Le ministre du Travail, de l'Emploi et de la Sécurité sociale, M. Tayeb Louh s’est fait fort aujourd’hui dimanche à Alger de s’appuyer sur le FMI pour asséner sa vérité : Le taux de chômage en Algérie serait ainsi en recul et il descendrait même sous la barre de 10% en 2013.
A la bonne heure ! A en croire le ministre du travail où plus exactement du chômage, seuls 9,3% des algériens en âge de travailler restent encore inactifs.
Le ministre étalait ce résultat "éclatant" aux côtés du directeur général de l'Organisation arabe du travail (OAT) avec lequel il animait une conférence de presse. Tayeb Louh rappelle ainsi que les prévisions du FMI dans son dernier rapport sur la région du Maghreb tablaient sur un "recul du chômage en Algérie à 9,3 % en 2013".
Mais il ne précise pas ses propres prévisions en tant ministre théoriquement chargé de l’emploi.
Louh se contente d’établir le fameux parallèle entre le taux de chômage en Algérie qui était selon lui de 30% en 1999 et qui serait ramené à 10% en 2012 puis désormais 9,3% en 2013.
Comprendre depuis l’arrivée du président Bouteflika, dont la pré compagne pour un 4ème mandat a déjà commencé, et accessoirement depuis sa nomination en juin 2002 comme ministre du travail.
Tayeb Louh se trahit un peu tout de même en reconnaissant que le taux de chômage parmi les jeunes de moins de 24 ans "reste élevé".
Et c’est justement là où la gymnastique des chiffres n’y peut rien. Cette tranche d’âge (24ans) touchée de plein fouet par le chômage, est constitué des bataillons de nouveaux diplômés des universités et autres instituts de formation professionnelles.
Le FMI, un bon payeur…
En termes simples, l’économie nationale ne propose rien aux nouveaux arrivants dans le monde du travail. En revanche, ceux qui sont plus âgés disposent pour une bonne partie d’un emploi plus au moins correct.
A supposer que les chiffres de Louh qu’il tient du FMI, qui à son tour, a pu se les procurer de l’Office National des Statistiques (ONS) soient réels, ceci ne les crédibilise pas pour autant. Ayant bénéficié d’un placement de cinq milliards de dollars de le part de l’Algérie, l’institution de Christine Lagarde se garderait bien d’assombrir notre tableau de chômage…
Il faut savoir ainsi que dans le calcul du bureau international du travail même le vendeur des cigarettes est considéré comme un «actif» dont non éligible au "statut" de chômeur.
L’Algérie fait mieux que la France !
Et quand on sait la taille de l’informel en Algérie, le taux de l’emploi au sens économique du terme, se réduit à sa portion congrue.
Aussi, le taux de chômage de 9,3 en Algérie dont se gargarise Tayeb Louh se trouve être meilleur que la moyenne au sein de l'Union européenne qui culmine à 10,9 % en février 2013 selon des chiffres publiés le 2 avril 2013 dernier par l'Office européen de statistiques Eurostat.
Question : Qui peut croire que l’Algérie puisse faire mieux que des pays autrement plus développés économiquement et où la corruption est sans commune mesure avec ce qui est observé chez nous ?
Mieux encore, selon les données de Louh, l’Algérie fait même mieux que la France, dont le taux de chômage a été estimé par la même source à 10,8 %...
Il va sans dire que ces chiffres paraissent fantaisistes au regard des mouvements ininterrompus de marches et autres actions de contestation dans les villes du sud où les jeunes réclament du boulot.
Le fait est qu’il existe désormais une Coordination nationale pour la défense des droits des chômeurs (CNDDC) dont le porte parole, Tahar Belabes en est l’icône médiatique.
Faut-il souligner que même le Premier ministre Abdelmalek Sellal a reconnu ce week-end depuis Oran que le chômage en Algérie était une «réalité» et que les revendications des jeunes étaient "légitimes".
A moins que Tayeb Louh, un proche de Bouteflika, ne soit chargé de maquiller une réalité bien terne que Sellal a appelé par son nom.