Tous les rapports internationaux 2015/2018 relèvent que l’Algérie est un acteur stratégique de la stabilité de la région méditerranéenne et africaine sous réserve de nouvelles stratégies d’adaptation , comme j’ai eu à le souligner dans plusieurs interviews internationaux dont ceux récents 2017/2018 à l’American Herald Tribune, à Radio -France Internationale RFI, au quotidien français Tribune Fr et AfricaPress. A la veille d’échéances cruciales tant sur le plan politique qu’économique, étant une question de sécurité nationale, il me semble utile de dresser, sans sinistrose, ni autosatisfaction, le bilan objectif de l’économie algérienne et d’essayer de tracer les perspectives de sortie de crise face à la quatrième révolution économique qui s’annonce inévitables entre 2020/2030/2040 qui entrainera d’importants bouleversements géostratégiques , militaires, sécuritaires, culturelles, sociales et économiques.
1-Des stratégies d’adaptation face aux trafics et au terrorisme
Il y a lieu d’analyser avec lucidité les réalités du terrorisme transnational, du narcotrafic et de la criminalité organisée, afin de proposer les voies et moyens de nature à assainir la région de ces fléaux criminels dévastateurs et de garantir à ses populations la paix, la stabilité et la sécurité . La criminalité transnationale organisée renvoie aux réseaux criminels organisés et par voie de conséquence au terrorisme, menace planétaire, qui profitent de la vente de marchandises illégales, dès lors qu'il existe une demande. Ces marchés illicites internationaux, anonymes et plus complexes que jamais, génèrent chaque année des milliards de dollars. C’est que les enjeux au Sahel préfigurent d’importantes reconfigurations géopolitiques et géoéconomiques dans une zone sensible rentre dans le cadre de la nouvelle stratégie mondiale à laquelle l'Algérie ne saurait échapper et d'une manière générale toute l'Afrique. Ces enjeux sont intiment liés aux nouvelles mutations mondiale actuelles qui devraient qui conduire à de profondes reconfigurations socio-économiques, technologiques mais également sécuritaires. C’est que la fin de la guerre froide marquée par l’effondrement du bloc soviétique et les attentats survenus aux Etats-Unis le 11 septembre 2001 représente un tournant capital dans l’histoire contemporaine. Le premier événement marque la fin d’un monde né un demi siècle plutôt et la dislocation d’une architecture internationale qui s’est traduite des décennies durant par les divisions, les déchirements et les guerres que nous savons. Aujourd’hui, les menaces sur la sécurité ont pour nom terrorisme, prolifération des armes de destruction massive, crises régionales et délitement de certains Etats. Or, les défis collectifs nouveaux, sont une autre source de menace : ils concernent les ressources hydriques, la pauvreté, les épidémies, l’environnement. Ils sont d’ordre local, régional et global. En 2018, nous assistons dans la région à de profondes mutations de la géopolitique saharienne après l’effondrement du régime libyen, avec des conséquences pour la région. Mais en tout cas, ces nouvelles donnes impliquent une nouvelle stratégie sur le plan sécuritaire mais aussi diplomatique. Au Sahel, les groupes armés ont proliféré, ont accru leur capacité de nuisance, se sont diversifiés en terroristes, insurgés, criminels et milices, selon des variables, comme leur vision, leur mission ou les moyens mis en œuvre. L’aspect l de cette connexion semble être la façon dont le commerce de la drogue illégale sape les efforts pour poursuivre les réformes politiques et le développement nécessaires pour endiguer la radicalisation et la montée des groupes terroristes dans plusieurs régions du monde déjà fragiles. Le Sahel est également une zone de transit pour les passeurs. 50 à 60% de ceux qui traversent la Libye vers l’Europe passent par la région. Selon les différentes résolutions du G5, si les événements récents ont souligné que la traversée de la Méditerranée peut se transformer en drame et qu’il est urgent que tout le monde coopère pour arrêter les flux migratoires. Nous avons plusieurs formes de trafic : premièrement, nous avons le trafic de marchandises ; deuxièmement, le trafic d’armes ; troisièmement, le trafic de drogue ; quatrièmement, la traite des êtres humains et le trafic de ressources naturelles ; cinquièmement, nous avons cybercriminalité ; sixièmement, comme résultante, nous avons le blanchiment d'argent soit dans les paradis fiscaux ou dans l’immobilier. Trois facteurs permettent de comprendre les liens entre trafic et terrorisme: premièrement, l’existence de mouvements communautaires, ethniques et religieux, qui permettent une collaboration entre terroristes et criminels, sur la base de valeurs partagées et de confiance mutuelle ; deuxièmement, la survenance d’un conflit armé ; troisièmement, les contraintes qui jouent lors d’échanges transnationaux complexes de marchandises illégales qui impliquent souvent d’autres parties intermédiaires et de certains segments de l’administration corruptibles. Le Sahel est un espace sous-administré et souffrant d'une mauvaise gouvernance chronique. La vulnérabilité du Sahel découle d'une profonde vulnérabilité des Etats accentuée par la pression démographique. Caractérisé par une forte croissance démographique (environ 3,1%), le Sahel devrait doubler sa population d'ici 25 ans, et comptera vraisemblablement plus de 100 millions d'habitants en 2020. Cette croissance affectera certainement la sécurité humaine et notamment alimentaire de la région dans son ensemble. C’est pourquoi y a lieu d’accorder une attention particulière aux tensions au niveau de la ceinture sahélienne qui recèle d’importantes ressources ministères d’où les ingérences étrangères manipulant différents acteurs afin de se positionner au sein de ce couloir stratégique et de prendre le contrôle des richesses sont nombreuses. L'arc sahélien est riche en ressources : après le sel et l'or, pétrole et gaz, fer, phosphate, cuivre, étain et uranium sont autant de richesses nourrissant les convoitises de puissances désirant s'en assurer le contrôle. Le commerce des stupéfiants, par exemple, a le potentiel de fournir aux groupes terroristes un bonus supplémentaire : les recrues et les sympathisants parmi les agriculteurs appauvris, négligés et isolés, et qui non seulement peuvent cultiver pour le compte des trafiquants, mais aussi populariser et renforcer les mouvements anti-gouvernementaux. Pour l’Algérie l’arc sahélien est stratégique qui recouvre, entièrement ou en partie, les pays suivants : l’Algérie (à l'extrême sud) -le Sénégal ; la Mauritanie (au sud) ; le Mali ; le Burkina Faso (au nord) ; le Niger ; le Nigeria (à l'extrême nord) ;le Tchad (au centre). La sécurité intérieure de l’Algérie est posée à ses frontières : la frontière Algérie Mali est de 1376 km, la frontière entre l'Algérie / Libye de 982 km, la frontière Algérie/ Niger de 956 km, la frontière Algérie/ Tunisie est de 965 km. De par sa situation géographique stratégique au Maghreb et sa longue histoire de lutte contre le terrorisme et l’extrémisme violent sur son territoire, l’Algérie constitue un pilier pour la stabilité de la région méditerranéenne et africaine , mais devant pour une efficacité réelle, résoudre les problèmes de développement interne avec la chute du cours des hydrocarbures et parallèlement intensifier la coopération internationale contre ce fléau planétaire. Il y a l’urgence d’une coopération tant africaine, méditerranéenne que mondiale dans la lutte contre la criminalité transnationale nécessitant une coopération en réseaux passant par l’amélioration des bases de données afin de lutter efficacement contre le crime transfrontalier et le terrorisme. Il s’agit donc de lever les contraintes du fait que la corruptibilité générale des institutions, pèsent lourdement sur les systèmes chargés de l'application des lois et la justice pénale en général qui ont des difficultés à s’adapter aux nouveaux défis posés par la sophistication des réseaux du crime organisé. La collaboration inter-juridictionnelle est ralentie par l’hétérogénéité des systèmes juridiques notamment en Afrique du Nord et en Afrique noire. La porosité des frontières aussi bien que la coordination entre un grand nombre d’agences chargées de la sécurité aux frontières posent de grands problèmes. À terme, la stratégie vise à attirer graduellement les utilisateurs du système informel vers le réseau formel et ainsi isoler les éléments criminels pour mieux les cibler tout en diminuant les dommages collatéraux pour les utilisateurs légitimes. Vis-à-vis des menaces et défis auxquels le monde et notre région sont confrontés s’impose la nécessité de développer une stratégie de riposte collective et efficace concernant notamment le terrorisme international, le trafic des êtres humains et la criminalité organisée à travers la drogue et le blanchissement d’argent. Mais, la lutte contre le terrorisme implique de mettre fin à cette inégalité tant planétaire qu’au sein des Etats où une minorité s’accapare une fraction croissante du revenu national enfantant la misère et donc le terrorisme, renvoyant à la moralité de ceux qui dirigent la Cité. Car, le tout sécuritaire pour le sécuritaire a des limites et les responsables algériens chargés de la sécurité en sont conscients, existant des liens dialectiques entre développement et sécurité. L’efficacité sécuritaire devra s’insérer dans le cadre d’une vision stratégique devant impérativement minimiser les coûts des dépenses par une rationalisation des choix budgétaires tant dans le domaine civil que militaire.
2.- S’adapter la quatrième révolution économique mondiale 2020/2030
L’Algérie n’a pas d’avenir si elle ne favorise pas la bonne gouvernance et l’économie du savoir qui sont les deux piliers fondamentaux du développement du XXIème siècle, devant nous éloigner des schémas utopiques du passé des années 1970/1980/1990. Politiques, entrepreneurs, chercheurs, simples citoyens, nous vivons tous aujourd'hui dans une société de la communication électronique, plurielle et immédiate qui nous contraint à prendre des décisions en temps réel. La maîtrise du temps étant le défi principal du siècle, en ce XXIe, engageant la sécurité nationale, toute inadaptation à ces mutations isolerait encore plus le pays La naissance des NTIC est due notamment à la convergence de l'informatique, des télécommunications et de l'audiovisuel. Le développement d'Internet à haut débit, la démocratisation de l'ordinateur et des nouvelles technologies découlent d'une baisse des tarifs proposés par les fournisseurs d'accès et d'une demande de plus en plus présente de la clientèle. Le boum des blogs et des messageries électroniques donne aux TIC une place de plus en plus vaste dans notre société. Cette interaction de l'électronique et de l'informatique explique que les applications des NTIC puissent répondre aux besoins aussi bien des entreprises et de l'Etat que des ménages et des individus. Désormais soumises aux mêmes lois du marché que n'importe quelle autre activité de production marchande, les NTIC constituent, en outre, un secteur où la concurrence se joue directement à l'échelle mondiale. La globalisation des entreprises, des marchés et des circuits de la finance n'a pas seulement impliqué un remodelage des structures économiques et des flux d'échange, elle a aussi conduit à la professionnalisation de la communication et de l'information, ainsi qu'à une intégration de plus en plus poussée des phases de la conception, de la création et de la consommation des produits, parallèlement à la fusion de sphères d'activités jadis séparées, voire opposées. Ainsi, le monde est devenu une grande maison de verre, dans la mesure où l'information n'est plus le quatrième pouvoir mais le pouvoir lui-même. L'infrastructure de l'Internet se répand aujourd'hui autour du monde pour créer un large réseau mondial et ce grâce à l'informatique qui permet aujourd'hui de numériser les informations et de gérer de nouveaux systèmes. Cet intérêt s'est trouvé accru depuis plus d'une décennie en raison des retombées socio-économiques et culturelles des nouvelles technologies de l'information de la communication (NTIC) : la ''fracture numérique'' transcende en effet les clivages géographiques et traverse de part en part toutes les sociétés humaines. C'est que les nouveaux moyens de télécommunication facilitent l'échange et la diffusion de la connaissance. Ces nouvelles technologies de l'information et de la communication (NTIC) changent donc profondément la vie au quotidien des citoyens, le fonctionnement des entreprises, de l'Etat. Tout cela entraîne de nouvelles représentations mentales et sociales. Cela est plus patent au niveau multimédia (TV, vidéo à la demande, GPS, musique...) sur les téléphones portables. Sur le plan macroéconomique, les nouveaux processus mis en place grâce aux TIC ont des conséquences sur l'analyse de la valeur des produits et services, que l'on effectuera davantage sur le cycle de vie, lequel a tendance à se raccourcir et influe sur les gains de productivité et la croissance liée à l'introduction des TIC. Les TIC influencent également la recherche scientifique et technique et permettent indirectement de réaliser de nouvelles découvertes qui ont à nouveau un effet social, culturel, politique et économique. Enfin, les TIC ont un impact dans de nombreux autres domaines comme les loisirs, la culture, la santé, la gestion du temps, les comportements en société. L'avènement d'Internet et le développement formidable qu'il connaît depuis quelques années ont pratiquement mis en demeure l'entreprise - de quelque importance qu'elle soit - de s'adapter et d'en faire l'usage le plus judicieux et le plus productif. La compétitivité l'obligeant à obtenir ou à donner l'information en temps réel, l'entreprise va en effet investir la Toile et recourir à l'électronique pour faire face à la concurrence et développer ses activités. Les NTIC permettent de mettre en place depuis quelques années des modèles d'organisation du travail dont les principales caractéristiques sont la décentralisation et la flexibilité. Le phénomène de délocalisation de l'emploi tient largement de la recherche des gains de productivité et des possibilités offertes par les NTIC aux entreprises, particulièrement à celles qui sont d'une grande envergure : télé-saisie, télétraitement et télémaintenance informatique sont maintenant une réalité de tous les jours. L'Algérie a besoin d'une stratégie d'adaptation face aux nouvelles mutations mondiales et énergétiques avec l'avènement de la quatrième révolution économique qui se fondera sur le numérique, les nouvelles technologiques, les industries écologiques avec un Mix énergétique entre 2020/2030/2040 C'est une question de sécurité nationale
3.-Mettre en place la transition énergétique
Les directives de son Excellence Mr le Président de la République dans plusieurs conseils des ministres ente 2013/2017 ont été claires : le développement des énergies renouvelables constitue une priorité nationale ainsi que le développement des énergies traditionnelles et les sections hors rente. Dans l’avant projet de modification de la loi des hydrocarbures de 2013 , rendue nécessaire par les profondes mutations énergétiques mondiales, afin d’éviter des querelles byzantines Sonatrach, société par actions et propriété exclusive de l'Etat à 100%, procurant directement et indirectement 97/98% des recettes en devises au pays et encore pour longtemps, il ne faut pas être utopique, il n’est nullement question de la privatiser. Le nouveau management stratégique doit avant tout diagnostiquer l'impact de l'environnement national et international sur Sonatrach et l'appréciation des domaines où l'interface Sonatrach/ environnement peut être amélioré afin de rendre plus performante l'entreprise et la hisser au niveau de la concurrence mondiale. Mr. Abdelmoumène Ould Kaddour, PDG du groupe, Sonatrach possédant un important vivier de cadres compétents, malgré la déperdition de ces dernières années, pas moins de 200 cadres de la Sonatrach, parmi les plus performants sont triés sur le volet pour subir une formation, « selon les standards internationaux » pour être les futurs managers de la Sonatrach qui subiront une formation dans des grandes écoles, appelés à prendre le témoin de la gouvernance de géant pétrolier national qui doit faire face à de nouveau défis. C’est dans ce cadre que Sonatrach vient de se doter d’une nouvelle direction en ce mois d’août 2018, afin selon son PDG, d’en faire horizon 2030 la cinquième entreprise mondiale. J’ai eu l’honneur à la demande du PDG de Sonatrach lors d’une conférence au siège de cette entreprise, début 2018 devant tous les cadres dirigeants et le syndicat, de donner mon avis sur la nouvelle organisation et l’urgence d’une révision de la loi des hydrocarbures. Je pense en toute objectivité que cette action va dans la bonne direction, ce qui entraînera des résistances, alors qu’il y a urgence d’un nouveau management stratégique, cette entreprise s’étant bureaucratisée. Pour les énergies renouvelables, l’on peut recenser le solaire (solaire photovoltaïque, solaire thermique), l’hydroélectricité, l’éolien, la biomasse et la géothermie. Les énergies renouvelables qui sont des énergies flux inépuisables par rapport aux « énergies stock » tirées des gisements de combustibles fossiles en voie de raréfaction participent à la lutte contre l’effet de serre et les rejets de CO2 dans l’atmosphère, facilitent la gestion raisonnée des ressources locales, et surtout ce que l’on oublie souvent génèrent des emplois à forte valeur ajoutée. La production à grande échelle qui permettrait de réduire substantiellement les couts s’oppose cependant actuellement aux lobbys pétroliers. Adopté en février 2011 par le Conseil des ministres, le programme national des énergies renouvelables algérien prévoit une introduction progressive des sources alternatives, notamment le solaire avec ses deux branches (thermique et photovoltaïque), dans la production d’électricité sur les 20 prochaines années Dans cette perspective, la production d’électricité à partir des différentes sources d’énergies renouvelables dont l’Algérie compte développer sur la période serait de 22.000 mégawatts à l’horizon 2030, soit 40% de la production globale d’électricité. Sur les 22.000 MW programmés pour les deux prochaines décennies, l’Algérie ambitionne d’exporter 10.000 MW, alors que les 12.000 MW restants seraient destinés pour couvrir la demande nationale. Une fois réalisé, ce programme permettra d’économiser près de 600 milliards de mètres cubes de gaz sur une période de 25 années. D’où l’importance dès maintenant de prévoir d’autres sources d’énergie et d’imaginer un nouveau modèle de consommation énergétique. Avec plus de 3 000 heures d’ensoleillement par an, l’Algérie a tout ce qu’il faut pour développer l’utilisation de l’énergie solaire, ou presque. Le soleil tout seul ne suffit pas. Il faut la technologie et les équipements pour transformer ce don du ciel en énergie électrique. Aussi le défi algérien est-il d’avoir le budget et les technologies nécessaires pour, d’abord, financer la fabrication de panneaux solaires et, ensuite, subventionner, du moins en partie, leur installation à grande échelle. Les pouvoirs publics algériens ont affiché leur détermination à développer les potentialités nationales en énergies renouvelables, notamment le solaire, pour contribuer au renforcement des capacités de production d’électricité pour une meilleure réponse aux besoins des citoyens en la matière. Les énergies renouvelables disposent d'atouts essentiels pour prendre une place importante dans les bouquets énergétiques des pays, de rapprocher les sites de production des centres de consommation, de réduire la dépendance de ces pays aux énergies fossiles, contribuer à la sécurité d'approvisionnement et à l'indépendance énergétique, permettent une maîtrise à long terme des prix de l'énergie, constituer les vecteurs les plus adaptés de développement de la production d'énergie décentralisée, offrir un potentiel considérable de développement industriel et de nouvelle croissance et contribuer à limiter les impacts de la production d'énergie sur l'environnement : diminution des émissions de gaz à effet de serre, réduction des effets sur l'air, l'eau et les sols, absence de production de déchets, les installations de production d'énergies renouvelables affectent très peu l'environnement, la biodiversité et le climat. Selon le rapport de Bloomberg New Energy Finance (BNEF), il s'agira d'investir pour couvrir la demande mondiale en énergie, environ 2 100 milliards de dollars d'ici à 2040 pour les énergies fossiles, à faire face aux 7 800 milliards investis en renouvelables. Ainsi, les énergies renouvelables fourniront alors plus du tiers de l'électricité mondiale. Partout dans le monde, la conjonction de l'instabilité des marchés des énergies fossiles et l'impératif de protection de l'environnement et de réduction des émissions de gaz à effet de serre imposent une révision des stratégies énergétiques. Voilà pourquoi il va falloir en urgence, d'une part, que l’Algérie revoit son mode actuel de consommation énergétique et, d'autre part, exploiter toutes les formes d'énergie et en particulier les énergies renouvelables qui demeurent une alternative incontournable pour les besoins internes en énergie, rentrant dans le cadre de la transition énergétique (Mix énergétique) . Concernant les économies d’énergie, cela consiste à améliorer l'efficacité énergétique afin d’économiser, en s’appuyant sur les nouvelles techniques, la consommation d'énergie tant au niveau des ménages que du secteur économique. En Algérie paradoxe, l’on continue à construire toujours avec les anciennes méthodes e construction alors que les nouvelles techniques permettent d’économiser plus de 30% d’énergie, de briques ou parpaing , du ciment et du rond à béton. La plus grande réserve de gaz et de pétrole pour l’Algérie, donc ce sont les économies d’énergie. Cela implique de revoir notamment les politiques actuelles désuètes de l’habitat et du transport et un large débat national sur les subventions actuellement non ciblées source de gaspillage et de fuites de produits hors des frontières. Je préconise au niveau du Premier ministère en relation avec le ministre des finances, de la création une Chambre nationale de compensation afin de cibler les subventions destinées aux couches les plus défavorisées et aux secteurs qu’on voudrait encourager d’une manière transitoire. Ceci suppose la mise en place d’un système d’information en temps réel performant. . Si on reste au niveau des prix subventionnés actuels (à peine entre 5/ 10 % du prix international selon les utilisateurs, ménages ou opérateurs), la consommation intérieure en 2030 sera l’équivalent et plus des exportations actuelles, environ 60 milliards de mètres cubes gazeux. Il est manifestement impossible de continuer à cette allure. Comment ne pas rappeler que chaque année, les entreprises d'extraction d'énergies fossiles du monde entier reçoivent 4740 milliards d'euros de subventions publiques, soit près de 167.000 € par seconde (compteur), soit selon le FMI lors de la COP 21 plus de 5000 milliards de dollars, donc une concurrence déloyale vis-à-vis des autres sources d’énergie, en rappelant que le cout tant du photovoltaïque que thermique été divisé par deux ces dernières années.
4- Des potentialités à valoriser
Sur le plan économique, dans son rapport 2018 sur le climat d’investissement dans le monde, le département d’Etat américain, relève que l’Algérie est un marché lucratif, offrant un potentiel important pour les compagnies américaines en matière d’investissement comprennent l’agriculture, le tourisme, les technologies de l’information et de la communication, l’industrie, l’énergie (fossile et renouvelable), la construction et la santé. Au plan financier, les banques en Algérie affichent une solide santé financière malgré la baisse des liquidités. Les actifs non performants du secteur bancaire avoisinent un taux de 5%, qui représente la norme pour les marchés émergents. Si le département d’Etat soutient que la règle dite “51/49”, régissant l’investissement étranger, “pose des défis” aux investisseurs américains, il constate que cette mesure “entrave” en particulier l’accès des PME au marché algérien car ces petites et moyennes entreprises ne disposent pas de ressources humaines et financières qui leur permettent de répondre aux exigences de l’investissement.par ailleurs. Le rapport note l’instabilité du cadre législative constitue un autre frein à l’investissement « Les firmes internationales actives en Algérie se plaignant parfois que les lois et les régulations changent souvent et sont appliquées de manière inéquitable, renforçant la perception du risque commercial pour les investisseurs étrangers ». Pour répondre directement à votre question, il s’agit de lever les contraintes tant internes qu’externes aux entreprises et administrations devant synchroniser la gouvernance globale de la gouvernance locale et celle de l’entreprise, avoir une visions stratégique sur dix à 20 ans afin d’optimaliser l’effet de la dépense publique afin que le prix d’équilibre de 60/70 dollars puissent éviter les tensions budgétaires, l’Algérie possédant des atouts. Pour les données de 2017, l’endettement est faible, 20% du PIB, la dette extérieure 2,5% du PIB et le secteur bancaire reste capitalisé, le ratio de solvabilité étant de 17%. L’Algérie possède d’importantes potentialités hors hydrocarbures : plus de 1000 km de cotes, un paysage diversifié Nord-Hauts plateaux, désert) , les nouvelles technologies, l’agriculture tout en étant réaliste étant un pays semi aride importante. Le développement industriel selon le programme du gouvernement vise la promotion de l’activité industrielle par l’instauration d’une dynamique territoriale autour des centres techniques industriels, de consortium et de clusters pour permettre le renforcement des capacités et la diversification des produits des filières industrielles. Dans le cadre des politiques de développement de l’activité industrielle les filières prioritaires qui devraient bénéficier d’avantages fiscaux nous avons les filières ci-après -sidérurgique ; mécanique et métallique , électrique et électronique; -agro alimentaire ;-manufacturière ;- chimie-plastique, Sonatrach ambitionnant de développer cette filière avec de grandes compagnies ) et pharmaceutique (le secteur de l’industrie pharmaceutique est estimé à 3,3 Mrd d’euros à fin 2016 ; matériaux de construction( en 2017 autosatisfaction en ciment et la filiale Lafarge Alger ayant commencé l’exportation). Il est prévu des projets de clusters permettront d’encourager la création, la participation et le renforcement des associations professionnelles constituant un espace intermédiaire de concertation et de consultation, à l’effet de dégager des visions consensuelles sur le moyen et le long terme concernant le développement industriel ainsi que l’émergence d’une véritable sous traitance , actuellement embryonnaire, par le renforcement des relations industrie-université-grandes écoles- instituts pour la promotion de la recherche/ développement et de l’innovation dans les entreprises industrielles. Les efforts de recherche relayés par les clusters permettront ainsi aux entreprises de persévérer et rester dans le cadre de l’innovation pour une meilleure compétitivité au niveau national et international. Mais il faut être réaliste, beaucoup d’efforts restent à faire. Le tissu économique selon l’ONS est constituée à 83% de petits commerce –services avec la dominance en termes juridique des sociétés de personnes et des SARL, très peu de sociétés par actions. Ce sont d’abord la majorité des PMI-PME privées algériennes gérées souvent avec la famille restreinte qui doivent ouvrir leur capital si elle veulent être compétitives avant de vouloir entrer dans le capital des entreprises publiques. Le secteur industriel représente 6,3% du produit intérieur brut (PIB) et sur ces 6,3% 95/97% sont des petites PMI-PME peu initiées au management stratégique et à l’innovation technologique, la concentration du privé étant dans le BTPH qui dépend fondamentalement de la dépense publique. Le secteur productif dans la sphère réelle, notamment les PMI-PME majoritaires, connait un niveau d’endettement assez élevé auprès des banques et le secteur privé concurrentiel -exportateur est marginal.
5.-Les douze axes de la nouvelle politique socio-économique 2018/2030
Il devient impératif de dépasser la gestion volontariste afin d’avoir une véritable stratégie nationale en faveur des réformes indispensables comme facteur d’adaptation à ce phénomène total et inexorable qu’est la mondialisation. La nouvelle politique socio-économique devrait reposer sur onze axes directeurs ne devant jamais dissocier l’Economique, le Politique, le Social et le Culturel qui sera déterminant en ce XXIème siècle.
-Premièrement, l’objectif stratégique durant cette période de transition est la bonne gouvernance dont le pilier devra reposer sur une nouvelle gestion des ressources humaines, un Nation sans son élite étant comme un corps sans âme et de mettre en œuvre une politique s’orientant vers un véritable processus démocratique, se fondant sur une société plurielle plus participative des partis politiques et une société civile crédibles, permettant la responsabilisation pleine et entière de l’ensemble de la société, la promotion de la femme civile signe évident de la vitalité de toute société, conciliant la modernité et la préservation de notre authenticité, le statut quo, étant suicidaire.
-Deuxièmement, loin des discours, avoir une nette volonté politique d’aller vers une économie de marché à finalité sociale.
-Troisièmement, il faut une réelle décentralisation autour de pôles régionaux et la création de grands Ministères surtout ceux de l’économie et de l’éducation, avec des Secrétaires d’Etat techniques.
-Quatrièmement, une stabilité dans le cadre macro- économique et financier.
-Cinquièmement, la nouvelle politique économique devra s’inscrire, dans le cadre de l’espace Europe‑Maghreb et plus globalement de l’espace économique Méditerranée/ Afrique.
-Sixièmement, la nouvelle politique économique devra être caractérisée par l’adaptation à l’universalisation de l’économie de marché, tenant compte des spécificités sociales, où la dominance est le consommateur et l’arbitre, les marchés financiers. Le véritable nationalisme se mesurera par la capacité des Algériens d’améliorer leur niveau de vie grâce à leur contribution à la valeur ajoutée locale et mondiale.
-Septièmement, éviter les politiques industrielles globales, dépassées et d’imaginer une nouvelle politique non de l’industrie globale, mais de l’entreprise non calquée sur les anciennes organisations hiérarchiques bureaucratiques mais sur la souplesse des organisations basées sur la décentralisation des décisions économiques, la gestion prévisionnelle des compétences, le travail en groupes tenant compte des nouvelles technologies.
-Huitièmement, il faut selon lui une nouvelle politique de l’emploi renvoyant à une nouvelle politique de formation adaptée aux nouvelles technologies à travers des réseaux de concertation et non plus d’actions hiérarchiques autoritaires.
-Neuvièmement, muter progressivement les services collectifs, qui deviennent de plus en plus créateur de valeur ajoutée (éducation, santé. télécommunication, transport, infrastructure) en introduisant les paramètres marchands pour tester de leur efficacité, tout en encourageant la mixité pour améliorer les prestations fournies aux consommateurs.
-Dixièmement, la réforme du système financier dont les banques, (cœur des réformes) et la dynamisation de la bourse des valeurs.
-Onzièmement, dynamiser démonopolisation ( nouveau segments du secteur privé créateur de richesses) à ne pas confondre avec privatisation( cession d’actifs existants) ainsi que le partenariat public-privé, par les ouvertures de capital et la privatisation partielle ou totale.
-Douzièmement, soutenir le développement par une administration centrale et locale rénovée, d’améliorer le fonctionnement des marchés et des initiatives par une politique incitative d’encadrement macro-économique, de réduire les inégalités sociales , de revoir le système fiscal, le fonctionnement des caisses de retraite afin d’éviter son implosion , par la combinaison de l’équité verticale et horizontale.
En conclusion, l’Algérie a besoin en ces moments à la fois de tensions géostratégiques au niveau de la région et des tensions budgétaires inévitables entre 2018/2020/2025 de rassembler tous ses enfants dans leur diversité et non de nous diviser. Il faut impérativement faire taire nos divergences et privilégier uniquement les intérêts supérieurs de l’Algérie nécessitant un minimum de consensus économique et social qui ne saurait signifier unanimisme signe de décadence de toute société afin de stabiliser le corps social. C’est l’unique voie que doivent emprunter les Algériens pour arriver à transcender leurs différends si l’on veut éviter la déstabilisation, ce qu’aucun patriote ne souhaite. Les différentes composantes de notre société, doivent concourir ensemble au retour de la paix, de la concorde et de la stabilité. Il s’agit là de l’unique voie que doivent emprunter les Algériens afin de transcender leurs différends, à vaincre la haine et les peurs qui les habitent, à exorciser leurs démons et à trouver de nouvelles raisons de vivre harmonieusement ensemble et de construire, toujours ensemble, le destin exceptionnel que de glorieux aînés de la génération du 1er Novembre 1954 ont voulu désespérément pour eux.
NB-Une importante rencontre internationale sera organisée début décembre 2018 par le Ministère de la Défense Nationale -Institut Militaire de Documentation, d’Evaluation et de Prospective sous le haut patronage de Mr le Vice Ministre de la défense nationale, Chef d'Etat major ANP- sur le thème « l’environnement sécuritaire de l’Algérie en 2035 : quelles conséquences pour notre outil de défense » où le professeur Abderrahmane Mebtoul interviendra sur le thème « Face à la quatrième révolution économique politique et sécuritaire mondiale 2020/2030/2040, urgence des stratégies d’adaptation pour l’Algérie »
Références -Voir interview Pr Abderrahmane Mebtoul l’American Herald tribune 11 aout 2018 « Dr. Abderrahmane Mebtoul: “Algeria Still Faces Significant Challenges » - pour lire l’original en, anglais ( 15 pages) site -https://ahtribune.com/interview/2424-abderrahmane-mebtoul.html –
-Interviews à l’American Herald Tribune 28 décembre 2016 (58 pages) et au quotidien financier français la Tribune.fr mars 2017 « toute déstabilisation de l’Algérie aurait un impact sur l’espace méditerranéen et africain »-
-Contribution Londres/Bruxelles Site Mena Forum « Algeria, in an unfinished transition period Challenges of 2018, 2020 & 2030 Algeria: Reform » by Dr A. Mebtoul | Aug 5, 2018
-Institut Français des Relations Internationales – IFRI- « La coopération Europe/Maghreb face aux enjeux géostratégiques 55 pages 04 avril 2011 » et du même auteur « la problématique de la sphère informelle au Maghreb (IFRI 28 pages 03 décembre 2013).
L’Afrique, le Maghreb face aux enjeux des flux migratoires » site Afrik Press Paris France deux parties 24/27 juin 2018 et pour une nouvelles stratégie de développement de l’Algérie (trois parties) 8/9/10 aout 2018