Les attentats de Paris ont conduit à un changement de cap dans la stratégie occidentale face au conflit syrien, et l'organisation terroriste Daech est désormais désigné comme la priorité absolue pour les occidentaux, la France notamment, qui, à l'avantage de la Syrie, veut changer ses choix diplomatiques et sa position concernant l'avenir du président syrien Bachar al-Assad.
Dans son discours devant le Parlement, le Président français, François Hollande, a déclaré que le président syrien Bachar al-Assad ne pouvait constituer "l'issue du conflit" en Syrie. Mais il ne l'avait jamais dit aussi clairement: "notre ennemi, c'est Daech".
Une rencontre avec Barack Obama est prévue la semaine prochaine à Washington -après une entrevue avec John Kerry ce mardi à Paris- et une autre avec Vladimir Poutine, "pour unir nos forces". Une grande coalition internationale, unique, pour "détruire" le groupe terroriste autoproclamé "Etat islamique", (EI/Daech).
Ce revirement politique français sur la question syrienne, accéléré par les attentats de Paris, tend à rapprocher Paris de Moscou. Le président russe avait appelé auparavant devant l'Assemblée générale des Nations Unies, la communauté internationale à former une "coalition internationale élargie" contre Daech.
Feuille de route de Vienne, importante mais insuffisante, selon Damas Le Groupe international de soutien à la Syrie, comprenant les grandes puissances, dont les Etats-Unis, la Russie, l'Union européenne, les pays arabes et l'Iran et organisations internationales, avait annoncé samedi à Vienne une feuille de route pour une transition politique en Syrie avec des élections d'ici 18 mois.
Toutefois, ils restent deux points d'achoppement entre les occidentaux et leurs alliés d'un côté, la Russie et l'Iran de l'autre: le sort du président syrien et la définition des groupes syriens devant être qualifiés de "terroristes"et ceux pouvant être considérés comme appartenant à l'opposition. Le président syrien a vu dans les attentats de Paris la confirmation de la nécessité de ne pas faire de son départ un préalable à toute action internationale d'envergure.
Certains participants à la 3e réunion du Groupe international de soutien à la Syrie, à Vienne insistaient pour que la mise à l'écart de Bachar al-Assad soit prévue par la déclaration finale, mais l'Iran n'a pas permis que ce point soit évoqué dans la déclaration finale", a affirmé le vice-ministre iranien des Affaires étrangères, Hossein Amir Abdollahian.
"Nous avons insisté sur le fait que seule la personne de Bachar al-Assad pouvait décider de se représenter ou pas aux élections et seul le peuple syrien pouvait décider de voter ou pas pour lui", a déclaré le vice-ministre iranien des Affaires étrangères, Hossein Amir Abdollahian.
Les divergences persistent donc sur l'avenir d'al-Assad, mais celles-ci, "ne doivent pas devenir l'autel sur lequel la Syrie est sacrifiée", avait commenté le premier ministre britannique. L'émissaire des Nations unies pour la Syrie, Staffan de Mistura, a exhorté la veille de la tenue de la réunion de Vienne, (la troisième) les grandes puissances à tirer profit de "l'élan" insufflé par les pourparlers et à mettre en place un plan de paix afin de sortir le pays de la guerre. "Il est temps pour des pays comme la Russie, l'Arabie saoudite et l'Iran de relever ces défis", a-t-il ajouté.
Pour la Commission de suivi du dialogue national syrien, la dernière réunion de Vienne constitue un pas, mais demeure "insuffisante tant elle ne met pas en application les décisions du Conseil de sécurité concernant la lutte contre le terrorisme qui passe nécessairement par la lutte contre le financement et l'armement des groupes terroristes".
Mises en gardes contre les amalgames sur la question des réfugiés
Plusieurs Etats américains républicains, le Premier ministre populiste hongrois Viktor Orban et la chef de l'extrême droite française, Marine Le Pen, ont notamment appelé à refouler les réfugiés syriens afin d'éviter des attentats similaires à ceux de Paris, qui ont fait au moins 129 morts et 352 blessés. Mais le président Barack Obama, qui participait au Sommet des pays du G20 à Antalya en Turquie, a appelé à ne pas faire l'amalgame. "Cela n'est pas américain", a-t-il réagi.
L'ONU a rejeté aussi les appels limiter l'accueil des réfugiés venus de Syrie, estimant que "ce n'est pas la solution". "On peut comprendre que des pays prennent des mesures pour protéger leur citoyens contre toute forme de terrorisme", a expliqué le porte-parole de l'ONU, Stéphane Dujarric. "Mais se concentrer sur les réfugiés, c'est-à-dire des gens vulnérables qui eux-mêmes fuient la violence, n'est pas la solution", a-t-il ajouté. "Ces gens fuient précisément les destructions commises par Daech, qui a revendiqué les attentats perpétrés vendredi à Paris. De son côté, le président François Hollande a jugé "vital" que l'Union européenne continue d'accueillir les réfugiés.
Par ailleurs, la chancelière allemande Angela Merkel, dont le pays a reçu depuis le début de l'année près d'un million de réfugiés, a annoncé qu'une conférence humanitaire sur les réfugiés syriens se tiendrait à Londres début février 2016. "J'ai décidé avec (le chef du gouvernement britannique) David Cameron, avec la chef du gouvernement de Norvège (Erna Solberg) et avec l'émir du Koweït (Cheikh Sabah Al Ahmad Al Sabah) de tenir le 4 février à Londres une conférence sur les réfugiés, sur l'assistance humanitaire aux réfugiés", mais aussi sur le "soutien aux pays qui les accueillent", a-t-elle dit en marge du G20 La conférence doit aussi poser des jalons sur les conditions de vie en Syrie et l'éducation pour que "les réfugiés puissent rentrer rapidement chez eux", a dit la chancelière.(Agences)