Même si d’aucuns pensent que le Hirak a échoué à démanteler le système algérien, il a eu toutefois le grand mérite de contraindre ce dernier à penser ériger une « Algérie nouvelle ». Mais le projet de cette nouvelle république, c’est quoi au juste ? Et est-ce que ce pari sera réellement tenu ?
S’il faut l’envisager en quelques mots qui résumeraient le souhait minimum de tous les Algériens, cette « Algérie nouvelle » devra d’abord être le résultat de la leçon à tirer de toutes nos erreurs du passé (ne serait-ce que pour ne pas les rééditer ! ). Devant le bilan peu reluisant de près de 60 ans d’Indépendance, un vœu, un seul, nous vient à l’esprit : n’est-il pas temps pour nous de devenir « sérieux » ( et même « très sérieux » ! ) de « prendre le taureau par les cornes » et de construire véritablement notre patrie ?
Comment arriver à ce résultat ? Certains soutiennent que les dés demeureront pipés et qu’il n’y aura pas de solution sans un changement radical de régime politique ! D’autres, qui n’aiment pas moins leur pays, plaident pour une prise de conscience générale- à partir des données politiques actuelles- de la gravité de la situation et de la nécessité absolue d’une sorte de révolution dans les esprits et dans les pratiques.
Est-ce que cela sera possible ? Est-ce que nous serons capables de nous débarrasser, tous, de la base au sommet, de nos anciennes pratiques, d’inventer une nouvelle manière d’agir en tant que responsables, de nous comporter en tant que citoyens, de nous libérer de nos pesanteurs, y compris psychologiques, et d’entreprendre une sorte de mue pour réaliser ce saut qualitatif vers un futur acceptable pour tous ? Beaucoup de citoyens algériens ne croient pas à cette possibilité dans les conditions actuelles et pensent qu’un tel discours est utopique.
Mais la première responsabilité de ceux qui dirigent aujourd’hui notre pays est de montrer, au contraire, que c’est possible, et de prendre toutes les mesures adéquates pour arriver à ce but, quitte à faire fonctionner à 100% leurs neurones et à réunir éventuellement tous les experts de la planète (qui ne veulent pas notre perte) afin de mettre toutes les chances de notre côté, quitte à prendre des décisions difficiles, quitte à donner un grand coup de balai dans la fourmilière et de remplacer tous les esprits ankylosés par une génération, j’allais dire une armée, de jeunes diplômés pleins d’audace et d’énergie.
Tout le monde le sait, l’Algérie est à la croisée des chemins. Désormais, l’erreur nous est interdite et le choix qui s’impose à nous est très simple : ou bien nous allons construire sur du solide, ou bien, qu’à Dieu ne plaise, bonjour les grands dégâts !