L’ex Premier ministre de Jacques Chirac, et ancien ministre des Affaires étrangères, Dominique de Villepin, a explosé aujourd’hui à la face du monde pour dénoncer la face hideuse d’Israël et le massacre que son armée commet à Ghaza.
Dans une tribune au vitriol publié dans le journal Le Figaro, il n’a pas hésité à appeler à des sanctions économiques contre l’Etat hébreu à rebrousse poil de l’establishment parisien qui s’est rangé avec armes et bagages aux côtés des soldats de Netanyahu. «Lever la voix face au massacre qui est perpétré à Gaza, c'est aujourd'hui, je l'écris en conscience, un devoir pour la France, une France qui est attachée indéfectiblement à l'existence et à la sécurité d'Israël mais qui ne saurait oublier les droits et devoirs qui sont conférés à Israël en sa qualité d'État constitué » écrit De Villepin.
Et d’ajouter : « Je veux dire à tous ceux qui sont tentés par la résignation face à l'éternel retour de la guerre qu'il est temps de parler et d'agir. Il est temps de mesurer l'impasse d'une France alignée et si sûre du recours à la force».
L’ex Premier ministre s’en prend à la position adoptée par l’Elysée qui est d’après lui un reniement de ce qui faisait les valeurs de la France. «Par mauvaise conscience, par intérêt mal compris, par soumission à la voix du plus fort, la voix de la France s'est tue, celle qui faisait parler le général de Gaulle au lendemain de la guerre des Six-Jours, celle qui faisait parler Jacques Chirac après la deuxième intifada», tonne Villepin.
La voix de la France s’est tue
Il s’interroge : «Comment comprendre aujourd'hui que la France appelle à la «retenue» quand on tue des enfants en connaissance de cause ? Comment comprendre que la France s'abstienne lorsqu'il s'agit d'une enquête internationale sur les crimes de guerre commis des deux côtés ? Comment comprendre que la première réaction de la France, par la voix de son président, soit celle du soutien sans réserve à la politique de sécurité d'Israël ? Quelle impasse pour la France que cet esprit d'alignement et de soutien au recours à la force».
Ce diplomate qui a tenu tête aux américains au Conseil de sécurité en 2003, à la veille de la guerre contre l’Irak, a mis les pieds dans le plat et a renversé la table aux partisans patentés d’Israël. «L'État israélien se condamne à des opérations régulières à Gaza ou en Cisjordanie, cette stratégie terrifiante parce qu'elle condamne les Palestiniens au sous-développement et à la souffrance, terrifiante parce qu'elle condamne Israël peu à peu à devenir un État ségrégationniste, militariste et autoritaire» a-t-il asséné.
Sanctions contre Israël
Pis encore, il porte à l’Etat hébreu l’entière responsabilité de la situation actuelle pour avoir discrédité lui-même ceux qui pouvaient amorcer un processus de paix.
«Il n'y a pas de partenaire en Palestine car les partisans de la paix ont été méthodiquement marginalisés par la stratégie du gouvernement d'Israël. La logique de force a légitimisé hier le Hamas contre le Fatah. Elle légitime aujourd'hui les fanatiques les plus radicaux du Hamas voire le Djihad islamique», souligne, décapant, Dominique de Villepin.
L’ex Premier ministre de Chirac ne se contente pas de dresser un constat ; il propose aussi des solutions pour en finir avec cette guerre «perpétuelle». «… » L'urgence aujourd'hui, c'est d'empêcher que des crimes de guerre soient commis. Pour cela, il est temps de donner droit aux demandes palestiniennes d'adhérer à la Cour pénale internationale, qui demeure aujourd'hui le meilleur garant de la loi internationale», note-il.
Enfin de Villepin lance une sorte d’appel à la raison à la communauté internationale l’invitant à ne pas se résigner à la fatalité de la guerre au proche Orient.
«Nous n'avons pas le droit de nous résigner à la guerre perpétuelle. Parce qu'elle continuera de contaminer toute la région. Parce que son poison ne cessera de briser l'espoir même d'un ordre mondial. Une seule injustice tolérée suffit à remettre en cause l'idée même de la justice». Parole de sage.