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Benflis pris comme un bleu

18-04-2014 17:01  Rafik Benasseur

Rideau sur une élection présidentielle qui a tenu en haleine tout le pays. Au-delà du vainqueur on retiendra surtout qu’il y a pas eu, fort heureusement, de graves dérapages à part ce qui s'est passé à Bejaia oeuvre de pseudos démocrates. C’est le plus grand ouf de soulagement qu’on pourrait pousser après ce scrutin porteur de tous les dangers.

Le discours musclé teinté parfois de haine distillé tout au long de la campagne électorale relayé par des chaînes de télé, a fait craindre le pire pour ce 17 avril. Il faut donc se féliciter de ce qu’il n y a pas eu mort d’homme. Quant aux résultats, il fallait être d’une grande naïveté politique pour oser croire que le candidat Abdelaziz Bouteflika pouvait se louper.

Sans doute que même son principal concurrent Ali Benflis ne croyait pas trop à sa victoire bien qu’il ait réussi à rassembler des milliers de personnes dans certaines wilayas. Mais au-delà des chiffres assez souvent trompeurs et sujets à caution, il faut reconnaître que le régime a joué au grand complet. Quand on additionne les sigles des partis politiques, des anciennes organisations de masses, des organisations patronales, des clubs sportifs, des associations et les noms des acteurs politiques, des footballeurs et des artistes, il ne faudrait pas se faire d’illusion.

Faux suspens

Et quand on souligne le fait que plusieurs chaînes de télévision dites privées ont «roulé» pour le candidat Bouteflika, la messe était dite avant même le début du scrutin. Au regard de ce gigantesque dispositif politico-médiatique, ce fut juste un faux suspens. Le pouvoir ne perdant jamais, il était alors naïf de croire à l’improbable échec de l’entreprise quatrième mandat. Il est vrai que les attaques incroyables de Amar Saadani contre le DRS et son chef avaient fait croire à beaucoup d’observateurs qu’il y avait une fracture au sommet de la décision.

Mais le ralliement, surprenant il est vrai, du duo Ouyahia-Belkhadem à la cause de Bouteflika a confirmé que le régime allait jouer en rangs serrés pour faire gagner son candidat.

Benflis pris comme un bleu

De ce point de vue là, il n y a aucune surprise sur l’issue du scrutin abstraction faite des dépassements qui auraient pu être signalés par endroits. La défaite de Ali Benflis était donc quasiment inévitable. Benflis, a comme un bleu, crû qu'il fallait uniquement se baisser pour ramasser la donne. Le déchantement sera  douloureux pour le perdant. La claque est tellement forte que groggy et sonné, Benflis peine à crier d'une voix inaudible qu'il y a fraude.



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