Selon l'Oxford English Dictionary et Wikipédia, l'expression discipline de parti ou la ligne du parti est employée généralement dans le contexte de systèmes parlementaires de style britannique, comme ceux du Canada et du Québec et fait référence à l'obligation qu'ont les membres d'un parti de respecter la discipline de parti. Ainsi, la ligne du parti ou la discipline de parti, appliqué à un mouvement social ou à un parti politique, désigne la règle morale ou ligne de conduite officielle à suivre par les militants de cette organisation, sur la base idéologique spécifique à cette organisation, ou dans le cadre de ses prises de position face à certains événements.
En effet et comme exemple, c’est au nom de la discipline de parti que, au Front National, M. Christian Bouchet, soutien de Marine Le Pen, a été démis de ses fonctions de secrétaire départemental adjoint de Loire-Atlantique.
C’est au nom de la discipline de parti que, en Afrique du Sud, Julius Malema, président de la Ligue des jeunes, convoqué par un comité de discipline de son parti, l’ANC, au motif d’avoir « semé la discorde dans les rangs du parti ».
C’est également au nom de la discipline de parti que, en France, le Parti Socialiste avait prononcé l’exclusion de Bernard Kouchner : son entrée dans le gouvernement de Nicolas Sarkozy avait été présentée comme une « trahison » et « une violation manifeste et faisant fi des statuts et des règles du PS ».
Eu égard à cette définition et à ces cas de figure, les cas d'indisciplines flagrantes au sein des partis politiques algériens prennent de l'ampleur et dépassent tout entendement. La particularité de cette indiscipline est qu’elle se manifeste seulement à l’approche et juste après une élection. De plus, elle concerne seulement ce que la presse nationale appelle "les cadres" des partis et non pas la base militante. Cette situation insinue quelque chose de terrifiant dans la différence entre la réalité de la société et des enjeux politiques, et les simplifications produites par les médias par rapport à ce sujet.
Il ressort clairement que les partis politiques sont minés et animés par deux grands types de militantisme nuisibles. Il s’agit du militantisme affairiste qui est considéré comme rémunérateur mieux que tous les métiers du monde et le militantisme spéculateur qui prône le changement, en misant sur des réformes éloignées de la réalité du terrain. Les deux militantismes se rejoignent et ont un seul objectif qui est le trabendo politique qui prend des proportions inquiétantes et qui menace à court terme l’instauration et la consolidation de la démocratie même en Algérie. Ils n’ont aucun respect pour le peuple, les organisations, les institutions et ils considèrent les individus uniquement comme des objets de propagande. En d’autres termes, aucune considération, politique ou morale, ne peut faire obstacle à leur aspiration. Dans de telles situations, le plus difficile pour un honnête militant n’est pas de faire son devoir, mais de le connaître.
De façon générale, on comprend bien que celui qui n’a pas de conviction, ni de mission, ni de vision politique claire, ne sait pas pourquoi il lutte et ne comprendra jamais le sens du combat, encore moins ses buts et ses tâches.
C’est ce qui fait que la politique, chez nous, est justement ce qu’il y a de moins adapté aux préoccupations nouvelles qui tendent à dominer le monde et à la réalité de notre société, d’où le désintérêt total, voir même la méfiance du peuple à l’égard du politique, car, concrètement, le peuple s’intéresse à la politique quand la politique s’intéresse à lui.
Cet état de faits est l’œuvre du pouvoir en place qui veut dépolitiser la société en encourageant le clientélisme politique qui a engendré cette mascarade de militantisme, si non le prosélytisme.
Semer des troubles, la confusion et l’incivisme est une facilité alors que la modération est une discipline. Il est facile d’exagérer mais bien plus difficile de dégager une voie moyenne, de débattre, d’écouter, d’échanger, d’exposer, d’explorer, de trouver les compromis nécessaires, d’organiser et bâtir ce qu’on appelle « l’idéal démocratique ».
L’Algérie d’aujourd’hui a besoin de militants qui comprennent que le rôle de la politique est de proposer un avenir et de le permettre, c’est-à-dire, avoir une vision et agir pour qu’elle se réalise.
Il ne s’agit pas d’agir pour agir, car c’est de l’agitation. Il s’agit d’agir dans l’action pour avoir une vision à respecter.
Il s’agit, en outre, de comprendre, d’adopter et d’ancrer dans l’esprit des militants que la politique est l’art du compromis par exigence ou par nécessité, qui est habituellement le résultat d’un dialogue ouvert et sincère et non de compromossion. Le compromis fructueux est le moyen par excellence de viser et de favoriser le bien commun.
Mais bref, à faire contre mauvaise fortune, bon cœur, il ne reste plus qu’à espérer que ces agitations malsaines soient utiles et qu’elles servent à contribuer à remettre debout le politique et le rendre noble dans notre chère Algérie.
Kamel Bourenane
Canada, le 1 juillet 2012