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Crise financière : le Pr Mebtoul préconise la création d'un comité indépendant de sauvegarde contre les effets de la crise

17-10-2014 12:50  Contribution

L'impact de la crise financière de 2008 n'est pas encore terminé du fait que l'on ne s'est pas attaqué aux fondamentaux, malgré certains progrès de Bâle III pour encadrer les banques, mais insuffisant faute d'une approche macro-économique globale et d'une régulation mondiale. L’économie algérienne est mono-exportatrice et dépendante des fluctuations de l’économie mondiale : aisance financière artificielle issue des hydrocarbures représentant 98% des recettes en devises, 80% de la dépense publique, 70% du pourvoir d’achat des Algériens, des transferts sociaux et subventions représentant 28% du PIB, la totalité des réserves de change, la tendance est de dépenser sans compter, importer au lieu de privilégier la production locale se fondant tant sur l’entreprise locale ou étrangère créatrice de richesses.

1.-Le gouvernement algérien ne devrait pas prendre à la légère la crise économique mondiale actuelle "qui est structurelle et non conjoncturelle", mais plutôt anticiper les risques avec la création d'un comité indépendant de sauvegarde contre les effets de cette crise. Certains déconnectés des réalités ne veulent pas voir la dure réalité en face en affirmant que la crise mondiale ne touche pas l'Algérie. Les tenants de ce discours, des fonctionnaires aux ordres, veulent vivre d'illusions, en espérant l'envolée du cours du pétrole et du dollar. Du fait de la profondeur et la durabilité de la crise actuelle et de ses effets inévitables sur l'ensemble de la société algérienne, il faut éviter la cacophonie et la légèreté des déclarations des différents responsables sur ce sujet.

2.-Aussi, il y a urgence de la création d'un comité indépendant de sauvegarde contre les effets de la crise, la sécurité nationale étant en jeu. Ce comité restreint, loin de toute lourdeur bureaucratique, sous l'autorité directe du président de la République ou du premier ministre, "comme dans tous les pays développés", serait composé d'experts nationaux de hauts niveaux. Ce comité pourrait faire appel exceptionnellement à des expertises extérieures et devra travailler en réseaux avec les structures locales directement concernées comme le ministère de la Défense nationale, le ministère de l'Intérieur, des Finances, la Banque centrale d'Algérie et le ministère de l'Energie.

3.-Il y a lieu de mettre l’accent l'importance sur une communication objective, évitant tante l’autosatisfaction source de névrose collective( la population est parabolée) que la sinistrose l’Algérie du fait de ses réserves de change( 200 milliards de dollars avec les réserves d’or) a quatre années de répit sous réserve d’une rationalisation et bonne gestion de la dépense publique pour atténuer les effets de la crise et 10/15 ans avant l’épuisement de ses réserves d’hydrocarbures traditionnels ( gaz/pétrole) . "Ce comité devra utiliser l'ensemble des médias et notamment la télévision officielle en donnant ses résultats tous les deux mois par un dialogue direct avec la société afin de la sensibiliser. Ce n'est qu'à travers ces démarches que l'Algérie pourra éviter les erreurs de la crise de 1986 et ses effets dévastateurs

4.-Les années 2015/2020 seront caractérisées par une forte dépression et les Bourses du monde entier subiront des pertes sans égales depuis les années dont la crise a débuté en 1927, s’est cristallisée en 1929, a atteint son point culminant entre 1933/1935 et a permis l’arrivée de pouvoirs fachistes avec la guerre de 1939/1945. Le risque avec la dominance de la sphère financière sur la sphère réelle peut s’accompagner du déclin de l'économie réelle au niveau mondial qui durera plusieurs années. L'urgence pour l'Algérie au plan économique est de passer d'une économie de rente à une économie productive indépendante des hydrocarbures, en s'appuyant sur quatre piliers: l'entreprise, le savoir, l'organisation en réseaux et la Bonne gouvernance liée à l'Etat de droit. Il faut notamment une lutte efficace contre la corruption, qui s'est socialisée, démobilisant la population.

5.- D'où l'importance d'ores et pour des raisons de sécurité nationale de penser aux réformes structurelles liées à la gouvernance et à la mise en place d'institutions adaptées couplées selon une vision stratégique de long terme avec la réforme du système financier algérien, notamment public qui concentre plus de 85% des crédits octroyés enjeu de pouvoir et poumon, des réformes. Cela conditionne le choix de segments en termes d'avantages comparatifs coût-qualité dans le cadre des valeurs internationales (industrie-agriculture-services) notamment en co-partenariat(1) si l'on veut réaliser cette transition d'une production et exportation hors hydrocarbures elle-même liée à la transition énergétique et éviter ce dépérissement du tissu productif, le secteur industriel représentant moins de 5% du PIB devant aller vers 15/20% minimum horizon 2020.

6.- En raison de la persistance de la crise mondiale, les tendances baissières du cours des hydrocarbures se confirment comme j'ai eu l'occasion de le souligner entre 2010/2014 dans de nombreuses contributions nationales, , et au cours d'une conférence " , crise mondiale, Sonatrach et le marché européen de l'énergie " en 2011 à l'invitation du parlement européen à Bruxelles et en 2012 au Sénat français, et qui sera l’objet d'un débat que je tiendrai à Radio France Internationale(RFI 12h10 -132h- Paris -France ) le 25 octobre 2014 avec Antoine HALFF responsable du suivi du marché pétrolier au sein de l'Agence internationale de l'énergie (AIE), ancien économiste en chef au département américain de l’Energie, professeur à Columbia University. Aussi, j'attire l'attention du gouvernement, gouverner c'est prévoir, sur l’urgence de prévoir les impacts d’une chute de longue durée de chute du cours des hydrocarbures, en ce mois d'octobre est en dessous des 90 dollars tant pour le Brent que le WIT, sans compter le prix de cession du gaz totalement déconnecté du prix du pétrole à la baisse également, qui risque d'atteindre un pic entre 2017/2020,avec la fin des contrats à long terme qui provoquerait inéluctablement une crise sociale sans précédent.

Professeur des Universités, Expert international en management stratégique Dr Abderrahmane MEBTOUL

[email protected]

(1) -Voir interview du professeur Abderrahmane MEBTOUL raisons et impact de la chute du cours du pétrole sur les équilibres économiques en Algérie Radio Algérie- chaine III 10/10/2014.

- Débat avec les professeurs Antoine Halff responsable Agence internationale Energie et ancien économise en chef au département US Energie (AIE) et Abderrahmane Mebtoul (Algérie) organisé par Radio France Internationale –siège RFI Paris le 25/10/2014 : "Enjeux géostratégiques, situation et évolution du marché mondial de l’Energie". Seront abordés les enjeux la situation actuelle, les perspectives et les mutations futures du marché mondial de l’Energie horizon 2020/2030 et les conséquences en cas de chute des cours des hydrocarbures traditionnels sur les économies des pays dépendants de cette ressource et les stratégies des pays de l’OPEP représentant que 35% de la commercialisation mondiale et hors OPEP ainsi que l’impact de la commercialisation du gaz/pétrole de schiste.



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