L'arrivée en Algérie du nouveau chef du gouvernement tunisien, Mehdi Jomaa pour son tout premier voyage officiel à l'étranger constitue assurément une bonne nouvelle. Pour l'Algérie qui fait face à des provocations récurrentes et une campagne d'hostilité interrompue de son voisin de l'ouest le Maroc, la visite de Mehdi Jomaa est quelque part un beau cadeau.
Le chef du gouvernement tunisien aurait pu choisir d'aller à Rabat ou à Doha. Mais il a préféré l'Algérie qui a soutenu, accompagné et conseillé les différents acteurs politiques tunisiens pour trouver enfin un terrain d'entente sous forme d'une Constitution démocratique sans pareille dans le monde arabe.
C'est donc un Premier ministre fier de ce qu'a accompli son pays qui vient en Algérie témoigner de sa reconnaissance pour l'appui que son pays a reçu. Dans une déclaration à l'APS à la veille de sa visite, Mehdi Jomaa s'est ainsi félicité du "soutien continu de l'Algérie à la Tunisie à tous les plans". Il a aussi précisé avoir "choisi" cette destination pour sa première visite à l'étranger, compte tenu des relations bilatérales "solides" et de "la position privilégiée qu'occupe l'Algérie".
Le bon voisinage
"Plus que des relations de voisinage, les liens entre les deux pays sont basées sur une histoire et un destin communs", a encore souligné Mehdi Jomaa. Des propos qui rassurent quand on entend la littérature guerrière que tiennent les responsables du makhzen à longueur de semaines. Faut-il rappeler aussi que le chef de l'Etat tunisien, Mohamed Moncef Marzouki, a envoyé vendredi dernier un message au président Bouteflika de la République, Abdelaziz Bouteflika, dans lequel il a salué "le rôle joué par l'Algérie" dans le soutien du processus de transition démocratique en Tunisie.
C'est dire que l'axe Alger-Tunis, se fluidifie et se solidifie au grand bonheur des deux peuples frères qui seront forcément rassurés de cet authentique bon voisinage qui ne s'est du reste jamais démenti depuis l'indépendance des deux pays.
Fortunes diverses
Le sang algérien et tunisien s'est en effet mêlé à Sakiet Sidi Youcef que les deux pays frères célèbrent en rangs serrés chaque année comme un marqueur d'une histoire commune et d'une destin tout aussi commun. Mais ce rapprochement prometteur ne saurait cacher le gap démocratique qui sépare les deux pays.
Ainsi Mehdi Jomaa représente en Algérie un pays résolument engagé sur la voie de la liberté et de la démocratie. La Tunisie est désormais le contre exemple d'un printemps arabe qui a viré au cauchemar en Egypte, en Libye et en Syrie. Après plus de deux années d'âpres négociations, ponctuées de manifestations parfois violentes et quelques assassinats politiques, la Tunisie a su rebondir dans le bon sens grâce à une prise de conscience aiguë, des acteurs politiques, de la nécessité de sauver une démocrate naissance au risque de tuer l'espoir.
En revanche, un épais brouillard enveloppe le ciel algérien avec ce quatrième mandat qui plombe complètement la vie politique du fait de la maladie du président et des doutes des uns ou des certitudes des autres quant à sa candidature ou pas aux prochaines élections présidentielles. Les algériens sont donc légitimement préoccupés par l'avenir de leur pays malgré les fausses assurances des soutiens zélés de la "stabilité et de loyauté" à l'image de Amar Ghoul, Amara Benyounès et Amar Saadani. Une "stabilité" qui se réduit à leurs yeux, à leur maintien au sein du gouvernement où ils brillent par leurs ratages et leurs casseroles.