Plus de six mois après l’élection présidentielle au terme de laquelle il avait dénoncé une fraude «massive et généralisée», et a promis de faire des révélations, Ali Benflis a tenu parole.
Dans un livre au vitriole au titre évocateur "Livre blanc de la fraude", l’ex candidat à la présidentielle d’avril 2014, a listé chiffres et documents à l’appui, les innombrables irrégularité ayant émaillé le scrutin.
On notera d’abord que Ali Benflis vient d’honorer une promesse faite aux algériens au lendemain du scrutin de faire des révélations sur ce qu’il avait qualifié de"détournement de la volonté populaire".
De ce point de vue là et pour l’histoire, Ali Benflis a posé le jalon d’une saine pratique politique en disqualifiant publiquement le recours à la ruse et la falsification dans les processus électoraux.
C’est la première fois en effet que cette détestable pratique de la fraude électorale est ainsi dénoncée dans un document public où sont répertoriés à coup de chiffres et de documents justificatifs, les innombrables manquements à l’éthique politique.
De fait, les auteurs de la fraude électorale sont désormais pris en flagrant délit. Il appartient à ceux qui sont mis en cause dans ce livre au titre évocateur "Libre blanc de la fraude électorale" d’apporter la preuve que les preuves matérielles fournies par Benflis sont fausses.
Livre blanc sur la fraude
Bien que ce témoignage ne risque pas de remettre en cause les résultats de la présidentielle d’avril, il constitue tout de même une grosse pierre dans le jardin du pouvoir le mettant en demeure d’arrêter ce jeu malsain et dangereux pour le pays.
Ali Benflis n’a d’ailleurs pas manqué de crier dans sa déclaration liminaire aujourd’hui : "Assez ! " à la fraude qui sous couvert fallacieux de la préservation de la stabilité conduit le pays vers l’instabilité véritable". Pour le candidat malheureux, il s’agit tout simplement d’un "crime contre la nation".
Tout au long de son livre, Benflis égrène la litanie d’irrégularités, et de falsifications constatées et étayées par des documents irrécusables. La fraude est, écrit-il, "présente dans les toutes phases du processus électoral".
Des preuves irréfutables
Pis encore, l’auteur évoque une "Coalition pour la fraude" qui va, d’après lui de la présidence au Conseil constitutionnel en passant par le parlement et le gouvernement".
Autrement dit ce sont toutes les institutions qui ont été mises, d’après lui, au service du seul candidat du régime (Bouteflika). Benflis ne manque pas non plus de pointer les "puissances de l’argent douteux" et les médias.
Pourquoi un livre blanc ? "C’est pour dire "Assez ! à la fraude qui menace l’Etat dans ses fondations et l’affaiblit dangereusement», tempête Benflis. Pour lui, la présidentielle d’Avril a constitué une «agression sans nom contre la volonté populaire".
Benflis pense que la "situation d’impasse que nous vivons actuellement à la tête des institutions de l’Etat "c’est la conséquence de la révision constitutionnelle de 88 qui a ouvert la porte à la succession dynastique". Et d’asséner : "Nous sommes devenus un objet de dérision et de commisération parmi les nations".
C’est donc un réquisitoire en règle que le désormais chef du pôle du changement a dressé contre le pouvoir mettant en garde contre le poursuite de ces pratiques sur la stabilité du pays.