S’il y a un terrain où les jeux et les enjeux sont vraiment diffus, et tellement confus c’est sans doute celui de la politique. Depuis juin dernier une vingtaine de partis d’opposition et de personnalités nationales tentent de s’imposer en créant la coordination nationale des libertés et de la transition démocratique (CNLTD).
Mais sur le terrain justement force est de constater que la moisson est bien maigre. Éloignée des algériens, ce conglomérat de partis aux idéologies parfois diamétralement opposées peine à faire entendre sa voix et expliquer sa voie. Ils n’arrivent même pas à organiser un meeting populaire depuis leur grande messe de Zeralda.
Le pouvoir a fini par se rassurer que Mokri, Belabas et autres Djaballah et Benbitour sont finalement tout à fait inoffensifs… Surtout que le front des forces socialistes (FFS) a tôt fait de leur fausser compagnie en se déclarant non concerné par la feuille de route de la CNLTD qui ne cadrerait pas avec la sienne.
La CNLTD ouvre le bal
Précisément le FFS qui a troqué son discours radical, qui a fait sa marque de fabrique, contre une prédisposition à la négociation avec le pouvoir, a planché lui aussi sur une conférence nationale du consensus. Depuis le mois d’octobre, l’ex parti de Ait Ahmed a entrepris une série de consultations avec de nombreuses formations politiques, des personnalités nationales, des syndicats et des associations pour les rallier à sa cause.
Laquelle ? Proposer une rencontre qui réunira et l’opposition et le pouvoir autour d’un ordre du jour à définir in situ… Le FFS a clairement pris ses distances avec les animateurs de la CNLTD qui ne veulent point associer le pouvoir contrairement à lui qui en fait un enjeu central de son initiative.
Le FFS sort des rangs
Le RCD, le MSP et autres membres de la CNLTD ont tôt fait de dénoncer l’attitude du FFS qu’il ont assimilé à une travail de sape de leur initiative. Mais le FFS n’en démord pas et s’en va tranquillement poursuivre ses consultations sous l’œil bienveillant du pouvoir. Mais les partis du pouvoir (ou au pouvoir) ont clairement précisé comme un seul homme qu’il n’était pas question de soumettre la légitimité des institutions (surtout pas celle du président) à la négociation.
Le pouvoir se serre les coudes
Le FFS a été douché, mais a choisi de mettre un peu d’eau dans son vin en intégrant ce principe désormais «scellé» dans sa plate forme. Le FLN, le RND, TAJ et le MPA ont alors accepté de recevoir les responsables du FFS, sans trop d’engagement, se contentant de souligner que l’initiative était «positive». Mais pas plus que cela… Preuve en est que ces partis viennent de lancer eux aussi un cycle de consultations intra muros qui se décline comme un plan de riposte pour jouer solidaire autour du président de la république.
Le secrétaire général du FLN, Amar Saâdani va ainsi recevoir demain à 10h30 son homologue du MPA Amara Benyounès au siège de son parti pour des «consultations politiques» selon un communiqué rendu public aujourd’hui. Nous y voilà donc avec trois types de consultations politiques animés par trois pôles qui semblent presque s’exclure les uns des autres.
Faut-il rappeler, par ailleurs, que le directeur de cabinet du président de la république Ahmed Ouyahia avait déjà organisé un cycle de consultations politiques autour de la révision de la Constitution.
C’est quoi donc cette foire d’empoigne ? Et on se pose la question pourquoi les algériens se désintéressent de la politique ou qu’ils boudent les urnes…