En décrétant que les tricheurs au BAC auront la possibilité de refaire leur année dés septembre prochain, le Premier ministre a créé un grave précédent. Il ainsi ouvert la voie à toute sorte de triche et de fraude en couvrant par son impunité, un comportement socialement répréhensible et pédagogiquement interdit.
A trop vouloir acheter à n’importe quel prix la paix sociale, Abdelamalek Sellal et ceux qui ont inspiré cette scandaleuse mesure en faveur des tricheurs, ont complexé la famille de l’éducation.
Déjà que la médiocrité monte crescendo au sein de l’école algérienne, ce rachat des fraudeurs au BAC est de nature à bousiller le moral des enseignants et tous les cadres intègres de ce secteur stratégique. Eux qui pensaient faire œuvre utile en vouant aux gémonies les 3.000 «copieurs» qui ont jeté le discrédit sur cet examen, ont été surpris de découvrir cette impensable «générosité» du gouvernement.
«Nous ne voulons pas de cette paix sociale qui porte atteinte à la crédibilité de tout un État», tempête Meziane Meriane, responsable du SNAPEST. Le coordinateur du Conseil des lycées d’Alger, (CLA), regrette lui que la politique fasse irruption à l’école. «C’est malheureux qu’une affaire pédagogique devienne une affaire politique», s’insurge, Idir Achour.
Ces réactions dépitées recueillies par nos confrères auprès des chefs des syndicats de l’éducation en disent long sur l’onde choc provoquée par la mesure Sellal. C’est que la décision du Premier ministre d’absoudre les tricheurs de leur «forfait» pédagogique nuit gravement à l’éthique de l’éducation et au devoir d’exemplarité dont un gouvernement doit faire preuve.
Prime à la médiocrité et la fraude
Abdelamalek Sellal a ainsi choisi la plus mauvaise solution en repêchant des candidats pris en flagrant délit de triche. Au lieu de leur infliger une punition proportionnelle à leur acte anti pédagogique, il a préféré leur (r) ouvrir les lycées pour une seconde chance. Au-delà du choc qu’elle a provoquée au sein de l’opinion, cette mesure inique et unique constitue une prime à la médiocrité, voir un encouragement à la fraude.
Elle donne un mauvais signal à tous ceux qui n’arrivent pas à régler leurs problèmes de recourir à des méthodes peu recommandables. Comme par exemple, falsifier un casier judiciaire, un certificat de scolarité ou de résidence pour accéder à un poste de travail, un logement ou même se porter candidat à une élection… A n’en point douter, cette mesure va faire tache d’huile.
On ne pourra plus sanctionner un candidat tricheur et peut être même celui qui agressera son enseignant ! A quoi servirait-il alors de prêcher la bonne parole à l’école quand une décision politique discrédite les valeurs de l’effort, de l’honnêteté et de la méritocratie ? Tiens, voilà un bon sujet de philosophie au prochain BAC pour ces tricheurs rachetés ! Et Sellal serait le mieux indiqué pour corriger leurs copies…