Le variant Delta, détecté dans 132 pays, est entrain de se diffuser avec une propagation rapide dans notre pays, avec comme conséquence une hausse du nombre de décès, y compris parmi les jeunes.
Il est à relever que pour les Centres de prévention et de lutte contre les maladies (CDC), la principale agence sanitaire américaine, le variant Delta est aussi contagieux que la grippe ou la varicelle. Et, une personne contaminée par le variant Delta le transmet à huit (8) autres en moyenne. De plus, les personnes contaminées pourraient autant le transmettre, qu’elles soient vaccinées ou non.
Cette augmentation du nombre d’infections a crée une pénurie de traitements, tel que l’oxygène médical vital pour les patients concernés, en détresse respiratoire, et sur le médicament Lovenox.
S’agissant du nombre de cas contaminés, guéris et décédés, communiqués quotidiennement par le ministère en charge de la santé, le professeur Belhadj Rachid, directeur des activités médicales et paramédicales au Centre Hospitalo-Universitaire Mustapha Bacha, a déclaré le 25 juillet 2021 à la radio nationale chaine 1 que le nombre de cas est plusieurs fois supérieur aux chiffres annoncés, révélant que dix-huit (18) décès sont survenus le 24/07/2021 dans le seul CHU Mustapha Bacha.
Ce chiffre de 18 décès n’apparait nullement dans les chiffres « officiels» des personnes décédées du Covid-19 annoncés par le ministère de la santé (24/07/2021 : 16 décès, 25/07/2021 : 21 décès et 26/07/2021 : 24 décès).
Cette information donnée par le Professeur Belhadj aussi sensible que grave a été reprise par certains quotidiens nationaux. Sans plus.
Pour quelle raison impérieuse de sécurité sanitaire, le ministère en charge de la santé occulte délibérément la réalité et se permet de communiquer des chiffres erronés sur le nombre de cas contaminés et décédés.
Pourquoi vouloir minimiser les cas de contamination et de morts ?
A quel objectif tend cette incohérence, cette faute lourde, cette action « criminelle » d’altérer la vérité des chiffres.
Pourquoi vouloir mentir au peuple ?
Une telle volonté délibérée d’induire en erreur les plus hautes autorités de l’Etat et le peuple est une action inqualifiable et doit être sanctionnée. Les chiffres communiqués quotidiennement par le ministère en charge de la santé, en minimisant le nombre de cas contaminés et ceux décédés, ont donné une fausse et mortelle appréciation aux algériens et aux algérienne sur l’incidence réelle du Covid-19.
C’est ce qui explique, dans une large mesure, la non-conformité des citoyens aux gestes barrières, qui restent, même pour ceux qui ont été vaccinés, le seul et véritable rempart contre la contamination par le Coronavirus (Covid-19). Le port du masque de protection permet d’éviter à 90% la contamination, selon le Professeur Kamel Djenouhat, le président de la société nationale d’immunologie.
Cette façon mensongère de communiquer sur une question aussi sensible et grave, qui touche au droit à la vie consacré par la religion, les traités internationaux et régionaux ainsi que la législation nationale aurait du avoir des conséquences politiques dans tout pays dit démocratique où les gouvernants sont réellement et effectivement redevables devant leurs concitoyens, le peuple.
Dans l’Algérie dite nouvelle, aucune sanction n’a été prise. Et, le porte parole du Comité scientifique de suivi de la pandémie du Coronavirus continue d’égrener quotidiennement des chiffres qui ne reflètent nullement la réalité des cas contaminés et décédés. En toute impunité.
Où est l’Algérie nouvelle dans le dire-vrai, dans la franchise, dans la transparence, dans la prise en compte de la réalité des choses et dans l’exercice du pouvoir au service exclusif du peuple.
On ne dit pas la vérité au peuple et aucune décision n’est prise pour sanctionner un tel comportement préjudiciable à plus d’un titre et qui, malheureusement contribue à faire baisser la garde aux citoyens et aux citoyennes face à la létalité du Covid-19, notamment de son variant Delta, particulièrement contagieux.
En outre, les chiffres communiqués par le ministère en charge de la santé ne semblent pas prendre en compte les cas contaminés et décédés recensés au sein des établissements hospitaliers et autres centres de santé relevant de l’armée et de la sûreté nationale. Quid de ceux contaminés et décédés parmi la population carcérale. Quid, également, de la prise en compte des personnes testées positives auprès des laboratoires privés.
A quant un sursaut d’orgueil, un sursaut de responsabilité, un sursaut pour l’instauration et l’affermissement de liens forts entre les gouvernants et les gouvernés, afin que notre pays sorte de cette léthargie mortifère et de ce dédain vis-à-vis du peuple.
Le délitement de l’autorité de l’Etat, la personnalisation des institutions de la République et la radicalisation des rapports sociaux adossés à une corruption tous azimuts, y compris intellectuelle, instaurés par le régime du Président de la République déchu, ont eu des conséquences terribles et profondes sur la manière de servir l’Etat.
L’Etat, la République, les institutions n’existent plus, on fait allégeance à des personnes, on sert des personnes, on est redevables à des personnes, on est soumis à des personnes, avec une conséquence inéluctable et abjecte : on devient servile. Le rapport avec l’Etat n’est pas institutionnel, il est personnel, de l’ordre du privé. Et, c’est la catastrophe, le puits sans fond, l’abysse dans lesquels notre pays se débat, encore et encore.
Cette situation a engendré la toute puissance des puissants du moment, des autorités publiques qui se croient et croient toujours être supérieurs à la loi et qu’ils sont la personnification de la loi, ce qui a comme corollaire logique : l’impunité. Ainsi, ils peuvent se permettre tout, même de ne pas dire la vérité au peuple sur cette grave question du Covid-19 et de ses conséquences réelles sur la population, en termes de personnes contaminées et décédées.
En minimisant les chiffres, un signal fort est envoyé aux citoyens et citoyennes qui croient à tort que le pays a vaincu la pandémie ou que ses conséquences sont mineures en terre d’Algérie.
C’est terrible et criminel. Mais, hélas, la sanction n’existe point. De plus, le responsable en Algérie ne démissionne jamais. La responsabilité morale est complètement effacée de sa conscience et même de son subconscient. Les avantages matériels induits par la fonction exercée occultent tout sentiment de culpabilité, en ce sens, l’Etat est corrupteur.
Le deuxième point sur lequel les autorités publiques, notamment les responsables en charge de la santé dans notre pays, n’ont fait preuve d’aucune initiative, d’aucune anticipation, c’est la question de l’oxygène médical.
Avant l’apparition du variant Delta dans notre pays et qui a été identifié pour la première fois en Inde, nos établissements hospitaliers étaient confrontés cycliquement à des tensions en oxygène médical, voire à des ruptures de stock, alors qu’on faisait face à la souche originelle du nouveau coronavirus, le SARS-CoV-2
En effet, parmi les malades qui développent des symptômes du Covid-19, environ 80 % guérissent sans qu’il soit nécessaire de les hospitaliser. Environ 15% des patients tombent malades et nécessitent une oxygénothérapie, et 5% des infections sont critiques et exigent des soins intensifs.
Ainsi, les responsables concernés étaient parfaitement au courant de ce problème de disponibilité de cette matière (oxygène médical). Au lieu d’anticiper et de se projeter dans l’avenir, en adoptant une posture pro-active pour doter les établissements de santé en équipements nécessaires à la production d’oxygène et en concentrateurs d’oxygène. Rien n’a été fait. Aucune initiative. Aucune anticipation.
Il fallait attendre la propagation fulgurante du variant Delta avec une augmentation dangereuse et alarmante des cas de contamination et de décès pour que nos chers responsables se précipitent pour faire essayer de limiter les pertes en vies humaines, notamment en réquisitionnant l’ensemble des moyens de production et de transport de l’oxygène liquide, l’importation de concentrateurs d’oxygène (15.000 dont 1800 ont été réceptionnés), la conclusion de contrats pour l’acquisition de dix (10) unités de production d’oxygène d’une capacité de 20.000 et 40.000 litres à répartir sur les grands établissements hospitaliers et l’importation en urgence de plus de 160.000 litres d’oxygène.
Entre temps, des algériens et des algériennes sont morts et meurent chaque jour du fait de ce manque d’initiative et d’anticipation de personnes dites responsables, mais dont la responsabilité ne sera jamais engagée par quelque autorité que ce soit (autorité administrative et/ou autorité judiciaire).
Le ministre en charge de la santé a reconnu le 02 aout 2021 que des patients atteints du Covid-19 sont décédés du manque d’oxygène dans les hôpitaux, sans faire état de la moindre responsabilité morale dans cette tragédie et de démissionner.
Pour conclure, l’opinion publique, les algériens et les algériennes doivent être informés sur le nombre exact des cas contaminés et décédés quotidiennement ; C’est une obligation morale et c’est une exigence de l’exercice démocratique et responsable du pouvoir.
En deuxième lieu, il est à signaler que la réactivation ferme des mesures de prévention prises depuis le début de la pandémie du Coronavirus (Covid-19), décidée lors du Conseil des ministres tenu le 10 juillet 2021, tarde à se concrétiser complètement sur le terrain.
Sans la sanction, positive ou négative, à l’endroit de tous les responsables et exécutants, à quelque niveau que ce soit, impliqués dans la prévention et la lutte contre la pandémie du Coronavirus (Covid-19), la grave et dramatique situation sanitaire actuelle va perdurer et le nombre de contaminés et de décès, qui est actuellement minimisé, va encore et encore continuer à augmenter.
Sauvez les vies humaines. Sauvez votre peuple. Sauvez vos concitoyens.
Il faudrait, également, dés maintenant faire prendre les dispositions qui s’imposent pour élargir la vaccination aux adolescents et négocier avec les laboratoires qui ont mis qui ont mis sur le marché un vaccin pour ces jeunes.
La vaccination des adolescents est une étape importante pour parvenir à une immunité collective contre le Coronavirus (Covid-19) et ses mutations, dont le variant Delta.
En outre, trois (3) mesures phares devraient être prises :
1-le Conseil des ministres devrait être tenu en mode distanciel (visio-conférence) ou dans une salle permettant de prévoir un (1) mètre de séparation entre chaque participant audit Conseil, qui doit porter impérativement le masque de protection, et non le mettre sous le menton, comme il a été constaté pour certains ministres. Il faut donner l’exemple. Il ne faut pas sous estimer le pouvoir de l’image.
2-interdiction des réunions en mode présentiel au sein des administrations, civiles et militaires.
3-Durcissement du confinement partiel à domicile avec un élargissement aux autres wilayas touchées par le variant Delta (le cas de la wilaya Ain-Defla est un exemple parfait) et une révision des horaires de confinement (de 17h ou 18h à 6h du matin).
4-Exigence d’un test PCR ou antigénique de moins de 48h ou la carte de vaccination (les deux -2- doses) pour les voyageurs par voie aérienne sur les vols domestiques
Le mot de la fin revient au Professeur Djamel-Eddine Nibouche, chef du service de cardiologie à l’hôpital Nafissa Hamoud, ex-Parnet/Alger qui a déclaré le 27 juillet 2021 : « Nos structures actuelles, surtout dans les grandes villes, ne sont pas adaptées pour une prise en charge adéquate du Covid-19 et d’un nombre aussi important de patients qui présentent des problèmes respiratoires……il faut créer des structures légères spécifiques adaptées à la prise en charge réelle de la maladie. Ces structures peuvent être montées en une quinzaine de jours, clés en main, avec un générateur d’oxygène autonome, elles existent en Chine, aux Etats-Unis et en Europe…ces structures légères doivent être réalisées très rapidement pour pouvoir ensuite libérer tous les hôpitaux des grandes villes, car n’oublions pas qu’il y a d’autres maladies graves à prendre en charge également ».
C’est ce qui a été encore affirmé le 03 aout 2021 par le Professeur Kamel Senhadji, le président de l’agence nationale de la sécurité sanitaire : « il y a une situation fortement dramatique. Il sera important et grand temps de mettre en place des infrastructures externalisées (des espaces dédiés spécialement au Covid-19) …on aurait pu équiper ces centres, isolés sous forme de petits box en les compartimentant, et mettre ainsi des milliers de lits, la tuyauterie en cuivre pour faire passer l’oxygène et adosser à cette structure une centrale de production d’oxygène, et il n’y aura pas de problème de camions, de bouteilles ni de problème d’accession au site ». »
ZERROUK Ahmed, ex-magistrat militaire.