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Crise de la zone Euro : l’Europe et la Grèce à la croisée des chemins

11-07-2015 23:04  Contribution

L’Eurogroupe a accusé réception du nouveau document du gouvernement grec de 13 pages intitulé « Actions prioritaires et engagements ». Les chefs d'État ou de gouvernement de l'UE se réuniront le dimanche 12 juillet pour faire le point de la situation avec la Grèce, posant la problématique de l’avenir de la construction européenne qui a un impact évident sur l’économie algérienne.

1.- Le plan proposé par le gouvernent grec selon les observateurs, après le vote du Non est une victoire posthume du « oui » et pose un problème politique de la future majorité qui gouvernera en Grève pour appliquer les réformes. D’ailleurs, même au départ, le retrait de la Grèce de l’Europe n’était pas évident, même si depuis l’entrée en vigueur du Traité de Lisbonne, la possibilité existe pour un Etat membre de quitter l’Union européenne mais rien de tel n’est prévu pour l’appartenance à la zone euro, les procédures juridiques étant très complexes. Même dans l’hypothèse d’un accord, les procédures sont complexes, le Bundestag devant se prononcer sur le plan d’aide et d’autres pays soumettront l’accord au vote de leur Parlement national, à commencer par les Pays-Bas et la Finlande. Je recense dix éléments fondamentaux proposés dans ce plan.

a.- Premièrement, la limitation des possibilités d'insolvabilité des entreprises et des ménages et mesures pour augmenter les revenus issus des taxes sur les entreprises, la hausse de l'imposition des sociétés à 28 %.

b.- Deuxièmement, la fiscalité des ménages par la fin de la limitation à 25 % des revenus des plafonds d'imposition, l’abaissement des seuils d'imposition à 1 500 euros, le renforcement des moyens des agents du fisc.,

c-Troisièmement, la suppression des niches fiscales dans l’agriculture , les créanciers ajoutant l’industrie portuaire , la révision de la taxe sur la publicité à la télévision, la vente d’autorisations d’émettre de nouvelles chaines et de licence de téléphonie , les créanciers ajoutant pour les bateaux de loisirs de plus de 10 mètres et des taxes sur les jeux d’argent à 30%.

d.-Quatrièmement, point épineux pour la retraite, il y a marche arrière du gouvernement grec l’ 'âge de départ à taux plein est prévu à 67 ans, ou 62 ans avec quarante ans de cotisation, la proposition étant de limiter les départs anticipés.- Longtemps opposé à la suppression de l’EKAS, une allocation complémentaire pour les petites retraites, le gouvernement accepte de la réduire progressivement jusqu’à ce qu’elle disparaisse en 2019.

e.- Cinquièmement, la hausse de la TVA était la pomme de discorde entre Athènes et ses créanciers, plus précisément les nouvelles propositions acceptent un taux normal de TVA à 23 %, notamment dans la restauration (qui jusqu’ici était à 13 %) mais un taux réduit à 13 % qui serait maintenu pour les produits de base, l'électricité et les hôtels, et à 6 % pour les médicaments, livres et places de théâtre.

f.-Sixièmement, étant une base vitale pour l’OTAN, expliquant la pression américaine sur l’Allemagne,, la Grèce propose une coupe de 100 millions d'euros dans les dépenses militaires en 2015, de 200 millions d'euros en 2016, les créanciers proposant 400 millions d’euros ;

g.- Septièmement, pour l’administration publique la proposition grecque est la création d’une agence de trésor autonome permettant de réduire le nombre de fonctionnaires tandis que pour les créances il s ‘agit certes de la création de cette agence de trésor autonome mais la fin des privilèges des fonctionnaires en les alignant sur ceux de la CEE.

g.- Huitièmement, si le gouvernement grec et les créanciers sont d’accord avec la nécessité de la privatisation, ils divergent sur le rythme où dans le plan a été prévu la réforme du marché du gaz, la privatisation de l'opérateur d'électricité Admie et le changement de la législation sur les centrales électriques.

h- Neuvièmement, l'Etat grec s’est engagé à vendre sa part restante au capital social des télécommunications grecques (OTE), dont le principal actionnaire est Deutsche Telekom, un appel d'offres pour la privatisation des ports du Pirée (Athènes) et de Thessalonique, la déréglementation des métiers d'ingénieur, notaire, actuaire, huissier, la libéralisation du marché du tourisme.

i.- Dixièmement,, en échange des nouveaux efforts consentis, qui devraient permettre 13 milliards d’euros d’économie sur trois ans, Athènes réclame un financement de 53,5 milliards d'euros pour couvrir les obligations liées à sa dette jusqu'en 2018 ,selon des sources européennes ce montant pourrait être supérieur, et un reprofilage » de la dette à long terme n’ étant nullement question d’annuler la dette.

2.-Mais est ce que ces mesure seront suffisantes sans que l’on, ait pensé une nouvelle construction européenne et résolu la problématique de la dette souveraine des Etats pas seulement pour la Grèce, qui représente un poids très fiable au sein de l’Union mais pour l’ensemble des pays. D’une manière plus précise, encore que les données statistiques ne convergent pas toujours, Eurostat vient de faire paraitre une intéressante analyse sur les dettes souveraines, où ce rapport note que depuis plusieurs années, l’ampleur de la dette publique européenne ne cesse d’augmenter Et où les niveaux d'endettement, apparaissent comme les principales raisons expliquant l’accroissement de la dette de l’Union européenne estimée en 2014, à 86,6 % du PIB. -En résumé, comme je l’annonçais dans l‘interview donnée à Radio Algérie Internationale et reprise au niveau international , contrairement à certaines analyses euphoriques après le vote du Non , mais utopiques, ignorant le fondement de la pratique des affaires internationales, le gouvernement grec a du faire des concessions majeures , allant vers un compris entre la position intransigeante de l’Allemagne dont d’ailleurs les USA viennent de leur conseiller plus de modération, et celle de la France plus conciliatrice. La crise grecque doit être méditée car l’Histoire nous apprend que toute crise entraine des dérives totalitaires. Il s’agir de synchroniser la sphère réelle et la sphère financière qui doit être au service du développement, une symbiose entre l’efficacité économique et l’équité (les politiques parleront de justice sociale), la richesse de toute nation reposant sur la bonne gouvernance et l’économie de la connaissance, l’immatériel, les nouvelles technologies de combinant au matériel pour accroître la valeur ajoutée en termes de coût/qualité au sein d’une économie ouverte. Mais évitons les utopies. Nous nous sommes dans la mondialisation, c'est-à-dire en interdépendance et toute crise touche forcément tous les pays du monde, les plus vulnérables étant les mono-exportateurs. La Grèce étant un pays développé et de surcroît démocratique s’en sortira. Attention aux pays rentiers dont la baisse de la rente aurait pour conséquence une crise deux à trois supérieure à celle de la Grèce.

Docteur Abderrahmane MEBTOUL Expert International, Professeur des Universités en management stratégique

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