La récente tentative des terroristes contre un site gazier à In Salah en date du 18 mars 2016, vient après de la récupération récente de missiles Stinger de courte portée, 4800 mètres en altitude destinés à la destruction des aéronefs, avions et hélicoptères souvent portées par un seul individu. à El-Oued par les forces de l’ANP, tout en n’oubliant pas l’attaque terroriste de Tiguentourine, mettant en relief la problématique de la sécurité nationale sans laquelle aucun développement n’est possible. Cette présente contribution est une synthèse de mes différentes contributions et interventions internationales entre 2010/2015, posant la problématique de la sécurité de l’Algérie, tributaire d’un développement harmonieux et d’un large front social interne
1.-Privilégiant en premier lieu ses intérêts stratégiques propres, partie prenante du dialogue méditerranéen (DM), l’Algérie agit en fonction d’un certain nombre de principes et à partir d’une volonté avérée de contribuer à la promotion de la sécurité et de stabilité dans la région. C’est que la fin de la guerre froide marquée par l’effondrement du bloc soviétique et les attentats survenus aux Etats-Unis le 11 septembre 2001 représente un tournant capital dans l’histoire contemporaine. Le premier événement marque la fin d’un monde né un demi siècle plutôt et la dislocation d’une architecture internationale qui s’est traduite des décennies durant par les divisions, les déchirements et les guerres que nous savons. Aujourd’hui, les menaces sur la sécurité ont pour nom terrorisme, prolifération des armes de destruction massive, crises régionales et délitement de certains Etats. Or, les défis collectifs nouveaux, sont une autre source de menace : ils concernent les ressources hydriques, la pauvreté, les épidémies, l’environnement. Ils sont d’ordre local, régional et global. Entre la lointaine et très présente Amérique et la proche et bien lointaine Europe, entre une stratégie globale et hégémonique, qui possède tous les moyens de sa mise en œuvre et de sa projection, et une stratégie à vocation globale qui se construit laborieusement et qui peine à s’autonomiser et à se projeter dans son environnement géopolitique immédiat, quelle attitude adopter et quels choix faire pour l’Algérie ? Interpellée et sollicitée, l’Algérie s’interroge légitimement sur le rôle, la place ou l’intérêt que telle option ou tel cadre lui réserve ou lui offre, qu’il s’agisse du dialogue méditerranéen de l’OTAN ou du partenariat euro- méditerranéen, dans sa dimension tant économique que sécuritaire.
L’adaptation étant la clef de la survie et le pragmatisme un outil éminemment moderne de gestion des relations avec autrui, l’Algérie dont son devenir segment de l’Afrique Nord Maghreb, pont entre l’Europe et l’Afrique doit faire que celui que commandent la raison et ses intérêts. L’Algérie est confrontée actuellement à la sécurité dans la zone sahélo-saharienne et surtout à ses frontières avec le Mali, la Libye et la Tunisie, où les terroristes peuvent pénétrer le territoire algérien et s’attaquer à des zones sensibles. Nous avons assisté dans la région à de profondes mutations de la géopolitique saharienne après l’effondrement du régime libyen, Bien avant et surtout depuis la chute du régime de Kadhafi le Sahel est l'un de ces espaces échappant à toute autorité centrale, où se sont installés groupes armés et contrebandiers. Khadafi disparu des armes, dont 15 000 missiles sol-air étaient dans les entrepôts de l'armée libyenne dont une partie a été accaparé par de différents groupes qui opèrent au Sahel. Dès lors la sécurité de l’Algérie est posée tant à ses frontières qu’au niveau interne notamment dans le Sud. La frontière Algérie Mali est de 1376 km, la frontière entre l'Algérie et la Libye de 982 km, la frontière Algérie Niger de 956 km, la frontière Algérie Tunisie est de 965 km à surveiller. Les tensions dans la région notamment pour la protection de ses frontières, la situation en Libye, au Mali et accessoirement les actions terroristes à sa frontière en Tunisie ont imposé à l’Algérie des dépenses supplémentaires devant optimaliser l’effet de ces dépenses militaires.
L’Algérie a déployé une véritable task-force pour sécuriser ses frontières pour faire face à l’instabilité chronique de l’autre côté des frontières et dont les événements récents confirment la continuelle aggravation. L’ANP et les services de sécurité se déploient actuellement le long des frontières Est et Sud-Est et effectuent régulièrement des opérations de ratissage avec une couverture aérienne qu’assurent des pilotes de la gendarmerie et de l’ANP. Il s’agira de mutualiser le renseignement e t les coûts dans le cadre d’une coopération étroite avec les pays limitrophes, l’Europe dont la France et les Etats Unis d’Amérique car la menace terroriste est une menace planétaire. Comme s’impose l’adaptation du renseignement aux nouvelles mutations tant internes que mondiales de ses forces de sécurité et de penser à la cybercriminalité enjeu du XXème siècle. Cela est posé pour tout le reste de l’économie avec le risque des cyber-attaques pouvant ruiner une économie. L’analyse par le professeur en stratégie à Harvard Michael Porter des « cinq forces », qui déterminent la structure concurrentielle d'une industrie de biens ou de services (le pouvoir de négociation des clients, le pouvoir de négociation des fournisseurs, la menace des produits ou services de substitution, la menace d'entrants potentiels sur le marché et l'intensité de la rivalité entre les concurrents) fait apparaître que souvent les différents acteurs algériens un faible pouvoir de négociation du fournisseur et un fort pouvoir de négociation du client, alors que les barrières d’entrées sur le marché algérien tant des entreprises économiques que de l’armement sont élevées.
2. La plupart des grandes puissances dont les dirigeants de l’Europe , des Etats Unis d’Amérique, de la Russie et de la Chine s’accordent dorénavant sur la nécessité de coopérer d’avantage face à la menace de l’insécurité et du crime organisé, l’Algérie constituant un pays pivot, tout en souhaitant , l’intégration du grand Maghreb, comme vient de le démontrer avec arguments , le Professeur et ancien ministre , mon ami Jean Pierre Chevenement lors d’un colloque à l’IRIS à Paris le 17 mars 2016. Il s’agit de mettre l’accent sur l’obligation de mettre en application une stratégie interrégionale qui associe l’ensemble des pays de la zone en plus des partenaires européens et internationaux, du fait que la région est devenue un espace ouvert pour divers mouvements terroristes et autres groupes qui prospèrent via le trafic d'armes ou la drogue, menaçant la sécurité régionale et par ricochet, l’Europe et les USA. Il s’agit donc de lever les contraintes du fait que la corruptibilité générale des institutions, pèsent lourdement sur les systèmes chargés de l'application des lois et la justice pénale en général qui ont des difficultés à s’adapter aux nouveaux défis posés par la sophistication des réseaux du crime organisé.
La collaboration inter-juridictionnelle est ralentie par l’hétérogénéité des systèmes juridiques notamment en Afrique du Nord et en Afrique noire. La porosité des frontières aussi bien que la coordination entre un grand nombre d’agences chargées de la sécurité aux frontières posent de grands problèmes. À terme, la stratégie vise à attirer graduellement les utilisateurs du système informel vers le réseau formel et ainsi isoler les éléments criminels pour mieux les cibler tout en diminuant les dommages collatéraux pour les utilisateurs légitimes. C’est dans ce cadre que rentrent les tentatives pour redynamiser le dialogue euro- méditerranéen avec deux initiatives : d’une part, la politique européenne de voisinage ; d’autre part, le partenariat stratégique entre l’Union européenne d’un côté et la Méditerranée et le Moyen-Orient de l’autre afin de freiner l’émigration massive notamment de l’Afrique sub saharienne avec comme tampon pilier le Maghreb. D’une manière générale, sur le plan militaire et géo- stratégique c’est à travers les activités du groupe dit des « 5+5 » que peut être apprécié aujourd’hui la réalité d’une telle évolution. C’est que la lecture que font les Européens et américains des menaces et défis auxquels le monde et notre région sont confrontés repose essentiellement sur la nécessité de développer ensemble une stratégie de riposte collective et efficace concernant notamment le terrorisme international, le trafic des êtres humains et la criminalité organisée à travers la drogue et le blanchissement d’argent (1).
3.-Le tout sécuritaire pour le sécuritaire a des limites, existant des liens dialectiques entre développement et sécurité et les responsables algériens chargés de la sécurité en sont conscients. Une sécurité efficace doit impliquer toute la population impliquant un Etat de Droit. Cela implique de s’attaquer à l’essence ( un co-développement) et non aux apparences conciliant efficacité économique et la nécessaire cohésion sociale. Aussi l’efficacité sécuritaire devra s’insérer dans le cadre d’une vision stratégique. Face à un monde en perpétuel mouvement, tant en matière de politique étrangère, économique que de défense, actions liées, avec les derniers événements, se posent l’urgence des stratégies d’adaptation et d’une coordination, internationale et régionale afin d’agir efficacement sur les événements majeurs. Ces nouveaux défis pour l’Algérie, sous segment du continent Afrique, dépassent en importance et en ampleur les défis que l’Algérie a eu à relever jusqu’à présent. Face parallèlement à la chute du cours des hydrocarbures qui sera de longue durée, et aux tensions sécuritaires, cela implique la mobilisation de tous les Algériens, tenant compte de leurs différentes sensibilités. Personne n'a le monopole du nationalisme. L’heure n’est plus aux polémiques stériles, devant rassembler au lieu de diviser. Le gouvernement doit entrevoir une nouvelle politique socio-économique beaucoup plus efficace que la précédente qui a montré ses limites, tenant compte de l’évolution du monde, évitant les schémas tant monétaristes que mécaniques du passé, un non développement accroissant l’insécurité du pays.
Professeur des Universités, Expert International en management stratégique, Dr Abderrahmane MEBTOUL
(1)-Etude du professeur Abderrahmane MEBTOUL parue à l’Institut Français des Relations Internationales (IFRI Paris France) » la coopération Maghreb Europe face aux enjeux géostratégiques » (novembre 2011)- chapitre III- « la stratégie de l’OTAN face aux enjeux géostratégiques en Méditerranée » Ce sujet s a été débattu à l’invitation du professeur Abderrahmane MEBTOUL , dans le cadre de leurs activités scientifiques , par l’Université d’Oran 2, Mohamed Ben Ahmed- le 27 mai 2015 et le 01 décembre 2015 à l’école supérieure de police DGSN - une conférence débat sur « le monde qui vient– enjeux géostratégiques - et perceptives en Afrique du Nord pour l'Algérie et la France », par l’Amiral Jean DUFOURCQ. - Interview du professeur Abderrahmane Mebtoul (Algérie) à paraître - dans le grand magazine afrique.lepoint.fr- Paris France (fin mars 2016) - « bilan et perspective de l’économie algérienne face aux enjeux géostratégiques et sécuritaires »