Deux bombes ont explosé ce jeudi matin à Damas, faisant 55 morts et 372 blessés, selon un bilan officiel, et enfonçant un nouveau coin dans le plan de paix de Kofi Annan que certains dirigeants de l'opposition syrienne jugent désormais caduc. Ce double attentat non revendiqué dans l'immédiat, le plus meurtrier à Damas depuis le début de troubles dans le pays à la mi-mars 2011, a été imputé à des «terroristes» kamikazes par le gouvernement de Bachar al-Assad.
Kofi Annan, émissaire de l'ONU et de la Ligue arabe pour la Syrie à l'origine d'une trêve entrée en vigueur le 12 avril mais violée quotidiennement depuis, a condamné des actes «odieux et inacceptables». «La violence doit cesser», a martelé l'ancien secrétaire général de l'ONU, qui craint de voir le pays sombrer dans une guerre civile aux conséquences dramatiques pour l'ensemble de la région.
«Un nouvel exemple des souffrances du peuple syrien»
Les deux explosions, qui ont eu lieu presque simultanément, se sont produites peu après 8h (7h à Paris) dans le quartier d'Al Kazaz, où se trouve un complexe abritant des services de renseignement militaire du régime de Bachar al-Assad. La télévision syrienne a diffusé les images de dizaines de véhicules calcinés, certains contenant des corps déchiquetés ou mutilés. L'une des bombes a creusé un cratère profond de trois mètres sur la rocade sud de la capitale. Les murs des édifices situés des deux côtés de cette large avenue se sont écroulés sous la violence de la déflagration.
«C'est un nouvel exemple des souffrances du peuple syrien», a déclaré le général Robert Mood, chef de la mission des observateurs de l'ONU chargés de superviser la trêve, qui s'est rendu sur le site. La veille, un convoi transportant l'officier norvégien avait été attaqué dans la province de Deraa et le secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, s'était inquiété de la multiplication des attentats à la bombe.
«Ces bombes ne sont pas l'oeuvre des combattants de l'opposition»
L'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH) qui est un appendice de l'opposition, a annoncé que l'une des deux explosions a été causée par une voiture piégée et la cible était un édifice des services de renseignement. Les explosions auraient causé peu de dégâts à la façade du bâtiment fortifié.
Pour Samir Nachar, membre du bureau exécutif du Conseil national syrien, l'Etat syrien a commis le double attentat afin de faire peur aux manifestants et aux observateurs, un argument repris par les dirigeants de l'Armée syrienne libre (ASL). «Le gouvernement cherche à faire échouer le plan Annan. Ces bombes ne sont pas l'oeuvre des combattants de l'opposition», a déclaré son chef, le général Moustafa al Cheikh, expliquant que l'ASL n'avait pas les moyens de mener de telles opérations.
Riad al Asaad, chef des opérations de l'ASL, a averti de son côté que les rebelles étaient prêts à reprendre leurs attaques dès qu'Annan annoncerait l'échec de son initiative.
Avec Reuters