L’Algérie a incontestablement signé jeudi un retentissant coup diplomatique en réussissant à faire signer la «Déclaration des Parties au Processus d'Alger», au gouvernement malien et aux six groupes armés du nord du Mali. Cette accord de cessez-le-feu est assurément une très bonne nouvelle pour le Mali qui pourrait s’y appuyer pour conclure un accord de paix final qui va réconcilier définitivement les maliens.
Ce n’est pas rien quand on sait le contexte délétère dans lequel la médiation algérienne à dû travailler notamment avec le manque d’enthousiasme de certains groupes armés comme le MNLA téléguidé de l’extérieur mais aussi la classe politique malienne qui a refusé de cautionner la démarche du gouvernement de Bamako au prétexte qu’elle n’aurait pas été associé en amont.
Aussi la situation sur le terrain marqué par des attentats sporadiques contre les éléments de la Minusma ont compliqué un peu plus la possibilité d’aboutir à un compromis.
La diplomatie algérienne, emmenée par Ramtane Lamamra, a force de sérieux et d’abnégation, a réussi finalement, à faire entendre raison aux parties maliennes et les sensibiliser sur l’impérieuse nécessité de se parler.
Et après quelques petites frayeurs au début des négociations mercredi ponctuées par les déclarations tapageuses du représentant du MNLA Bilal Ag Chérif, la raison a fini par l’emporter. Et au bout, cet engagement de cessez-le-feu et s’engager dans un processus politique à même d’aboutir à la signature d’un accord définitif à Bamako.
Un cessez-le-feu inespéré
C’est donc un pas décisif qui a été franchi à Alger dans le règlement de la crise malienne qui dure depuis 2011.
L'Union africaine (UA) s'est d’ailleurs félicitée aujourd’hui de la signature de la «Déclaration des Parties au Processus d'Alger», visant à «apaiser» la situation sur le terrain et à créer un «environnement favorable» à la conclusion d'un accord de paix.
«La présidente de la Commission de l'UA, Dr. Nkosazana Dlamini Zuma, se félicite de la signature, à Alger, le 19 février 2015, sous les auspices de la Médiation, d'une «Déclaration des parties au processus d'Alger», visant à apaiser la situation sur le terrain et à créer un environnement favorable à la conclusion d'un accord de paix», a précisé un communiqué de l'UA.
Tout en saluant, par la même occasion, le démarrage de la 5ème phase des pourparlers inter-maliens à Alger Mme Dlamini Zuma a encouragé les parties concernées à les poursuivre, afin d'aboutir rapidement, a-t-elle dit, à un «accord de paix global et définitif».
Elle a, dans le même cadre, exhorté les signataires à «respecter» cette Déclaration et à la mettre "intégralement en application dans l'intérêt du peuple malien».
L’U.A salue la médiation algérienne
La même responsable a par ailleurs, réaffirmé le soutien de l'UA au processus de négociations inter-maliens à Alger, tout en appelant les parties concernées à «redoubler d'efforts et à faire preuve d'"un esprit de compromis pour permettre l'aboutissement rapide des efforts en cours».
De son côté, le gouvernement malien a estimé vendredi que le cessez-le-feu entre le gouvernement malien et les groupes armés dans le nord du pays est «une bonne nouvelle si tout le monde le respecte».
«Ce cessez-le-feu est une bonne nouvelle si tout le monde le respecte. Nos troupes n’ont jamais violé le cessez-le-feu. Maintenant il serait souhaitable que les négociations avancent pour une paix définitive» précise une source gouvernementale malienne rapportée par l’AFP.
Le plus dur reste à faire
Concrètement, le gouvernement malien et six groupes armés du nord du Mali, réunis à Alger, ont souscrit sous les auspices de l’Algérie et de l’ONU à une déclaration prévoyant la cessation immédiate «de toutes formes de violence».
Cette déclaration a été signée en présence du ministre algérien des Affaires étrangères Ramtane Lamamra, dont le pays est le chef de file de la médiation internationale sur la crise au Mali, et du chef de la mission de l’ONU au Mali (Minusma), Mongi Hamdi.
S’agissant des groupes signataires, il est question du : Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA), le Haut conseil pour l’unité de l’Azawad (HCUA), le Mouvement arabe de l’Azawad (MAA), le Mouvement arabe de l’Azawad-dissident (MAA-dissident), la Coordination pour le peuple de l’Azawad (CPA) et la Coordination des Mouvements et fronts patriotiques de résistance (CM-FPR).
Pour autant l’affaire n’est pas encore pliée. La médiation algérienne devrait s’attendre à d’autres chausse-trappes de certains milieux qui ne souhaitent pas le règlement de la crise malienne.