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Ces choses que les Saoudiens ne peuvent pas acheter

30-05-2017 16:13  Médias

Il y a quelque chose d’obscène chez toutes ces personnes qui, après avoir occupé des postes élevés au sein d’un gouvernement – par exemple, un ambassadeur ou un chef de l’armée – occupent une fonction, après la retraite, comme employés d’un gouvernement étranger.

L’ancien chef de l’armée du Pakistan, le général Raheel Sharif, n’aurait pas dû accepter l’offre faite par le roi saoudien Salman de le nommer à la tête d’une nouvelle formation militaire de l’Alliance islamique.

Cela tombe sous le sens que cette nomination ferait de facto du général pakistanais un vassal de la Maison des Saoud. Qu’avait-il besoin de cela? Un général pakistanais est presque certainement un homme très riche qui n’a pas vraiment besoin de plus d’argent. Et si le général Sharif avait des démangeaisons insatiables de continuer à lutter contre le terrorisme jusqu’à la fin de sa vie, le Pakistan lui-même pouvait lui en fournir de nombreuses occasions.

Pourquoi l’Arabie Saoudite? La seule réponse plausible est – l’avarice. Les capacités des Saoudiens à attirer les élites étrangères sont légions. Selon les rapports, Salman a donné au président américain Donald Trump, rien que pour les cadeaux personnels, des dons d’une valeur de 1,2 milliard $. Une lourde épée en or pur et parsemé de diamants pesant 25 kilogrammes valait à elle seule 200 millions $. Ensuite, il y a ce yacht de 125 mètres de long, qui est apparemment le plus grand yacht personnel du monde, avec 80 chambres et 20 suites royales.

Peut-être que le yacht est utile pour les frasques de Trump, mais à quoi peut bien lui servir une épée de 25 kg? De toute évidence, Salman voulait soudoyer Trump. L’objectif derrière tout cela est que Salman espère probablement de Trump la clôture du dossier sur les attaques du 9/11 et qu’il laisse tomber l’idée de demander la réparation pour les familles des victimes en vertu de la loi américaine connue sous le nom de jJustice Against Sponsors of Terrorism Act .

Bien sûr, les Saoudiens n’ont pas à faire ces cadeaux somptueux aux élites du Pakistan (ou de l’Inde). Un stylo Mont Blanc, une montre-bracelet Rolex, un job particulier pour le neveu ou le gendre, fait généralement l’affaire. Certes, selon les normes pakistanaises, le général Sharif doit obtenir un salaire conséquent.

Cependant, le plus incroyable, c’est que le gouvernement pakistanais lui a donné exceptionnellement un « certificat de non-objection » pour accepter une telle nomination. Les dirigeants pakistanais devaient savoir que les Saoudiens avaient un certain agenda pour la création de l’Alliance Militaire Islamique (AMI). L’intention saoudienne est de rallier les pays musulmans sunnites et créer une coalition contre l’Iran chiite. Peu importe le discours présentant cette Alliance Militaire Islamique comme une entreprise anti-terroriste, l’orientation de l’alliance contre l’Iran était limpide comme le cristal.

La presse pakistanaise a rapporté que l’ambassadeur d’Iran à Islamabad, Mehdi Honardoost, a appelé le chef de l’armée le général Javed Qamar Bajwa à Rawalpindi deux fois pendant le seul mois d’Avril pour transmettre l’inquiétude de Téhéran au sujet de la nomination de Sharif. Mais le gouvernement était resté impassible.

La situation est on ne peut plus claire, il faudra en tirer les conséquences. L’un des résultats de la visite de Trump à Riyad la semaine dernière est que l’Alliance militaire islamique est aujourd’hui assez nue en tant qu’alliance musulmane sunnite pour combattre l’Iran. Non seulement cela, l’alliance se battra contre l’Iran en collaboration secrète avec Israël. Le Prince héritier bis du royaume saoudien Mohammad bin Salman s’est vanté dans une interview aux médias, «Nous n’attendrons pas que la guerre soit portée sur le sol saoudien. Nous veillerons à ce que la guerre soit menée en Iran et non en Arabie Saoudite ».

Maintenant, tout cela est hors de contrôle. Imaginez le général Sharif faisant atterrir les troupes de l’AMI à Bandar-e Bushehr et menant la charge de la brigade légère à Chiraz, Ispahan et à Téhéran pour renverser le régime iranien. Dès lors, il n’est pas du tout surprenant que le général Sharif se soit, parait-il, refroidi et ait envisagé de démissionner de son poste et son retour au Pakistan.

Même si ce n’est pas le cas, les dirigeants pakistanais devraient lui ordonner de rentrer chez lui. Il sera extrêmement préjudiciable aux intérêts du Pakistan, quelle que soit la manière dont on considère la chose, si le pays est empêtré dans les tensions irano-saoudiennes. Comme dit le proverbe africain: « Quand les éléphants se battent, c’est l’herbe qui souffre ».

Ce qui est vraiment bizarre c’est que la rhétorique de Trump sur l’Iran n’est qu’un tissu d’âneries. Trump est un maître du bluff. Il va maintenant avancer en riant avec l’épée et le yacht. Lire un rapport dans le New York Times – As Iran and U.S. Leaders Trade Barbs, Big Deals Proceed..

Par M K Bhadrakumar : journaliste indien
Sources : India Punchline ; traduit par Réseau international



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