Le samedi 11 novembre 2017 (qui a commémoré le jour de l'Armistice, c'est-à-dire la fin, un siècle moins un an plus tôt, de la première guerre mondiale de 1914-1918) une cérémonie pour rendre hommage aux soldats musulmans morts pour libérer la France de l'envahisseur allemand d'alors, s'est déroulée au carré musulman du cimetière de la mulatière, près de Lyon, en présence du préfet de la région Auvergne-Rhône-Alpes, Stéphane Bouillon et des recteurs des mosquées de Lyon et de Villeurbanne, Kamel Kebtane et Azzedine Gaci.
202 de ces soldats musulmans morts entre 1914 et 1918 (dont 60% étaient des Algériens, 18% des Marocains, 8% des Tunisiens, et 14% des Subsahariens) reposent dans ce carré musulman du cimetière de la mulatière près de Lyon- des tombes qui ont été découvertes par hasard, en 2007, par un chercheur français né à Tiaret, Frédéric Coufin-
Des tombes découvertes, par hasard, 90 ans après ce qui fut un véritable carnage, une immense tragédie.
"Par hasard", c'est dire forcément le peu "d'intérêt" (et de reconnaissance) qu'inspire, dans la mémoire collective française, le sacrifice de dizaines de milliers de soldats musulmans morts, pendant la première guerre mondiale (mais aussi durant le second conflit mondial) sur des champs de bataille situés loin, très loin de leur pays d'origine.
Faut-il rappeler que lors de cette grande guerre de 1914-1918, quelques 45000 soldats musulmans (zouaves, tirailleurs algériens, marocains, tunisiens, sénégalais) sont morts au combat, à la seule bataille de Verdun, qui opposa, du 21 février au 19 décembre 1916, les armées française et allemande?
Durant cette même grande guerre, environ 300.000 soldats maghrébins ont été mobilisés, dont 175.000 Algériens, 80.000 Tunisiens et 40.000 Marocains. Selon des témoignages recueillis par les historiens français, ces soldats du Maghreb s'illustrèrent au combat par leur grande bravoure et leurs troupes furent parmi les plus décorées.
Pour "l'anecdote", c'est à partir de cette première guerre mondiale que va naître l'immigration maghrébine en France. N'y étaient installés avant cette date, qu'environ 15000 maghrébins. De 1914 à 1918, l'Afrique du Nord va envoyer en France métropolitaine, en plus de dizaines de milliers de soldats enrôlés par la force, quelque 180.000 travailleurs, dont beaucoup resteront sur place, après la fin des hostilités.
Le rêve nationaliste algérien du 20e siècle naitra, pour sa part, dans les rangs de cette première génération d'ouvriers algériens de la "ghurba" des années 1920, principalement dans les mines du nord de la France et de la Lorraine, à Paris, Marseille et dans la région de Lyon-Saint Etienne, un rêve qui aller déboucher, une quarantaine d'années plus tard, sur l'indépendance de l'Algérie.
Mais qui se souvient aujourd'hui de ces dizaines de milliers de soldats musulmans morts, lors de la première guerre mondiale, pour libérer la France? Peut-on se demander également si la cause pour laquelle ils ont été sacrifiés (car souvent ils ont été enrôlés dans l'armée française, bien malgré leur volonté) était directement la leur ?