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Algérie 2016/2025 : bonne gouvernance, réformes et démocratie en Algérie

02-10-2016 19:26  Contribution

Il existe un large fossé entre les discours et la dure réalité économique marquée par la mondialisation des échanges. Il ne suffit pas d’aborder le volet économique en occultant l’essentiel, une profonde injustice sociale et une concentration des richesses au profit d’une minorité rentière, ce qui renvoie au volet politique, à savoir la démocratisation.

1.-La bonne gouvernance est cette capacité intrinsèque que possède une société à produire la politique et à faire ressortir à chaque fois la force de l’arbitrage pour piloter les clivages et contenir les contradictions débordantes. Les décennies qui ont marqué la vie politique et économique de bon nombre de pays arabes, dont l’Algérie, me réconfortent aujourd’hui dans ma conviction qui consiste à dire que le développement n’est pas une affaire de quincaillerie industrielle, de signes monétaires, tant par l’importance des réserves de changes ou de dépenses monétaires sans se soucier de la démocratisation qui conditionne la bonne gestion. Cela doit concerner avant tout la bonne gouvernance, intiment liée à la moralité des institutions et des personnes chargées de gérer la cité. Cela conditionne la lutte contre la corruption, qui prend des proportions alarmantes, la considération du savoir, le respect et la promotion de la femme, la symbiose des apports de l’Orient et de l’Occident grâce au dialogue des cultures, qui a fait la prospérité du monde arabe et musulman à une certaine période historique. Cela passe par une visibilité et une cohérence dans la démarche, une politique socio-économique cohérente, permettant de concilier l’efficacité économique et l’amélioration du pouvoir d’achat de la majorité en tenant compte des nouvelles mutations du monde où toute nation qui n’avance pas recule.

2.- La bonne gouvernance se conjugue toujours au présent, se chante selon les hymnes des cultures et vit comme une harmonie entre la force et la politique. La bonne gouvernance se vérifie dans la vision et les convictions des vrais acteurs et leurs capacités réelles à entreprendre les actions appropriées et engager la société dans la voie de l’efficacité et de la modernité fécondes et intelligentes. La transition démocratique réussie sera sans doute difficile, avec une possibilité d’interférences tant de forces occultes locales lies à la rente qu’étrangères pour faire échouer ce processus. Le régime algérien doit s’engager dans une transition démocratique pacifique. Comme le notait le brillant économiste indien prix Nobel d’économie A. Sen, il ne peut y avoir de développement dans le temps sans démocratie tenant compte des anthropologies culturelles des sociétés, l’Etat de droit pouvant être une étape intermédiaire. Espérons que le régime algérien aura l’intelligence pour les intérêts supérieurs du pays de tenir compte des pulsions de la société algérienne supposant un réaménagement de la logique du pouvoir. Cette transition démocratique, pour plus de développement, plus d’espaces de liberté, suppose de nouveaux réseaux qui dynamiseraient celles conservatrices, les actuels montrant leurs inefficacités car vivant du transfert de la rente des hydrocarbures incapables de mobilisation et de sensibilisation. Cela se traduit le divorce Etat-citoyens et laissant face à face, en cas de manifestations, la population aux services de sécurité, ce qui est nuisible à la sécurité du pays qui est l’affaire de tous.

3.- Quels sont les trois scénarios pour l’Algérie 2017/2020 ? Le premier scénario est le blocage des réformes: les conditions de l’échec sont réelles et réunies dans l’environnement juridique et économique algérien en raison du poids important de la bureaucratie centrale et locale renforcées par la faiblesse de visibilité et de cohérence dans la démarche économique et sociale et enfin les fortes pressions pour revenir aux pressions protectionnistes dans la mesure où la libéralisation prévue par tant par les accords avec l’OMC et avec l’Europe pour une zone de libre-échange détruisent une fraction de la rente. L’Europe porte également une responsabilité car en n’ayant pas respecté certains engagements pour un partenariat gagnant/gagnant, l’Accord d’association a favorisé le discours des rentiers, opposés aux réformes. Le second scénario serait le statu quo qui préparera les conditions de l’échec en imputant les conditions sociales actuelles (pauvreté et chômage) aux réformes, qui, malgré la stabilisation macro-économique, n’en sont qu’à leurs débuts (réformes microéconomiques et institutionnelles, enjeux des années 2016/2020), ou à des organes techniques alors que l’essence réside dans l’absence de volonté politique (neutralisation des rapports de force). Ce statu quo participera à un échec programmé et serait suicidaire pour le devenir de l’économie et de la société algérienne. Le troisième scénario concerne la réussite des réformes dont les conditions sont également contenues dans son environnement juridique, économique et politique, l'Algérie possédant toutes les capacités pour surmonter les difficultés actuelles. Une communication active par le devoir de vérité, s’appuyant sur des réseaux crédibles, la réhabilitation de la couche moyenne et d’une manière générale le savoir, ère du XXIe siècle, de l’entreprise concurrentielle sans distinction secteur (d'Etat/secteur privé national et international) , par l'amélioration du climat des affaires passant par la débureaucratisation en libérant toutes les énergies créatrices, , le devoir de justice sociale, non antinomique avec l’efficacité (nécessaire cohésion sociale) sont fondamentales pour faire aboutir la réforme globale.

En résumé, ne nous trompons pas de cibles pour paraphraser le langage militaire, devant différencier stratégie et tactique en ce monde turbulent et instable supposant des stratégies d’adaptation tant internes que géostratégiques. Dans l’histoire récente de l’Algérie, la question des réformes, qu’elles soient économiques ou politiques a donné lieu, en raison des enjeux qu’elles représentent, à l’élaboration de stratégies antagoniques qui œuvrent à la défense et à la promotion de ces dernières ou, au contraire, à leur blocage et, à défaut, à leur perversion ou à leur ralentissement. L’Algérie n’ pas d’autres choix que d’accélérer les réformes structurelles, micro-économiques et institutionnelle, condition de la stabilité macro-économique, si elle ne veut pas épuiser ses réserves de change et aller au FMI horizon 2020 : le statut quo est intolérable.

Professeur des Universités, expert international Dr Abderrahmane MEBTOUL

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NB-Pr Abderrahmane MEBTOUL : « Réussir les réformes structurelles » quotidien gouvernemental El Moudjahid 24 aout 2016 – grand débat avec le quotidien arabophone gouvernemental Ech- chaab 30/09/2016 sur les réformes



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