Le report sine die du lancement de téléphonie 3G a choqué plus d’un algérien. Choqué parce que cet énième report s’ajoute à une infinité d’autres actes manqués, de décision ajournées, de procès renvoyés, de décrets non publiés, de mesures non appliquées, de… On peut multiplier à l’envie les exemples de cette détestable manie à prendre les algériens pour ce qu'ils ne sont pas.
De quelque bout que l’on prend cette histoire de l'Arlésienne 3G, on ne peut s’empêcher de conclure à cette nette déconnexion entre les gouvernants et les gouvernés en Algérie. Chacun évoluant dans son univers, le peuple d’en bas et les responsables semblent partager les tâches. Le premier ment et manipule, le second encaisse et avale sa colère. Pour l’instant. Du coup, ce petit jeu malsain qui consiste à donner de faux espoirs aux algériens dont excelle le pouvoir est érigé en «mode» de gouvernance.
Les algériens sont agréablement surpris quant une autorité quelconque arrive à tenir parole, à honorer une engagement dans les délais. Le mensonge est devenu en effet à ce point une seconde nature d’un gouvernement censé être au service du peuple et pas le contraire. Ironie du sort, c’est la promesse tenue qui est une exception en Algérie où personne ne croit plus à rien à force justement d’abus de mensonge.
3G : le mauvais jet…
Le lancement raté de la 3G qui a chiffonné beaucoup d’algériens impatients de se mettre à la page de la modernité au même titre que les éthiopiens, les soudanais et les mauritaniens pour ne citer que ces voisins dont les pays ne sont pas très développés, ne fait que confirmer la «règle» très algérienne qui consiste à se payer la tête des gens. Mais a y regarder de prés, on s’aperçoit que c’est moins les détails techniques ou législatifs qui gênent le lancement de la 3G. Est-il sérieux qu’un Etat ne puisse pas publier un décret exécutif pour formaliser cet examen de passage à la modernité dans la téléphonie mobile ? Non évidemment. Difficile de croire que l’Algérie qui a pu organiser 52 vols au profit des supporteurs pour faire gagner les Verts au soudan ne puisse pas signer un petit décret.
Une puce mal introduite
Pourquoi grand Dieu exiger, coûte que coûte, que les futurs usagers de la 3G aient une nouvelle puce, alors que dans le monde entier il s’est agi d’un simple basculement de la 2G à la 3 G ? C’est tout «l’art» consommé en Algérie de faire compliqué quand on peut faire simple… Il est vrai que pour le pouvoir politique, la 3G inquiète plus qu’elle ne rassure. Les responsables qui nous gouvernent ne verraient pas d’un bon œil que leurs gestions contestables et leurs ratages soient portés à la connaissance de l’opinion publique en temps réel; et mieux encore, en mode vidéo.
Ils auraient certainement aimé que l’introduction de la 3G intervienne après la présidentielle pour éviter que des opérations de fraudes n’atterrissent sur Youtube. Çà fait une mauvaise publicité, en effet, pour un pouvoir soucieux de chloroformer l’opinion par un discours soporifique, des chiffres astronomiques et des promesses chimériques.