Le Méditerranéen, en général, passe pour être quelqu’un d’assez hâbleur qui s’exprime à haute voix et s’énerve pour un rien, comparé, par exemple, à l’habitant de la calme Europe du Nord qui a la réputation d’être un individu plutôt réservé, aussi bien dans son discours que son comportement. Une connaissance originaire de cette lointaine contrée, lors d’un séjour en Algérie, et alors qu’elle était attablée en notre compagnie à l’intérieur d’un café, a eu cette formule qui apporte une explication parmi d’autres à la problématique soulevée ici : «S’il y avait plus de femmes dans vos cafés, peut-être que les hommes parleraient moins fort !».
Vociférer n’a jamais été un argument de poids dans une conversation ou un débat d’idées. C’est, au contraire, l’ennemi de la mesure et de la sagesse. «Sois modeste dans ta démarche, et baisse ta voix, car la plus détestée des voix, c'est bien la voix des ânes» dit le Tout-Puissant dans son livre saint, le Coran.
Heureux donc les êtres qui parlent à voix basse et s’expriment presque comme on rase les murs, c’est vers eux, en priorité, qu’on doit tendre l’oreille pour apprendre de ce qu’ils ont à nous dire. Car les paroles qui comptent sont les sœurs jumelles du silence, elles n’ont pas besoin de produire du vacarme pour grandir, mûrir et donner des fruits.