Dans une tribune publiée dans le Quotidien d'Oran, l'historien français, Benjamin Stora, estime que la France n'a pas à présenter d'excuses à l'Algérie, jugeant que "les discours d'excuses ne doivent pas être des mots prononcés un jour pour se débarrasser le lendemain d'un problème si profond."
L'historien répond aux reproches qui ont accueilli son rapport sur la "réconciliation des mémoires" entre Paris et Alger, défendant "une méthode qui privilégie l'éducation et la connaissance de l'autre", dans une tribune publiée lundi dans le Quotidien d'Oran.
Benjamin Stora, qui a remis mercredi son rapport sur la colonisation et la guerre d'Algérie au président français Emmanuel Macron, a été très critiqué dans certains médias algériens, notamment pour ne pas avoir pris position en faveur d'"excuses" de la France pour son passé colonial dans le pays.
"J'ai simplement proposé dans mon rapport une méthode qui est la mienne depuis longtemps: connaître les motivations, la trajectoire de tous les groupes de mémoire frappés par cette guerre dévastatrice, patiemment, pour faire reculer les préjugés et le racisme", se défend le spécialiste de l'histoire contemporaine de l'Algérie, dans le journal oranais.
"Les discours d'excuses ne doivent pas être des mots prononcés un jour pour se débarrasser le lendemain d'un problème si profond", ajoute l'historien, disant regretter le retard pris en France comme en Algérie sur "ce travail d'éducation".
Face à une histoire complexe, "mon rapport propose précisément une méthode qui privilégie l'éducation, la culture, par la connaissance de l'autre, et de tous les groupes engagés dans l'histoire algérienne", affirme Benjamin Stora.
La publication de son rapport, commandé en juillet par Emmanuel Macron, n'a pas encore suscité de réaction officielle à Alger. Mais de nombreuses critiques ont émané de médias locaux et d'Algériens qui déplorent que le principe "d'excuses" ait été écarté.
"Le rapport Stora ne prend pas en compte la principale demande historique des Algériens, la reconnaissance par la France des crimes commis par la colonisation", a tweeté Abdelaziz Rahabi, ex-ministre et diplomate algérien.
L'historien algérien Fouad Soufi a néanmoins salué la volonté de Benjamin Stora de "tisser des passerelles entre les deux pays" malgré les positions extrémistes d'un côté comme de l'autre.
La "réconciliation des mémoires" antagonistes sur la colonisation française et la guerre d'indépendance (1954-1962) est un des dossiers prioritaires entre Alger et Paris. Emmanuel Macron et son homologue Abdelmadjid Tebboune se sont engagés dimanche à retravailler bientôt ensemble, notamment sur ce dossier mémoriel, dès le retour à Alger du président algérien, actuellement soigné en Allemagne pour des "complications" post-Covid-19.(Avec Afp)