Il semble bien que la fameuse (et désormais fumeuse) circulaire du Premier ministre Abdelamlek Sellal qui met à la retraite d'office les fonctionnaires âgés de plus de 60, ait causé et cause encore des ravages dans la haute administration et au sein des entreprises publiques.
Depuis quelques semaines, des purges massives sont signalées dans beaucoup de ministères notamment ceux de la santé, du travail, de l’industrie et des transports. Le pire dans cette entreprise de dévitalisation de la fonction publique est que l’âge des cadres dégommés ou mutés se situe entre 45 et 52ans d’après nos sources.
Des contingents d’ingénieurs d'Etat, d’Enarques, de chargés de cours à l'université, de détenteurs de diplômes de post graduations, et même des docteurs d'Etat sont invités à faire leurs cartons sans état d’âme.
Tout le monde aurait applaudi si le gouvernement a décidé d’envoyer à la retraite les vieux briscards pour laisser la place à de jeunes compétences. Personne n’aurait trouvé à redire si cette décision participait, comme le suggérait la circulaire Sellal de la volonté de rajeunir les effectifs de l’administration publique.
Mais là, on assiste apparemment à une formidable opération de purge qui sent trop fort le népotisme voire l’escroquerie.
Ghoul-Benyounès en flagrant délit
Certains ministres auraient ainsi profité de la mesure pour placer les cadres de leurs partis politiques dans des hauts postes de responsabilités dans les secteurs qu’ils dirigent. Et à ce jeu, la palme revient à M. Amara Benyounès de l’industrie et Amar Ghoul des transports qui se seraient particulièrement montrés «généreux» vis-à-vis de leurs militants à qui ils ont offert des postes de premier plan dans leurs ministères comme celui de «conseiller» ou de secrétaire général.
Les militants de TAJ de Amar Ghoul et ceux du MPA de Amar Benyounès ont ainsi remplacé au pied levé des cadres confirmés qui ont le défaut de n’avoir aucune étiquette politique. On parle aussi de la même pratique au niveau du ministère du travail et celui de la santé.
Dans le secteur des transports qui gère des dizaines d’entreprises dont la prestigieuse Air Algérie et l’ENTMV, les langues commencent à se délier. Plusieurs syndicats ont dénoncé l’ordre qu’aurait intimé le ministre à tous les responsables des entreprises de lui communiquer l’état de leurs effectifs et de bloquer toutes les nominations.
Au bonheur du TAJ et du MPA
Amar Ghoul qui a déjà sévi de la même manière aux secteurs de la pêche et celui des travaux publics est apparemment déterminé à donner du travail à tous les délégués de son parti dans toutes les wilayas. C’est en effet un système redoutable de recrutement politique fiancé par le contribuable.
Un vrai scandale qui en dit long sur la face cachée de la «bonne gouvernance» sur laquelle s’époumone Ghoul et Benyounès ainsi que leurs semblables. Faire d’une administration ou une entreprise publique une propriété privée pour recruter inconsidérément des militants de son parti est tout simplement une escroquerie. On comprend mieux après ces révélations le soutien zélé de ces deux ministres à un 4ème mandat. Ils trouvent bien leurs comptes à servir leurs partis.