Des professeurs d’université ont organisé jeudi en fin de matinée à la faculté des lettres et des sciences sociales de Bouzaréah un sit-in de protestation pour exprimer leur opposition au quatrième mandat du président Bouteflika pour la présidentielle du 17 avril prochain.
La police a été déployée en force dans le quartier de Bouzaréah sur les hauteurs d’Alger avec des check-points successifs sur la ruelle qui conduit à la faculté, et seuls les professeurs et les étudiants, sur présentation de la carte, sont autorisés à passer, tandis que les journalistes et les activistes du mouvement Barakat sont contraints de faire demi tour.
« C’est une action pacifique de protestation, car nous considérons l’élection présidentielle du 17 avril prochain comme une non- réponse aux problèmes politiques de l’Algérie », a expliqué un des professeurs qui a quitté l’enceinte de la faculté pour s’adresser aux journalistes.
La veille de la manifestation, les universitaires dont Mohamed El Korso, Nacer Djabi, Zoubir Arous, Taleb Khoula Ibrahim, Mohamed Hennad, Fatma Oussedik, Rachid Tlemçani ont signé un appel à la communauté universitaire. Dans cet appel largement diffusé jeudi dans la presse et sur la Toile, les universitaires algériens estiment que « l’Algérie connait ces dernières années une situation de dangers, telle qu’elle peut l’entrainer vers le drame de la déstabilisation aux conséquences désastreuses, alors que la rengaine d’une prétendue stabilité nous est servi depuis quinze ans (correspondant aux trois mandats du président Bouteflika » .
Faisant un bilan très critique de la gouvernance du président Bouteflika, les universitaires signataires de l’appel considèrent qu’ « il n’est pas possible de rester indifférents au spectacle d’une scène politique marquée par la corruption, la violation des libertés, le viol de la Constitution, la négation de la volonté populaire, la dilapidations des richesses du pays et la transformation des institutions de la républiques en comité de soutien pour la maintien de l’autocratie.
Amina Bouraoui, gynécologue de formation et égérie du mouvement de protestation BARAKAT, opposé au quatrième mandat du président Bouteflika, a exprimé sa colère face au refus de la police de la laisser accéder à l’université pour prendre part au sit-in.« Notre mouvement est d’essence pacifique, comme vous avez pu le constater aujourd’hui, la violence est le fait de la police qui nous empêche de nous réunir de nous rassembler », s’est–elle insurgée.
Cette femme de 38 ans et mère de trois enfants a pris la tête de la croisade contre un quatrième mandat du président Bouteflika en manifestant seule dans la rue avant de voir d’autres acteurs dont des journalistes, des universitaires, des jeunes issus du mouvement des chômeurs se joindre à elle pour créer ce qui est devenu aujourd’hui le mouvement de protestation BARAKAT, qui s’est vite imposé comme acteur dans le paysage.