Les algériens, qu’ils soient partisans ou adversaires de Bouteflika, sont un peu plus inquiets depuis l’annonce de sa nouvelle maladie et son évacuation en France. Pour combien de temps encore ? Nul ne le sait contrairement aux fausses assurances distillées par certains canaux moins soucieux de la santé du président et du pays en général que de garder leur « bifteck».
Le fait est que le pays reste comme suspendu aux chuchotements éventuels qui sortiraient des murs opaques du Val- de Grâce. Tout se passe, hélas, comme si sans son président, l’Algérie serait totalement en panne et figé sans trop savoir quoi faire et par quoi commencer.
C’est la triste image qui nous est donnée à observer et que l’activisme au tarif syndical de nos responsables cache décidément mal.
Comment sommes-nous arrivés là ? La question est lourde et la réponse est pourtant évidente. Depuis l'indépendance du pays, le président de la république est devenu l’unique centre vital de la république. Toutes les institutions "regardent" vers le haut, tous les responsables du ministre au secrétaire général de l'APC, en passant par les DG d'entreprises, les walis, les chefs de daira, les chefs de régions militaires etc.. sont tous désignés et démis par le président. Alors, aujourd'hui, "Un seul être (vous) manque et tout est dépeuplé".
Les préjudices de l’hyper-présidence
La société civile peine à se faire entendre, les partis politiques ont été «redressés» (a vrai dire tordus) pour servir de simples faire-valoir pour requinquer un peu la façade du pouvoir.
A défaut d’impulser une vie politique moderne marquée par une compétition saine des projets de société, on assiste à des naissances en chaîne de sigles de partis aussi creux les uns après les autres. Et à chacun on a fixé la conduite à tenir pour éviter toute sortie des rangs.
La rente étant immense pour faire de la place à tout le monde dans la mangeoire. Et on se bouscule, hélas, à la queue leu leu…
Foncièrement autoritaire sans être dictateur, le pouvoir incarné par le président et ses collaborateurs, civils et militaires, aura ainsi ankylosé l’énergie algérienne et l’espoir que demain sera mieux.
Il y a comme une fatalité qui s’est installée au fil des ans dans certains esprits que sans Bouteflika, l’Algérie serait vouée à l’autodestruction.
Le paternalisme comme état d’esprit
Une erreur politique grossière évidemment tant ce peuple vaillant qui a vaincu bien des épreuves bien plus difficiles, est capable d’un grand sursaut d’orgueil pour s’ériger en rempart contre les manouvriers qui échafaudent les scénarios du pire. C’est également un état d’esprit faiblard et défaitiste de ceux qui ne voient pas plus loin que leur nez.
L’Algérie est grande par son histoire millénaire et ses hommes. Elle ne devrait, pas rompre ni se rendre. Si quelques uns se croient plus importants qu’elle, ils commettent une lourde erreur d’appréciation. Les hommes passent et l’Algérie elle reste éternelle. Aussi considérable que soit l’œuvre d’un homme fut-il président de la république ou général, elle n’égalera jamais la grandeur d’un pays comme l’Algérie.
La nation transcende tous les hommes et toutes les femmes avec leurs qualités et leurs défauts.
L’Algérie avant tout
La maladie du président Bouteflika, Dieu l’en préserve, nous rappelle brutalement ce devoir citoyen de nous accrocher à notre pays que nous chérissons tous par de là nos différences et nos clivages. Quand l’hymne national retentit, on ne cherche pas qui l’entonne et à quelle occasion. Par un réflexe patriotique sans doute conditionné, on se tient debout et le sang fait un tour à la vitesse grand V dans notre corps.
C’est cela être algérien aujourd’hui et non pas en piquant le bec dans l’argent du peuple et bassiner celui-ci par un discours bidon qui ne trompe plus personne.
Cette faune de responsables corrompus dont les noms sont quotidiennement étalés à la une des journaux sont l’exact contraire de la définition même d’un algérien fier et jaloux de son pays.
Que resterait-il à ces messieurs et ses dames qui ont trempé dans la rapine au crépuscule de leurs âges ? Rien, sinon le terrible remord d’avoir volé leur peuple et la peur de devoir faire face à leur Créateur avec des dossiers très compromettants.
Cessons donc de nous apitoyer plus sur le sort des personnes et occupons- nous de notre pays, l’Algérie avant tout. C’est l’unique ciment qui soude nos différences, et qui entretient notre espérance. Le seul sauveur de l’Algérie se sont précisément les algériens.