Au lendemain des déclarations du ministre de l’énergie, qui soutenait que des mesures seront prises contre les responsables complices de détournements de deniers de Sonatrach, lorsque ceci aura été auparavant prouvée par la justice, voilà qu’un nouveau scandale vient d’éclater avec une société étrangère, canadienne, en l’occurrence qui est impliquée.
Et encore une fois le nom de Farid Bédjaoui, neveu de l’ancien ministre des affaires étrangères, est cité comme ayant servi d’intermédiaire. C’est le journal canadien The Globe and Mail qui a rapporté jeudi cette information. Farid Bédjaoui, qui a fait ses études à Montréal aurait obtenu pour le groupe canadien un milliard de dollars de contrats avec la Sonatrach, écrit le journal, qui a enquêté avec le quotidien économique italien Il Sole 24 Ore.
The Globe cite des sources proches de l'enquête en Europe et au Canada pour indiquer que SNC, comme une filiale d'ENI, Saipem, avaient utilisé les services de M. Bedjaoui. Le groupe canadien a connu ces dernières années quelques cas de corruption, concernant des contrats conclus en Libye du temps du régime Kadhafi, mais aussi à Montréal même. Ces affaires n'ont pas encore connu d'aboutissement judiciaire, mais ont entraîné la démission puis l'arrestation du numéro un, Pierre Duhaime, et l'arrestation en Suisse de Riadh Ben Aïssa, ancien chef des opérations internationales de construction.
SNC Lavalin est également soupçonné d'avoir versé 160 millions de dollars à un fils du colonel Kadhafi. C'est l'enquête suisse sur les agissements de Ben Aïssa qui aurait révélé que SNC Lavalin --comme Saipem-- aurait fait des versements suspects à des compagnies contrôlées par M. Bedjaoui. Interrogé par l'AFP, SNC Lavalin s'est borné à confirmer que, "d'après ses propres recherches", M. Bedjaoui "était lié à certaines entreprises" qui avaient des contrats avec ses filiales. "Ces contrats étaient négociés par d'anciens salariés de notre entreprise et, autant que nous sachions, étaient à l'époque des ententes d'affaires ordinaires", a écrit la porte-parole de SNC Lavalin Leslie Quinton.
L'AACC interpelle le gouvernement
Suite à ce nouveau scandale, qui survient à quelque jours seulement de la célébration du 44 ème anniversaire de la nationalisation des hydraucarbures, l’Association algérienne contre la corruption(AACC) est sortie vendredi de sa réserve pour interpeller le gouvernement en lui demandant de « sortir de son mutisme et annoncer des mesures urgentes » dans son communiqué.
L'AACC précise qu’elle « soupçonnait et redoutait très fortement depuis quelques temps déjà, vient d’être confirmé hier, jeudi 21 février 2013, par l’enquête conjointe menée par les journaux canadien et italien – « The Globe and Mail » et « Il Sole 24 ore » : l’entreprise canadienne SNC Lavalin est impliquée dans des affaires de corruption en Algérie, affaires où l’on retrouve notamment un des intermédiaires cité dans le tout récent scandale entre SAIPEM l’italienne et SONATRACH, Farid Bédjaoui, neveu de l’ancien ministre des affaires étrangères du pouvoir en place ».
Et AACCde s’interroger : est-ce le début des affaires SONATRACH 3 , SONELGAZ 1 et d’autres entreprises algériennes ? »Face à ce nouveau scandale, derrière lequel se trouve apparemment le même réseau d’intermédiaire, l’association que préside Djialil Hadjadj recommande que « l’Algérie doit s’associer aux enquêtes menées dans les pays cités plus haut, et le gouvernement au plus haut niveau doit rapidement sortir de son silence et annoncer sa volonté politique de faciliter toutes les enquêtes sur SNC Lavalin en Algérie ».
Cette volonté politique ajoute le communiqué doit se traduire par des mesures concrètes portées à la connaissance de l’opinion publique. Des instruments internationaux (Convention de l’OCDE, Convention des Nations unies, Conventions bilatérales en matière d’entraide judiciaire) existent pour permettre cette coopération judiciaire internationale et des enquêtes conjointes ».