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Bouteflika proclamera sa candidature à la présidentielle à l’issue la tripartite où seront annoncés des mesures populistes

21-02-2014 17:24  Lila Ghali

Le président Abdelaziz Bouteflika a évoqué cette semaine à deux reprises la présidentielle du 17 avril prochain, alors qu’il continue de garder le secret sur ses intentions personnelles. Mais juste pour quelques jours encore. Une première fois mardi dans son message, à l’occasion de la commémoration de la journée nationale du Chahid. Et c’était pour rappeler que le pays est sur la ligne droite pour « un important rendez-vous, à savoir l'élection présidentielle qui constitue une nouvelle étape censée permettre à l'Algérie de consolider ses acquis dans tous les domaines, qu'il s'agisse de l'Etat de droit, du renforcement de la pratique démocratique, du respect des droits de l'Homme ou de la justice sociale et du développement économique à travers l'ensemble du territoire national ».

La deuxième fois, c’était jeudi, dans une instruction dans laquelle, le chef de l’Etat à appelé l’administration à l’obligation d’impartialité. Au demeurant, cette directive n’a rien d’original puisque le président en fait état à la veille de chaque consultation électorale. En quelque sorte, elle fait partie du dispositif électoral, dans son volet relatif aux garanties de transparence, de régularité et de neutralité de l’administration. En fait c'est à un comportement irréprochable des agents de l'Etat qu'appelle le président Bouteflika, lequel comportement devant se traduire concrètement par la mise en œuvre de tous les mécanismes de contrôle et de surveillance de l'opération.

En matière de contrôle, le chef de l'Etat appelle à la remise des copies de la liste électorale de chaque commune et celle des membres de bureaux de vote aux représentants des formations politiques prenant part au scrutin, et ce dans les délais prévus par la loi organique sur les élections. Dans le même chapitre, il est fait obligation aux agents chargés de l'organisation du scrutin de remettre les copies des procès-verbaux de dépouillement et de recensement de vote aux représentants de partis et ceux des candidats.

Ce dispositif vise à permettre aux candidats en lice de superviser l'opération sur l'ensemble des bureaux de vote y compris ceux itinérants. L’instruction du président Bouteflika, s’adresse également à la presse nationale invitée à « contribuer à la réussite du scrutin en aidant à créer un climat propice à une saine compétition ». A l'adresse de la presse publique, le président Bouteflika recommande de la rigueur professionnelle en vue d'assurer un traitement équitable en matière de "couverture" pour tous les candidats pour faire connaître leur programme. Il formule aussi le voeu de voir la presse privée faire preuve d'esprit professionnel et de respect des règles d'éthique.

Au-delà de l’adresse à l’égard des agents publics et des journalistes, l’instruction de Bouteflika vaut aussi par ses non-dits. En effet pas un mot sur un eventuel appel aux observateurs internationaux, alors que le représentant de l’Union européenne, lors d’une récente visite à Alger, avait réaffirmé dans ce sens une disponibilité à sa rencontre avec Ramtane Lamamra. Le président a également passé sous silence la demande des partis politiques qui ont demandé, comme gage de transparence et de régularité, un mécanisme indépendant pour la gestion et d’organisation de l’élection. Il est vrai que son ministre de l’Intérieur avait déjà fait connaitre la réponse des pouvoirs publics.

Toutes ces promesses de neutralité et de transparence, qui constituent, en apparence, un scrutin au dessus de tout soupçon, sont loin d’être convaincantes. Car à chaque scrutin, elles sont déclinées, mais à chaque scrutin (hélas !) la fraude a été au rendez-vous. De l’aveu même des commis de l’Etat qui ont eu à gérer plusieurs élections. Les citoyens croiraient volontiers à l’appel du président s’il était seulement arbitre.

Mais comme il est lui-même candidat à sa propre succession, avec un ministre de l’Intérieur, un ministère de la Justice et un président du Conseil constitutionnel, qui lui sont totalement acquis, c’est couru d’avance. Et selon des échos concordants, le président Bouteflika a enregistré déjà le message dans lequel il annoncera sa candidature. Ce sera vraisemblablement, juste après la tripartie de dimanche au terme de laquelle seront annoncées des mesures populistes. Sorte de dot de Bouteflika à l’Algérie pour obtenir son quatrième mandat.

 

 



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