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Déclarations biaisées du gouverneur de la banque d’Algérie concernant les réserves de change placées à l’étranger et la cotation du dinar algérien

26-02-2012 17:15  Contribution

Au moment où des pays qui ont placées des sommes plus importantes que l’Algérie à l’étranger sont inquiets, le gouverneur de la banque d’Algérie, le 24 février 2O12, vient de faire des déclarations surprenantes comme si l’Algérie vivait dans une ile déserte, oubliant que nous sommes à l’ère des nouvelles technologies où le monde devient une maison de verre.

Selon le gouverneur il n’y a pas eu d’impacts de la crise mondiale notamment des banques internationales après 2OO8 et de la crise des endettements des Etats sur les réserves de change algériennes. Par ailleurs toujours selon le gouverneur la cotation du dinar quoi est d’ailleurs une monnaie non convertible, répondrait aux normes. Qu’en est-il exactement objet de cette contribution.

1. De 2O dinars en moyenne un dollar en 199O, fin 1994 date du rééchelonnement et de l’obligation faite par le FMI à l’Algérie de dévaluer le dinar algérien il est passé à 4O dinars un dollar. Depuis nous assistons à des dévaluations périodiques dont la dernière en date est le 25 décembre 2O11 ; approchant actuellement à la vente 1O6 dinars un euro contre 98-99 dinars un euro début 2O11 et plus de 75 dinars un dollar soit une dévaluation de plus de 7% par rapport à l’euro et une dévaluation de plus de 3OO% depuis 1995, étant une des monnaies la plus fiable du Maghreb.

La dépréciation du dinar est d’autant plus ressentie que la facturation de nos importations se fait en euros et les exportations en dollars, pénalisant tant les opérateurs économiques que les ménages algériens puisque les exportations constituées essentiellement d’hydrocarbures à l’état brut et semi-brut - représentent 98% en hydrocarbures et important 7O-75% des besoins des ménages t des entreprises dont le taux d’intégration , public-privé- ne dépasse pas 15%. Pour la Banque d’Algérie il s’agit d’un glissement du taux de change alors qu’en réalité il s’agit d’une dévaluation afin de freiner grâce aux taux d’inflation importée les augmentations de salaires et l’accroissement des importations, pour gonfler la fiscalité pétrolière et le fonds de régulation des recettes qu’il conviendra pour plus de transparence de supprimer e d’établir les lois de finances au cours du marché..

Pour ce dernier cas afin de voiler l’importance du déficit budgétaire et les impacts mitigés de la dépense publique. Aussi contrairement à ce qu’affirme le gouverneur de la banque d’Algérie ce sont des décisions politiques sans aucune logique économique puisque par le passé au moment où le dollar était faible la banque d’Algérie dévaluait le dinar tant par rapport à l’euro et le dollar et aujourd’hui alors que le dollar est faible la banque d’Algérie continue de dévaluer le dinar à la fois par rapport à l’euro et au dollar.

La baisse de la valeur du dinar algérien est beaucoup plus importante dans la sphère informelle qui contrôle 40% de masse monétaire en circulation et depuis quelques années, l’écart entre l’échange officiel et parallèle est très important. Ainsi un euro s’échange contre 140 à 150 dinars et entre 95 et 100 DA pour le dollar existant un lien dialectique entre l’extension de la sphère informelle notamment marchande importatrice et la logique rentière décourageant les véritables entreprenants producteurs de richesses.

2. La crise d’octobre 2OO8 a impacté bon nombre de pays qui avaient déposés leurs fonds dans des banques internationales dites AAA qui donnaient des taux d’intérêts plus élevés que ceux garantis par les Etats dans des banques centrales. Or avec la crise, bon nombre d’entre elles mais qui ont été décotées, d’autres ont fait faillite, occasionnant des pertes importantes à l’instar des pays du Golfe qui ont reconnu officiellement les pertes, idem les inquiétudes des dirigeants chinois.

3. Le montant des réserves des changes algériens déposés dans des banques privées avant la crise d’octobre 2O88étaient d’environ 2O%, montant qui a été ramenée à 2% en 2O1O. Commet le gouverneur peut –il affirmer que les taux d’intérêts des bons de trésor US ou des obligations européennes certes garantis par les Etats soient plus rémunérateurs que les banques privées internationales ce qui contredit les pratiques des affaires élémentaires ce qui fait sourire les experts étrangers par ce manque de culture financière, s’adressant certainement à l’intérieur misant sur la faiblesse de culture économique des Algériens ?

4. Le taux d’intérêt mondial fonction du taux directeur de la FED FED O-O,25%et de la BCE- 1% respectivement pour les USA et l’Europe est d’autant plus élevé que les placements se font à moyen ou long terme. Si l’on prend les déclarations officielles du gouverneur qui affirme que l’Algérie a engrangé 4,7 milliards de dollars fin 2O1O, à un taux d’intérêt fixe de 3% , cela suppose que plus de 9O% des réserves algériennes sont placées à l’étranger et qu’elles l’ont été non à court terme mais au minimum à moyen terme.

5. Le gouverneur doit répondre clairement à six questions stratégiques pour éviter des rumeurs dévastatrices :

- quel est le montant total des réserves de change placées à l’étranger ?

- Dans quelles monnaies en dollars, en euros, en livre sterling et en yen japonais ?

-quelle est la part en bons de trésor US et en obligations européennes. Pour ce dernier cas avec la crise de l’endettement des Etats dont certains sont au bord de la faillite quelle est la part grecque, hollandaise, portugaise, italienne , espagnole, française, allemande, ect …

-quelle est la part placée à court terme, à moyen terme, et celle à long terme ?

- Comment transformer cette richesse virtuelle due aux hydrocarbures et non au travail en richesse réelle ?

6. La majorité des Ministres en fonction depuis des années, dont le bilan est mitigé se précipitent pour être tête de liste dans des wilayas dont la population les ignorent alors que dans tous les pays du monde une élection se fait sur le bilan. Veulent –ils se faire élire en profitant de leurs statuts de Ministres, et avoir par la suite l’immunité parlementaire ? L’Algérie serait-elle stérile en compétences et pourquoi ne se mettent-il pas en troisième ou quatrième position ? Ont -il peurs ?

Outre le bilan de la dépense publique et ses impacts réels économiques et sociaux pour préparer l’après hydrocarbures ( plus de 48O milliards de dollars entre2OO4-2O13) sans compter pré-plan de plus de 7 milliards de dollars entre 2OOO-2OO3, un débat national devient urgent sur l’utilisation des réserves de change et également et surtout sur la gestion et la distribution de la rente des hydrocarbures , propriété de tout le peuple algérien.

Et notamment, les réserves réelles tenant compte pas uniquement des exportations mais de la forte consommation intérieure et des nouvelles mutations énergétiques mondiales. Cela pose la problématique de la démocratisation de la décision économique supposant un Etat de droit et une gouvernance renouvelée.

Professeur des Universités – Expert International Dr Abderrahmane MEBTOUL le 26 février2012

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