23 avril 2019. Le Vice-ministre de la Défense Nationale, Chef d’Etat-Major de l’Armée Nationale Populaire a tenu une réunion avec les cadres de la 12ème Division d’Infanterie Mécanisée où il a prononcé une allocution d’orientation, diffusée à toutes les unités de la 1ère Région Militaire via visioconférence, dans laquelle il a évoqué la crise politique que connait notre pays et les manifestations quotidiennes de rejet du régime en place, avec leur point culminant, chaque Vendredi, et ce depuis le 22 févier 2019.
Le Vice-ministre de la Défense Nationale, Chef d’Etat-Major de l’Armée Nationale Populaire qui s’est placé du coté du peuple, rappelle dans ses différents allocutions le « lien fort et vital unissant le peuple algérien à son armée », et a défendu et défend la légalité en se basant sur les articles 7, 8 et 102 de la Constitution.
Le 02 avril 2019, au cours d’ « une réunion tenue l’après-midi, au siège de l’Etat-Major de l’Armée Nationale Populaire, avec les Commandants de Forces, les Commandants des Régions Militaires, le Secrétaire Général du Ministère de la Défense Nationale et les chefs des deux Départements de l’Etat-Major de l’Armée Nationale Populaire », le Vice-ministre de la Défense Nationale, Chef d’Etat-Major de l’Armée Nationale Populaire a déclaré : « …nous estimons qu’il n’y a plus lieu de perdre davantage de temps et qu’il faut appliquer immédiatement la solution constitutionnelle proposée, à savoir la mise en application des articles 7, 8 et 102 … ».
Dans la soirée, le Président de la République a démissionné. Mais, il avait, auparavant, désigné le 31 mars 2019 les membres du gouvernement Bedoui (Décret Présidentiel 19-11 du 24 Radjab 1440 correspondant au 31 mars 2019 portant nomination des membres du gouvernement – Journal Officiel 20 du 31 mars 2019). Donc, il y a comme une incongruité, voire un antagonisme. Comment peut-on accepter un gouvernement qui a été nommé par un Président de la République qui était « otage » ou un « instrument » d’une « bande » et d’ « entités non constitutionnelles et non habilitées ».
L’activation des dispositions de l’article 102 de la Constitution a mené le Président du Conseil de la Nation, M. Bensalah Abdelkader, a exercé la fonction de Chef de l’Etat.
Cependant et au regard des articles 7 et 8, et plus particulièrement l’article 7, de la Constitution, le peuple souverain a démontré dans ses manifestations quotidiennes et hebdomadaires (chaque Vendredi), qu’il a retiré toute sa confiance et son appui au Chef de l’Etat, au Président du Conseil Constitutionnel et au gouvernement Bedoui. Seul, le Vice-ministre de la Défense Nationale, Chef d’Etat-Major de l’Armée Nationale Populaire, en sa « qualité de Moudjahid ayant lutté par le passé contre le colonialisme tyrannique et ayant vécu la souffrance du peuple en cette période difficile » et compte tenu « des liens de confiance liant le peuple à son Armée », échappe à cette « vindicte » populaire, à cette exigence du peuple qui est la source de tout pouvoir. En outre, le Général de Corps d’Armée Gaid Salah Ahmed s’est placé résolument aux cotés du peuple, aux cotés des manifestants, aux cotés des fils et filles de l’Algérie. Il s’est, même, engagé, face aux exactions des forces de l’ordre, en donnant « des instructions claires et sans équivoques pour la protection des citoyens » lors des marches. On ne pouvait attendre une autre posture d’un authentique Moudjahid.
M. Belaiz Tayeb a démissionné le 16 avril 2019 et a été remplacé le même jour par M. Feniche Kamel, membre du Conseil Constitutionnel, en sa qualité de magistrat élu, au titre du Conseil d’Etat. Le Chef de l’Etat et le gouvernement Bedoui persistent à rester au pouvoir et ignorent les revendications, les exigences du peuple pour leur départ.
Le 18 avril 2019, le Chef de l’Etat a appelé à une conférence nationale de dialogue et de concertation, fixée pour le 22 avril 2019. Cette dernière s’est déroulée sans les principaux partis politiques de l’opposition et de l’ex coalition présidentielle, les syndicats, les organisations professionnelles et les organisations de la société civile. D’ailleurs, cette réunion, éminemment politique et censée trouver une solution consensuelle ou un compromis acceptable pour une sortie de la crise politique dans laquelle se débat notre pays, a été présidée, non par le Chef de l’Etat, l’initiateur de ladite réunion, mais par le directeur - Général de l’institut national d’études de stratégie globale. Pour dire l’échec consommé d’avance de cette réunion.
Et, maintenant. Le Vice-ministre de la Défense Nationale, Chef d’Etat-Major de l’Armée Nationale Populaire a réitéré hier, le 23 avril 2019, la continuation de l’ANP à accompagner le peuple jusqu’à la concrétisation de ses attentes légitimes et qu’il appartient au peuple de trancher lors de l’élection du nouveau Président de la République, « qui aura la légitimité requise pour satisfaire le reste des revendications populaires légitimes ».
Or, les manifestations populaires qui se déroulent sur l’ensemble du territoire national appellent au départe des 3B, 1B, en l’occurrence Belaiz Tayeb a démissionné. Quant aux 2 autres B. ils sont toujours en fonction. Les manifestants refusent, également, l’organisation et la surveillance des élections présidentielles fixées au 4 juillet 2019 par toute institution créée et accompagnée par les 2B.
Que faire. Le scénario suivant, pour sortir de cet antagonisme criard et éviter toute exacerbation des attentes populaires, alors que le mois sacré du Ramadhan est prévu pour le 06 ou le 07 mai 2019 ; est suggéré.
Ce scénario qui pourrait être enrichi et mieux précisé, est basé sur l’esprit des dispositions de l’article 197 de la Constitution, dans le sens où la continuation des manifestations au cours desquelles le peuple exige le départ des 2B et refuse les élections présidentielles prévues le 04 juillet 2019, constituent réellement une question qui touche à la sécurité nationale, c'est-à-dire l’Algérie pourrait arriver, si aucun compromis n’est trouvé, à un vide constitutionnel et à une opposition farouche et véhémente entre, d’une part, le gouvernement en place, décrié par le peuple, et, d’autre part, les manifestants. Avec toutes les dérives qui en découleraient et le poids énorme et plein de danger auquel serait confronté l’ANP et les services de sécurité.
Le scénario proposé est le suivant :
1-Réunion du Haut Conseil de Sécurité sous la présidence du Chef de l’Etat, en présence du Premier ministre, du Vice-ministre de la Défense Nationale, Chef d’Etat-Major de l’Armée Nationale Populaire, du ministre des affaires étrangères, du ministre de l’intérieur, des collectivités locales et de l’aménagement du territoire et du ministre de la justice.
2-Déclaration du Haut Conseil de Sécurité qui crée une institution appelée « Conseil de l’Etat », « Haut Conseil Suprême », « Haut Conseil Présidentiel » ou toute autre appellation. Cette institution serait composée de trois (3) ou quatre (4) personnalités dont le Vice-ministre de la Défense Nationale, Chef d’Etat-Major de l’Armée Nationale. Les deux (2) ou trois (3) autres membres dont le Président seraient désignés parmi les personnalités proches des manifestants. Cette institution prendrait acte le même jour, de la démission simultanée du Chef de l’Etat et du Premier ministre.
3-Désignation le lendemain d’une personnalité proche des manifestants dans les fonctions de Premier ministre. Les membres du gouvernement devraient être issus des compétences nationales, du mouvement associatif, des syndicats et des organisations professionnelles. Le Général de Corps d’Armée Gaid Salah Ahmed serait désigne Ministre de la Défense Nationale, Chef d’Etat-Major de l’Armée Nationale Populaire.
4-Promulgation d’un décret présidentiel portant mesures de grâce (remise totale de la peine) pour les personnes condamnées pour des faits de liberté d’expression liés aux manifestations pacifiques qui se déroulent depuis le 22 février 2019, et abandon des poursuites judiciaires pour celles, inculpées des mêmes faits, prévenues détenues ou libres.
5-Complètement des missions de la Haute instance indépendante de surveillance des élections, pour lui confier, également, la mission d’organisation des élections, en relation étroite avec les institutions compétentes de l’Etat, désormais dirigées par des personnes proches des manifestants.
6-Nomination des membres de la HIISE qui serait constituée de magistrats élus par leurs pairs, sous la supervision du Conseil Supérieur de la Magistrature, dans sa formation disciplinaire, et de représentants des associations et organisations nationales activant dans le domaine des libertés et des droits de l’homme, des syndicats et des organisations professionnelles.
7- Election du Président de la République et dissolution ipso-facto de l’institution créée par le Haut Conseil de Sécurité, dés la prestation de serment du Président de la République élu.
8-Dissolution de l’Assemblée Populaire Nationale, dans les conditions prévues par les dispositions de l’article 147 de la Constitution et l’article 85 de la loi relative au régime électoral.
9-Mise en place d’une assemblée constituante ou commission ad-hoc, composée de membres élus ou désignés, parmi les compétences nationales et les membres des partis politiques, des organisations de la société civile, des syndicats et des organisations professionnelles. Le président de cette commission devrait être élu par ses pairs. Et, le projet de Constitution élaboré par cette commission devrait être soumis à référendum, sans que le pouvoir exécutif puisse disposer d’une quelconque attribution de modification ou d’enrichissement des dispositions de ce projet de la loi fondamentale.
10-Introduction de la règle du seul et unique mandat pour les emplois civils et militaires de l’Etat, pour éviter l’appropriation des institutions publiques par une nomination « illimitée » de leur responsable. Tel est le cas aujourd’hui.
11-D’autres actions pratiques, effectives et graduelles devraient être prises pour insuffler une nouvelle dynamique, basée sur le strict respect de la législation et de la réglementation, au titre de l’ensemble des institutions de l’Etat.
12-Le Président de la République élu devrait rendre un hommage officiel et solennel aux membres de l’ANP et des services de sécurité pour la maitrise de soi et le professionnalisme dont ils ont fait preuve, à compter du 22 février 2019, pour avoir assuré la sécurité des personnes et des biens, la stabilité de l’Etat et évité toute atteinte à l’ordre public.
13- Le Président de la République élu devrait, dans un message solennel adressé à la nation, rendre un hommage appuyé aux algériens et aux algériennes, et saluer l’esprit de responsabilité et de civisme dont ils ont fait preuve au cours des manifestations pacifiques, empreintes de dignité, d’engagement, de sincérité et d’amour pour l’Algérie.
Ce scénario pragmatique et politique, pour être réaliste et mis en vigueur, devrait conduire les fils et les filles de notre pays à s’unir et à faire des concessions mutuelles pour que notre pays, cette terre bénie et irriguée par le sang de nos martyrs, de nos Chouhadas, puisse retrouver le chemin du labeur, de la droiture et de la compétence. Les hommes et les femmes d’Algérie devraient agir sans polémique, sans fourberie, ni esprit vindicatif, ni volonté d’imposition. Le dénominateur commun qui devrait faire regrouper l’ensemble des Algériens et des Algériennes serait le seul amour du pays et l’aspiration à assurer une cohésion sociale pour un réel développement du pays.
La jeunesse algérienne n’aspire qu’à faire éclater son génie, son savoir et son énergie créatrice et féconde pour le bien être du peuple et la consolidation de la place de l’Algérie au niveau régional et international.
Ce scénario pourrait être concrétisé facilement, dans sa première phase, avant le début du mois sacré du Ramadhan. Il suffit de s’écouter et d’agir ensemble pour le bien de notre pays, sans parti pris, sans démagogie et sans haine et rancœur.
Que vive l’Algérie, éternelle et reconnaissante envers ses dignes fils et filles, et agissons ensemble, en toute sincérité, responsabilité et fraternité, pour le développement de notre pays et la prospérité de l’ensemble de ses enfants, que nous sommes. Save our Algeria.
Colonel à la retraite ZERROUK Ahmed
ex-cadre /MDN