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De l’austérité… dépensière

06-01-2015 16:46  Rafik Benasseur

Le Premier ministre, Abdelmalek Sellal a étonné son monde aujourd’hui, en opérant une subtile mais évidente marche arrière par rapport au plan d’austérité  arrêté lors du Conseil ministériel restreint.

Alors que le discours craintif sur le repli des capacités financières du pays enfle à mesure que chutent les cours du pétrole, voilà que le Premier ministre assure et rassure que rien ne changera ou si peu…

En effet, interrogé sur la mesure portant gel des recrutements dans la fonction publique, Abdelamlek Sellal a déclaré à la surprise générale que la décision « ne concernera pas des secteurs socio-économiques importants comme l’éducation, l’enseignement supérieur, la formation professionnelle et la santé,(…)». Mieux ou pire c’est selon, il a annoncé qu’il est même prévu «au contraire un renforcement de l’encadrement».

A l’appui, il citera «La dernière instruction» qu’il a adressée récemment aux membres du Gouvernement et aux walis qui «traitait justement de cette question ».

Toujours au chapitre des dépenses, le Premier ministre indique que son gouvernement va maintenir les financement de tous les dispositif de l’emploi. «Les différents mécanismes et dispositifs d’aide à l’emploi et à la création d’activités par les jeunes promoteurs».

L’Etat va recruter encore…

Et contrairement à ce que tout le monde pensait, y compris certains responsables, Sellal estime que ces dispositifs «donnent d’excellents résultats».

Ainsi, il soutient que les dispositifs ANSEJ, CNAC et ANGEM ont enregistré, par rapport à 2013, des «progressions» de 17% du nombre de dossiers financés, de 51% des montants de crédits bancaires accordés et de 20% en terme de création d’emplois (262.194 contre 153.165). M Sellal ne dit cependant pas dans quel secteur l’argent de l’ANSEJ a été «investi»

Aussi, le Premier ministre a par ailleurs étonné dans ces réponses à l'APS,  en évoquant les capacités de l'Algérie pour devenir «un pays émergent», surtout dans le contexte actuel marqué par une loi de finances établi sur la base d’un baril à 100 dollars alors que les prix du brut se situent sous la barre des 50 dollars.

Qui va faire cesser la gabegie ?

Sellal est certainement dans son rôle de vouloir booster le moral national quand il affirme sa conviction de ce que les algériens peuvent se montrer solidaires.

Mais il lui appartient à lui, et seulement a lui de se mobiliser pour «faire cesser la gabegie».

Parce que la mauvaise gestion est le fait des responsables et non point des citoyens qui eux la subissent de plein fouet. En l’occurrence, prêcher un coup un plan d’austérité puis rassurer un autre coup que les recrutements dans la fonctions publique vont continuer sous couvert de «secteurs stratégiques», inquiète plus qu’il ne rassure. La feuille de route parait invisible et illisible économiquement. L’austérité de Sellal est trop dépensière en effet.

 



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