Le ministre de la jeunesse, M. Abdelkader Khomri, a étonné tout son monde aujourd’hui en annonçant la création prochaine d’un… Conseil supérieur de la jeunesse.
C’est à tomber à la renverse de constater qu’un ministre exclusivement chargé de la jeunesse propose au Premier ministre d’instituer un Conseil chargé de la même mission !
A quoi servirait-il de créer une autre institution publique quand tout un département ministériel est déjà chargé de s’occuper de la jeunesse grâce à un budget que lui allouent les pouvoirs publics ?
Cette idée, en passe apparemment de concrétisation, est d’autant plus bizarre que c’est le président de la république him self qui avait ordonné en 2000 la dissolution du défunt Conseil supérieur de la Jeunesse présidé en son temps par Mouldi Aissaoui.
Le président peut-il à ce point se contredire en supprimant une institution inutile à ses yeux qui plus est budgétivore, pour la ressusciter quinze ans plus tard ?
Faut-il rappeler que l’ex Conseil de la jeunesse (CSJ) créé en 1995 par le président Liamine Zeroual en tant qu’institution consultative n’avait rien apporté à la jeunesse algérienne en dehors des voyages et des séjours dans les hôtels de la capitale offerts à plus de 400 militants associatifs ayant la chance d’y faire partie.
Dissous par Bouteflika, Khomri veut le ressusciter
Ses membres issus des associations proches des partis politiques menaient une vie proche de celle des députés. Ils avaient même réclamé les mêmes privilèges que ceux des parlementaires ! C’est dire qu’au lieu d’aider autant que faire se peut à faire connaître les problèmes de la jeunesse, ces «jeunes» ont vite grandi à Alger pour se mettre dans la peau de rentiers.
Le président Bouteflika était donc bien inspiré de mettre fin à cette mauvaise expérience qui n’apportait rien à la jeunesse. Les membres passaient le plus clair de leurs temps à Alger, qui pour faire du tourisme longue durée, qui pour régler des affaires personnelles au frais des contribuables.
A quoi bon rééditer cette malheureuse expérience d’une institution parfaitement inutile qui englouti des milliards de centimes ?
Le ministre de la jeunesse auteur de cette «lumineuse» idée nous doit un exposé des motifs pour sa volonté de recréer cette institution. «Orienter et suivre les mesures arrêtées par l’Etat au bénéfice de cette frange de la société», est une mission qui incombe à son ministère d’abord puis au parlement et non pas à un autre structure.
Inutile inflation de structures
Que ferait donc M Khomri dans son ministère après la création de cet autre «machin» ? Mais surtout pourquoi cette inflation d’institutions et d’organismes dans ce contexte censé être celui de la rationalisation des dépenses publiques ?
Le ministre expliquait ce matin à la radio que : «contrairement à l’ancienne structure, au sein de laquelle siégeaient notamment des représentants de partis politiques, ce conseil va regrouper principalement des représentants des mouvements associatifs».
Cela est complètement faux puisque tous les membres du CSJ version Aziz Derouaz et Mouldi Aissaoui étaient issus du mouvement associatif.
Bien que certains d’entre eux étaient aussi adhérents de partis politiques, aucune loi n’interdit à un jeune activiste associatif d’être au même temps membre d’un parti.
Du reste la majorité des jeunes «partisans» de l’époque émargeait dans les partis au pouvoir à savoir le FLN, le RND et le Hamas. Abdelkader Khomri veut-il nous convaincre que son Conseil à lui serait apolitique ? Qui pourra le croire ?