On sait désormais que le Forum des chefs d’entreprises (FCE) est promis sans aucune marge d’erreur au très ambitieux milliardaire Ali Haddad. C’était dans l’air depuis plus d’une six mois. Quand le patron de l’ETRHB a joué publiquement le ramasseur de fric au candidat Bouteflika contre toute morale politique, et financé une chaîne de télévision (devenue Dzair News), il avait déjà abattu ses cartes.
Depuis ce week-end, il a fini par lâcher le (gros) morceau en annonçant sa décision de se porter candidat à la présidence du FCE en remplacement de Reda Hamiani, démissionnaire forcé.
Ali Haddad a, du coup, tué tout suspens. Personne au sein de ce vénérable cénacle de chefs d’entreprises obéissants n’oserait en effet lui contester le poste qui lui irait comme un gant par ces temps de mise au pas de tous ceux qui refusent les chantages politiques.
On voit mal comment cette auguste assemblée peuplée de milliardaires acquis à la cause du 4ème mandat, de gré ou de force, puisse barrer la route bien goudronnée à Ali Haddad.
Ce serait à coup sûr une simple formalité tout comme le fut le scrutin présidentiel du 14 avril dernier pour lequel il s’était engagé corps et âme pour faire réélire Bouteflika.
Le FCE en mode UGTA
Ali Haddad sera donc plébiscité sans aucun doute par ce Forum où tout est permis sauf l’opposition aux directives politiques venues d’en haut. Hamiani qui a été très gêné par le soutien apporté par son organisation à la candidature de Bouteflika malgré ses déclarations faussement «tranquilles», semble avoir choisi de quitter sans poste par acquis de conscience. C’était trop tard, cela dit pour s’en laver les mains…
Il y a aussi l’autre scénario selon lequel Hamiani a été invité gentiment à faire place nette à Haddad clairement engagé en faveur du cercle présidentiel. Ce dernier, qui doit son ascension vertigineuse dans le monde des affaires juteuses avec des plans de charges immenses, est prédisposé à jouer le jeu et renvoyer l’ascenseur à ceux qui lui ont offert ce «perchoir» économique.
L’homme qu’il faut…
C’est un peu le juste retour des choses pour une organisation patronale devenue ces dernières années une caisse de résonance des choix économiques et désormais politiques du pouvoir.
Il va sans dire que les départs successifs des poids lourds comme Issad Rebrab et Slim Othmani a achevé le peu de crédibilité du FCE transformé en simple organisation de masse comme l’UGTA et l’UNPA.
Du reste, l’intronisation annoncée de Ali Haddad confirme le souci du clan présidentiel de placer ses pions à la tête de toutes les institutions, les structures publiques et para publiques pour pouvoir s’en appuyer au besoin.
Après s’être assuré de l’alignement des chaînes de télévisions et des dizaines de journaux, le pouvoir s’apprête à se mettre définitivement en poche la plus importante organisation patronale du pays. Le clan Bouteflika pourra alors dormir sur ses deux oreilles. Même la succession s’annonce sur du velours…