des femmes dont les pères et les époux étaient souvent absents, pour certains disparus ou au maquis. Combien de ceux qui les avaient fréquentés étaient des agents de liaison.
Avez-vous entendu dire un jour que les CSE ont été inquiétés, menacés ou attaqués par le FLN/ALN comme ils le furent par l’armée ?
2) Abdellali Merdaci remet en cause la licéité de la qualité de chahid de Ali Hammoutène dès lors que ce dernier a été assassiné par l’OAS dans l’exercice de ses fonctions en sa qualité de dirigeant des CSE arguant que ces centres n’avaient aucune attache avec le Front de Libération Nationale ou l’Armée de Libération Nationale.
Les fonctions d’Ali Hammoutène au sein des Centres sociaux éducatifs ne peuvent se dissocier de son militantisme indépendantiste. Tenter de le faire en méconnaissance de cause serait d’une malhonnêteté intellectuelle incontestable. A quelles fins douteuses et inavouées ? Les partisans de l’Algérie française le savaient et le disaient : « L’éducation et l’instruction étaient synonymes de Révolution ».
Non seulement Ali Hammoutène a milité au sein du PPA-MTLD puis par la suite au sein du Front de Libération Nationale par des actions de propagande FLN, de collectes de fonds, d’acheminements vers le maquis de renseignements, de vêtements, de médicaments, traduit d’ailleurs devant la justice coloniale pour « atteinte à l’intégrité du territoire français » mais a combattu l’ombre hideuse du colonialisme par le savoir qu’il transmettait aux plus démunis de son peuple car tel que déjà dit, l’éducation et l’instruction sont des armes aussi redoutables que celles utilisés par ses frères de la Glorieuse Armée de Libération Nationale ;
Par ailleurs, si Abdellali Merdaci rappelle dans sa réplique que l’une des six victimes soulignait l’inanité des CSE, destinés faut-il le rappeler à transmettre le savoir aux plus démunis des algériens, Ali Hammoutène lui, déclarait avoir pris à cœur une œuvre généreuse et humaine qui a pour mission d’aider les hommes et les femmes déshérités de son pays meurtri par la guerre – C’est son cœur qu’il faut donner, c’est un engagement total. Il était convaincu de leur utilité dans un cadre militant.
L’instruction, le savoir, l’école ne doivent pas avoir de limite ni dans le temps ni dans l’espace. Condescendant et bien peu humble celui des nantis et des moins défavorisés qui ayant fait ses classes confortablement durant ces années de guerre entreprend aujourd’hui de dévaloriser l’œuvre humaine des CSE.
Ali Hammoutène est tombé sous les balles d’une organisation armée secrète de la France coloniale, encadrée par des généraux et officiers de l’armée coloniale qui voulaient coûte que coûte maintenir l’Algérie française. Il s’agissait d’une situation propre à la guerre d’indépendance.
Les noms des six victimes de l’attentat du Château-Royal n’ont pas été choisis au hasard par l’OAS. Il s’agissait d’une liste minutieusement préparée, discutée tant par rapport à leur militance qu’à leur travail au sein des Centres. Sur dix-huit dirigeants des CSE présents à la réunion du 15 mars 1962, les membres du commando de l’OAS détenaient une liste de six personnes ciblées : « Six d’entre vous sont condamnés à mort par l’OAS : Marcel Basset, Robert Eymard, Mouloud Feraoun, Ali Hammoutène, Max Marchand, Salah Ould Aoudia ».
Ces derniers furent sortis dans la cour du siège des Centres sociaux éducatifs, alignés dos au mur et tombèrent sous les rafales des fusils mitrailleurs puis vinrent les coups de grâce.
L’outrecuidance pousse l’écrivain, critique et historien de la littérature à demander de prouver la militance et de justifier de la licéité de la qualité de chahid. À quel titre ? Pour qui se prend-il ?
Et de s’interroger : A-t-il été torturé ? A-t-il été emprisonné ? Sanction douce clame-t-il à propos de l’interdiction de séjour suivie de la mutation dont Ali Hammoutène avait fait l’objet ; sanction politico-administrative impulsée par l’armée coloniale faut-il le préciser.
Comment ne pas rester pantois devant un tel manque d’humilité, devant l’exubérance d’une telle finasserie saupoudrée de perversité !
Que répondre ‽ : Il a été assassiné par l’OAS, monsieur !
Nul besoin de publicité, nul besoin d’ouvrages : Qu’Abdellali Merdaci sache que la militance ne se ‘’tambourinait pas’’, pas plus qu’elle ne se claironnait ! Elle se pratiquait en silence, le plus souvent dans la clandestinité, avec modestie par conviction d’indépendance.
Sans compter les établissements scolaires qui ont porté le nom du chahid Ali Hammoutène à Alger, à Tizi-Ouzou sa ville natale au lendemain de l’indépendance de l’Algérie, chèrement recouvrée, les institutions de l’Etat Algérien libre et indépendant l’ont reconnu en tant que tel. Ce titre est licite, documents à l’appui : Membre du Front de Libération Nationale et chahid.
Il serait indigne pour nous d’en justifier auprès d’Abdellali Merdaci qui du haut de son perchoir imaginaire, s’autoproclame tutélaire de l’histoire, croyant ‘’fouiner dans le sordide’’ en usant de raisonnements biaisés pour entacher, à dessein, l’honneur de gens humbles sous couvert d’un prétendu statut ‘’d’acteur du champ culturel’’. Pire encore, souiller la mémoire de leur parent en disant de lui qu’il est mort pour la France.
En l’espèce, il est indéniable qu’au regard d’une telle impertinence réitérée, les héritiers du chahid Ali Hammoutène se réservent le droit de porter les allégations diffamatoires d’Abdellali Merdaci devant l’institution compétente tout en justifiant auprès de celle-ci de la licéité de la qualité de chahid de leur parent.
Pour les ayants droit du chahid Ali Hammoutène
Son petit-fils, Ali Hammoutène, avocat.