Le Maroc voulait faire de la réunion du Forum Crans Montana dans la ville occupée du Sahara occidental Dakhla, une sorte de référendum diplomatique à sa colonisation. Mais c’est lamentablement raté malgré la formidable propagande diplomatique du Makhzen et les moyens financiers mis sur la table pour le succès de cette manifestation.
Le royaume n’a eu droit comme VIP qu’à l’ex chef du gouvernement socialiste espagnole José Luis Zapatero qui ne représente que sa petite personne.
La 32e édition de ce Forum qui devait, du moins ce qu’espérait le Makhzen, réunir une pléiade de personnalités internationales et pourquoi pas de chefs d’Etats, pour cautionner la prétendue marocanité du Sahara a été un échec retentissant. Le célèbre Forum a perdu de son aura, le Maroc est tombé de haut…
En terme de présence officielle, le royaume a dû se contenter de quelques représentants de la Macédoine. Pas de quoi pavoiser lorsqu’on veut frapper un grand coup.
Le roi Mohammed VI, qui a choisi un thème racoleur autour de l’«Afrique, coopération régionale et coopération Sud-Sud», n’a même pas pu attirer ses amis africains alors que l’union éponyme a carrément boycotté (le non ) l’événement.
Pis encore, l’ex Premier ministre espagnole Zapatero, seule «star» du conclave royal, vient d’être désavoué par le gouvernement de son pays. La presse makhzenienne a d’ailleurs vite fait de célébrer la présence de Zapatero comme une «grande victoire diplomatique».
Zapatero désavoué
Le ministre des Affaires étrangères de l’Espagne, José Manuel Garcia Margallo, a fait une déclaration rapportée par le journal espagnol El Pais dans laquelle il décrète que l’organisation de ce Forum à Dakhla est «illégal au regard du droit international».
Le chef de la diplomatie espagnole, ajoute que le choix de Dakhla est «en contradiction avec les efforts de la communauté internationale pour résoudre le conflit au Sahara».
Cette mise au point est celle d’un haut responsable espagnol dont le pays porte une responsabilité historique dans la colonisation du Sahara occidental.
Il est vrai que la droite de Mariano Rajoy n’est pas vraiment «amie» avec le Makhzen contrairement à la gauche réactionnaire qu’incarne un Zapatero.
Garcia Margallo a d’ailleurs utilement rappelé à El Pais, que l'Espagne plaidait pour une «solution juste, durable et mutuellement acceptable du conflit, prévoyant l'autodétermination du peuple sahraoui». Zapatero ne représentait donc que lui même.
Côté français, autre pays qui soutien à toute épreuve la Maroc contre le droit international et au mépris des droits de l’homme, une fournée «d’anciens» a répondu à l’invitation de sa majesté.
En disgrâce voire en retraite politique chez eux, Dominique de Villepin, Jean-Louis Borloo, Eric Besson ou Michèle Alliot-Marie sont allés discourir sur l’Afrique moyennant peut être un séjour dans une «Riad» à Marrakech aux frais du roi.
Ban Ki Moon s’en lave les mains
Aussi, la présence de l’ancien ministre des affaires étrangères et actuellement conseiller spécial du SG de l’ONU, Philippe Douste-Blazy, a fait réagir Ban Ki Moon.
Dans une note officielle qu’il a adressée samedi aux correspondants de presse, le secrétaire général de l’ONU affirme que la participation de Douste-Blazy n’engageait que sa personne.
«Nous avons noté que des articles de presse avaient rapporté que l'ONU participait au Forum de Crans-Montana qui se tient actuellement à Dakhla, une ville dans la partie du Sahara Occidental sous contrôle marocain», souligne le communiqué des Nations unies.
Et de préciser : «le secrétaire général (de l’ONU, ndlr) a été invité à ce forum mais a informé son président qu'il ne pouvait pas y assister». L’Organisation des Nations unies précise, en outre, qu’elle «n'a pas délégué M. Philippe Douste-Blazy ou quelqu'un d'autre» pour représenter Ban Ki-moon ou l’ONU : «M. Douste-Blazy, qui sert de conseiller spécial du secrétaire général sur les financements innovants, participe exclusivement à titre privé», lit-on encore dans le communiqué. Voilà qui a le mérite d’être clair.
Au final, ce Forum Crans Montana, annoncé en grandes pompes, s’est transformé en un bide.
A un mois de l’examen annuel de la question sahraouie au Conseil de sécurité, le Maroc a plus aggravé son cas que gagné des soutiens.