C’est l’une des rares fois où l’on entend un nouveau responsable critiquer sans le (s) nommer la gestion de son (ou ses) prédécesseurs (s).
Et cette exception de Mohamed Abdou Bouderbala, nouveau patron d’Air Algérie mérite d’être soulignée tant son propos tranche avec la langue de bois habituelle que s’échangent les partants et les arrivants.
"Malgré les résultats financiers intéressants, Air Algérie traverse aujourd'hui une période de dysfonctionnement avec son mode actuel de gestion, un modèle traditionnel qui ne répond plus aux besoins de ses clients". Décapant constat d’un homme rompu à la gestion des secteurs autrement plus délicats comme les Douanes et les impôts.
A Air Algérie il semble découvrir une compagnie aérienne publique transformée en auberge espagnole par les PDG successifs qui n’ont rien fait sinon parler dans les journaux et faire de la com’.
Ne serait- ce que pour ce ton cru, Bouderbala mérite d’être écouté lui qui n’est pas issu de cette «boite» à surprises, mondialement connue pour ses retards légendaires et ses prix imbattables en terme de... cherté
M. Bouderbala ne s’est pas empêché aujourd’hui devant la conférence annuelle des cadres de la compagnie de dire ces vérités.
Il a en effet déclaré que cette situation s'est traduite par une «perte de parts de marché, une détérioration de l'image de marque de la compagnie et une remise en cause de sa fiabilité à cause notamment de la dégradation de la qualité de ses services et les problèmes de ponctualité des vols, a expliqué ce responsable».
Une gestion à l’ancienne…
On est loin des satisfecit des autres pédégés qui se répandent en formules pompeuses et fixant des objectifs quasiment inatteignable suivant le fonctionnement anachronique de cette compagnie.
Pour Mohamed Abdou Bouderbala, la solution est aussi claire que le constat : Air Algérie «doit repenser son modèle d'exploitation et de gestion afin de générer l'excellence opérationnelle pour une prise en charge immédiate des dysfonctionnements».
Autrement dit, le pavillon national doit se hisser à un niveau de prestations au moins égal à ce qui se fait chez la concurrence. Parce que pour le nouveau PDG, l’objectif final est de «satisfaire et fidéliser les clients et consolider les parts de marchés de la compagnie à court terme».
Plus de recrutement
Bouderbala n’a pas fait que mettre des mots sur les maux d’Air Algérie. Il a aussi égrainé des chiffres. Ainsi, en termes de respect des horaires de vols, point noir d'Air Algérie, le taux de ponctualité a atteint 60% en 2014 avec une durée moyenne de retard de plus d'une heure.
Commentaire de Bouderbala : Ce chiffre «reste en deçà de l'objectif fixé par la compagnie (70%) et des normes internationales (80%)». Mohamed Salah Boultif et Wahid Bouabdellah apprécieront…
Pire, sur un total de 61000 vols planifiés en 2014, pas moins 558 ont été annulés l'année dernière. Énorme, quand on sait que cela n’est pas dû aux mouvements sociaux ou encore aux mauvaises conditions de navigation mais à la mauvaise programmation.
Que faire ? Le nouveau PDG promet de recruter dans les postes techniques (pilotes, personnel navigant commercial, personnel au sol) où il y a un déficit.
Mais il s’engage à ne pas ouvrir des postes administratifs puisque Air Algérie (emploie 9000 personnes !) dispose d’une armée mexicaine en sureffectif.
En somme, Bouderbala met en place un bon plan de vol pour se battre dans les airs contre la concurrence et contre les zones de turbulences.