Très lisse jusque là, le candidat Ali Benflis, le principal concurrent de Bouteflika le 17 avril prochain est sorti de sa coquille aujourd'hui. Visiblement sonné par les chiffres astronomiques sortis par le clan présidentiel sur les "millions"de signatures recueillis en cinq jours, l'homme semble avoir enfin compris que les jeux sont faits. Ou presque.
Il a ainsi transformé le moment censé être solennel de la remise de son dossier au président du Conseil constitutionnelle, Mourad Medelci, en tribune médiatique pour prendre à témoin les algériens.
Contrairement à la "prestation" du candidat Bouteflika où les journalistes et les photographes étaient tenus loin du salon, d'accueil, Benflis a emmené avec lui une forêt de reporters pour précisément faire passer ses messages.
L'exercice peu habituel a évidemment gêné son hôte Medelci qui affichait une tête de mort face au "sermon" de Benflis. Ceci pour la forme.
Dans le fond, M. Ali Benflis qui a maintenu sa candidature contre vents et marées, a adressé une sérieuse mise en garde contre ceux qui seraient tenté de fausser la compétition.
Il a carrément appelé le "peuple algérien à protéger sa voix et son choix souverain et à ne pas céder au chantage ni aux intimidations".
Prononcé dans un moment aussi solennel, ce propos se décline comme une menace quant aux implications d'une éventuelle fraude au profit du candidat du pouvoir à savoir Abdelaziz Bouteflika.
"Ma candidature est confortée par la volonté des citoyens qui refusent la politique du fait accompli et s'interdisent de cautionner des pratiques honteuses qui violent la conscience citoyenne"argue-t-il suggérant qu'il a des millions de soutiens derrière lui qui ne sont pas prêts à se laisser "voler" la victoire.
Medelci gêné par la tournure
Implicitement il conteste à Bouteflika la représentativité qui serait dans la logique de Benflis factice et surfaite. "Le temps est venu pour le peuple algérien d'assumer son destin et de mettre fin à toute forme de monopole et d'accaparement du pouvoir à vie", lance-t-il à l'endroit du clan de Bouteflika.
C'est la première fois que Benflis ose hausser le ton lui qui sait qu'il tente sa dernière chance pour prendre les clés d'El Mouradia. "J'ai décidé d'assumer mes responsabilités pleinement devant Dieu et devant le peuple algérien, et j'appelle l'Etat et ses institutions à ne pas faillir à leurs mission constitutionnelles pour que cette étape déterminante pour l'Algérie ne soit pas inscrite comme un rendez-vous manqué".
Mourad Medelci qui a été formellement interpellé en tant président du Conseil constitutionnel l'a rassuré que son institution "appliquera la loi dans sa stricte rigueur".
Mais faut-il prendre pour argent comptant cette belle profession de foi d'un homme nommé par ...Abdelaziz Bouteflika. Et qui a oublié "d'être intelligent" dans le gestion de l'affaire Khalifa. Pour autant, la mise au point de Benflis en valait la peine aux yeux de l'opinion publique nationale et internationale.