Info Algérie1 : Le candidat Ali Benflis est-il entrain de franchir une ligne rouge, jusque-là tacitement acceptée par la quasi-totalité de la classe politique légale ? La question est plus que jamais de mise, compte tenu de la teneur de sa déclaration gravissime faite aujourd’hui (dimanche) dans la wilaya de Mila, où il animait un meeting électoral.
Parlant de ses projets politiques, dans le cas où il serait élu, il citera « une Constitution consensuelle ». Sauf que cette Constitution, telle qu’il l’entend, vise à remettre dans l’équation politique le front islamique du salut (FIS). Benflis n’a pas été jusqu’à employer ces trois lettres synonymes de terreur pour des millions d’Algériens, mais c’est tout comme.
Y « seront associés tous les partenaires politiques et sociaux et même ceux qui sont actuellement exclus de l’activité politique car, a-t-il ajouté, ils sont une partie de la solution''.
Tout le monde sait que ceux qui sont exclus de l’activité politique, en vertu des dispositions de la Charte pour la paix et la réconciliation nationale, ce sont bien les cadres de l’ex FIS, dont l’excité Ali Benhadj, Abassi Madani, exilé doré au Qatar, Abdelkader Boukhamkham, Djeddi, Guemazi, Chigara et d’autres.
Ali Benflis, lors de rassemblement à Mila a voulu donné de lui l’image d’un homme politique capable d’écoute. "Celui qui veut changer les choses en Algérie, qui est la maison de tous, doit être capable d’écouter les autres'', a-t-il expliqué, avant de dénoncer la révision de la Constitution en 2008, la qualifiant de « grave dérapage ».
Benflis dévoile ses cartes
Maintenant que le candidat Benflis a ainsi dévoilé ses cartes, il y a lieu de s’interroger sur les motivations de cet appel du pied aux ex cadres du FIS et à leur base , demeurée depuis des années en état de déshérence politique ?
Nous croyons savoir, selon de bonnes sources, qu’ Ahmed Merani, membre fondateur du parti dissous, n’est pas étranger à l’inflexion islamiste du discours du candidat Benflis. Même Abassi Madani, ajoutent les mêmes sources, aurait donné sa bénédiction à la démarche.
En fait, Ali Benflis est en cohérence avec lui-même, dans une certaine mesure du moins, car on se souvient que lors de sa déclaration du 19 janvier à l’hôtel Sofitel, il avait fait part de son intention d’approfondir les dispositions de la charte pour la paix et la réconciliation nationale, mais sans donner plus de détails.
Les choses sont désormais un peu plus claires. Mais plus dangereuses surtout, car le candidat Benflis risque de jouer avec le feu dans le cas où il irait au bout de son projet. A moins que ses yeux doux pour l’ex FIS et sa base ne soit que de l’électoralisme pur. Car il faut bien le souligner, même le président Bouteflika, initiateur de la charte pour la paix et la réconciliation nationale, n’a jamais envisagé la remise en jeu des cadres du FIS, car les considérant comme les responsables politiques de "la tragédie nationale" .