Les gouvernants se trouvent confrontés à trois dilemmes. Le premier scénario est de continuer le confinement quitte à étouffer la machine économique avec les risques neuro psychologiques et surtout le risque d’explosion sociale pour ceux qui n‘ont pas de revenus et de protection sociale. surtout dans des pays où domine la sphère informelle. Le second scénario est le déconfinement total avec le risque d’un désastre sanitaire avec des millions de morts, qu’aucun Etat et aucun système sanitaire ne pourraient supporter avec le risque d’une déstabilisation politique de bon nombre de pays qui n‘ont pas d’assises populaires. La solution médiane est un déconfinement progressif maitrisé. Le choc de 2020 dû au coronavirus aura des effets durables sur l’économie du monde sur les prochaines années. L’Algérie fortement connectée à l’économie mondiale via la rente des hydrocarbures, qui lui procure directement et indirectement 98% de ses recettes en devises ne fait pas exception, d’où l’importance de stratégies d’adaptation réaliste.
1.-.Une décroissance mondiale inégalée depuis la crise de 1928/1929
La Banque mondiale souligne que la contraction du PIB mondial par habitant sera d’une ampleur inédite depuis 1945-1946. Compte tenu des incertitudes accrues, particulièrement en ce qui concerne l’évolution du virus et la destruction de capacités industrielles, on ne peut pas exclure de nouvelles révisions à la baisse. De toute manière, le grippage des chaînes d’approvisionnement mondiales dû à la pandémie forcera les gouvernements à tout repenser et la politique économique qui sera sans doute ajustée si ce n’est complètement remaniée pour encourager un rapatriement de productions critiques. Cela concernera notamment les équipements sanitaires et de produits pharmaceutiques, avec des mesures protectionnismes et le resserrement des conditions financières, sous réserve qu’il n’ y ait pas une deuxième vague d’infections qui forcerait les gouvernements à envisager de réinstaurer le confinement avec un impact désastreux sur le marché du travail. La Banque mondiale estime ainsi qu’entre 70 et 100 millions de personnes pourraient basculer dans l’extrême pauvreté, effaçant ainsi les progrès réalisés les trois dernières années dans la lutte contre la pauvreté. Avant cette crise sanitaire, l’institution tablait sur une nouvelle baisse en 2020 de la proportion de la population mondiale vivant avec moins de 1,90 dollar par jour. Dans cette perspective la Banque mondiale a prévu qu’: en cas de seconde vague de la pandémie ou si les autorités étaient contraintes de reprendre des mesures de confinement, le PIB mondial pourrait alors se contracter de 8 %. Enfin, quand bien même, la reprise avec un taux de croissance de 4,2 % en 2021, il se matérialisait, « dans de nombreux pays, par de profondes récessions provoquées par la COVID-19 qui devraient peser sur la capacité de croissance pour les années à venir ». Sans compter que la crise dans des économies largement informelles sera plus difficile à combattre, faute de moyens budgétaires suffisants et à cause d’une faible capacité administrative pour distribuer l’aide comme les indemnités de chômage.
Ces perspectives sont d’autant plus alarmantes que la crise risque de laisser des séquelles durables et de donner lieu à des difficultés planétaires majeures, finance et institutions, la fermeture des écoles et les difficultés accrues d’accès aux soins de santé primaires ayant des effets durables sur le développement du capital humain. Les rapports de la banque mondiale et du FMI de juin 2020 analysent en détail la récession pour certaines régions. Pour le FMI dans son rapport du 24 juin 2020,
une différence avec le rapport de la banque mondiale du 08 juin 2020, En 2021, la croissance mondiale devrait atteindre +5,4 %.où les pays avancés aurait une croissance négative de moins 8,0% avec une prévision de +,8% en 2021 contre 1,7% en 2019, et les pays émergents et pays en voie de développement une croissance négative de moins -3,0% avec une prévision de +5,9% en 2021 contre 3,7% en 2019. Ainsi les Etats Unis aurait une croissance négative de moins -8% avec une prévision de +4,5 % en 2021 contre un taux de croissance +2,3% en 2021, ce pays connaissant un taux de chômage sans précédent ; l’Allemagne pilier de la zone euro un taux de croissance négatif de -7,8% avec une prévision de +5,4% en 2021 contre +0,6% en 2019 ; la France un taux de croissance négatif de -12,5% avec une prévision de +7,3% en 2021 contre +,5% en 2019. l’Italie une croissance négative de moins -12,8%, une prévision pour 2021 de +6,3% contre +1,4% en 2019. une croissance négative de moins -12,8%, avec une prévision de +6,3% en 2021 contre +2,0% en 2019 ; le Royaume Uni , une croissance négative de moins -10,2% avec une prévision de +6,3% pour 2021 contre +1,4% en 2019 ; le Canada une croissance négative de -4,8% avec une prévision de +4,9% en 2021 contre +1,7% pour 2019. Pour le rapport de la banque mondiale du 08 juin 2020, pour ,l’Amérique latine et Caraïbes, en 2020, nous devrions avoir une contraction de 7,2 % de l’activité économique régionale en 2020. L’économie brésilienne devrait se contracter de 8 % , le Mexique, de 7,5 %., l’Argentine, de 7,3 % en 2020, le Chili -6,8%, la Colombie -8,5%, l’Uruguay -6,2% et d’une manière générale l’Amérique centrale devrait connaître un ralentissement économique de 3,6 % en 2020 et dans les Caraïbes, l’activité économique devrait se contracter de 1,8 %. Pour l’ Asie de l’Est et Pacifique, la croissance devrait chuter à 0,5 %, pour 2020 , et pour l’Europe et Asie centrale de 4,7 % . Ainsi pour certains pays de ces régions qui tirent la croissance de l’économie mondiale, nous avons : la Chine un taux de croissance positif de 1,0% taux faible depuis, l’empire du milieu ayant besoin d’un taux de croissance de 9/10% pour atténuer les tensions sociales idem pour l’Inde dont leur population, dépasse le milliard d’habitants l’Inde – 3,2%, qui irrigue l’économie mondiale notamment dans l’informatique, l’Indonésie, 0,0%, les Philippines -1,9% ,le Pakistan -2,6%, la Malaysie -3,1% la Mongolie -0,5% ,la Thaïlande -5,0%, le Bangladesh positif 1,6%, le Vietnam taux positif de 2,8%, Le Sir Lanka -3,2%, Russie -7,6%, Hongrie -5%, Bulgarie -6,2%, Roumanie -5,7%, Turquie -6,8%, l’Ukraine -7,2%, Kazakhstan -6,7% et la Pologne -4,2%. Pour le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord, l’activité économique devrait se contracter de 4,2 % sous l’effet de la pandémie et de l’évolution du marché du pétrole, contre une prévision de 2,4 % dans l’édition de janvier 2020. Les pays exportateurs de pétrole avec les risques de conflit élevés dans la région, des problèmes politiques pourraient perturber les programmes de réformes, étant donc les plus pénalisés par l’effondrement des prix du pétrole et l’affaiblissement des importations des économies avancées et des grands pays émergents. La banque mondiale estime pour ces pays une contraction d’activité de 5 % contre une croissance de 2 % annoncée dans les prévisions de janvier : l’Iran -5,3 % cette année), dans les pays membres du Conseil de coopération du Golfe (CCG) - 4,1 % . l’Algérie - 6,4 % loin des prévisions de la loi de finances complémentaire 2020 , et l’Iraq 9,7 % , le Maroc -4%, la Tunisie (4%, L’Arabie Saoudite -3,8% l’Egypte moins 3,0%, Emiraties, -4,5%, Koweït -5,4%, Bahreïn -4,5%, Qatar -3,5% . Pour Afrique subsaharienne l’activité économique de la région devrait se contracter de 2,8 % en 2020, repli le plus fort jamais enregistré, la croissance pouvant reprendre en 2021 de 3,1 % si la pandémie recule au deuxième semestre de cette année. L’économie nigériane devrait se contracter de 3,2 % en 2020, l’Angola -5,2% , l’Afrique du Sud une baisse de 7,1 % - la contraction la plus forte depuis un siècle . Pour d’autre pays d’Afrique dont le continent avait connu une forte croissance nous avons pour 2020, le Benin -5,5% contre 6 ;9% pour 2019, pour la même période 2020/2019, le Burkina- Faso 2,0% contre 5,7%, le Niger 1,0% contre 6,3% , l’Ethiopie 3,2% contre 9,0%, le Togo 1,0% contre 5,3% le Mali 0,9% contre 5,1% en 2019, l’Angola -4,0% contre -0,9% , la Cote d’Ivoire 2,7% contre 6,9%, le Cameroun -2,2% contre 3,9%, le Gabon -3,2% contre 3,3% ? le Kenya 1, 5% contre 5,4% , le Tchad -0,2% contre 3,2% et la Mauritanie incluse dans cette rubrique régionale -0,2% , contre 6,3%..
2.-Accroissement de l’endettement des Etats et situation sociale mondiale explosive
Cette situation a un impact à la fois sur l’endettement des Etats et l’accroissement du taux de chômage. Pour le FMI , les mesures budgétaires annoncées sont désormais estimées à près de 11000 milliards de dollars dans le monde, contre 8 000 milliards de dollars dans le Moniteur des finances publiques d’avril 2020, la moitié de ce montant (5400 milliards de dollars) correspondant à des dépenses supplémentaires et à des recettes perdues , la moitié restante des 5 400 milliards de dollars correspondant à un apport de liquidités, sous forme de prêts, d’injections de capital et de garanties, notamment par l’intermédiaire des banques publiques et des entreprises publiques, ces mesures permettant de préserver les flux de trésorerie des entreprises et de limiter les faillites, mais pourraient alourdir la dette et creuser les déficits publics à l’avenir si elles devaient se solder par des pertes. La plus grande partie des mesures de relance budgétaire reste le fait des pays du Groupe des vingt (G- 20) dont les interventions représentent actuellement 6% du ¨PIB contre 3% en avril 2020. Dans le scénario de référence, la dette publique mondiale devrait atteindre un niveau record supérieur à 101% du PIB en 2020 –21, soit une hausse de 19 points de pourcentage par rapport à 2020. Comme le note plusieurs analystes dans le Finantial Times , le Monde.fr et les Echos.fr de juin 2020, reste que quelle que soit la façon dont les Etats s’attaqueront à cette montagne de 66 000 milliards de dollars (61 000 milliards d’euros) de dette − effacement partiel, intervention des banques centrales, cocktail de croissance et d’inflation −, celle-ci risque de peser longtemps sur les politiques publiques et le paysage politique. Quant à l’impact sur le taux d’emploi, le rapport de l’OCDE de juin 2020 met en relief que pour la baisse d’un point de taux de croissance, en moyenne annuelle, le taux de chômage s’accroit d’environ de 350.000 personnes, les femmes étant les plus vulnérables. L'OCDE distingue les personnes non formées qui sont touchées de plein fouet, des personnes moyennement formées et hautement qualifiées qui peuvent selon les segments trouver du travail mais souvent à temps partiel et pas toujours en adéquation avec le profil de la formation et avec des rémunérations inférieures à leurs prédécesseurs. Le taux d’emploi étant fonction du taux de croissance et des structures des taux de productivité, l’Organisation Internationale du Travail- dans son rapport de mai 2020, prévoit un accroissement important des inégalités tant mondiale qu’à l’intérieur des Etats, et du taux de chômage, touchant en premier lieu les pays à économie peu diversifiée et où l’emploi informel ( ne bénéficiant pas de protection sociale) est dominant notamment en Asie, Amérique latine et en Afrique dont le MaghrebLes estimations de l’OIT indiquent une hausse significative du chômage et du sous-emploi dans le sillage du virus où sur les 7 milliards d’habitants pour les pays en voie de développement, Amérique latine, Asie, Afrique, entre 50/80% de l’emploi est dans la sphère informelle sans protection sociale étant avec le confinement une véritable bombe sociale ( Abderrahmane Mebtoul « le poids de la sphère informelle au Maghreb -Institut Français des Relations Internationales IFRI décembre 2013) . Sur la base de différents scénarios relatifs à l’impact du COVID-19 sur la croissance du PIB mondial (les estimations préliminaires de l’OIT montrent une augmentation du chômage mondial variant de 5,3 millions (scénario «optimiste») à 24,7 millions (scénario «pessimiste») à partir d’un niveau de référence de 188 millions en 2019. Le scénario «moyen» laisse présager une hausse de 13 millions (7,4 millions dans les pays à revenu élevé).. Si ces estimations demeurent hautement incertaines, tous les chiffres convergent vers une hausse substantielle du chômage mondial. Par comparaison, la crise financière mondiale de 2008-09 avait fait augmenter le chômage de 22 millions. En effet, la pandémie de Covid-19 a de lourdes conséquences sur les populations et l’économie, qui restent encore difficiles à évaluer et touchera de manière plus dramatique les pays en voie de développement et notamment africain marqués par une instabilité politique, une mauvaise gouvernance avec un niveau de corruption élevé, des économies structurellement dépendantes de l’exportation de matières premières brutes ou semi brutes , un contexte macroéconomique dégradé et un climat des affaires défectueux. Comme le note un rapport de l’OUA le continent Afrique est actuellement à l’image d’un patient Covid-19 sous assistance respiratoire.. C'est que la crise actuelle de 2020 a montré toute la vulnérabilité des économies mondiales face à des chocs externes imprévisibles, surtout des pays reposant sur une ressource éphémère dont le prix dépend de facteurs exogènes échappant aux décisions internes. Dans le cadre d’une hypothèse optimiste, la reprise en 2021 ne sera que partielle, car, le taux de croissance se calcule par rapport à la période précédente, un taux de croissance positif en 2021 par rapport à un taux de croissance négatif en 2020 donnera en termes réels un taux de croissance faible, pouvant varier en termes réels entre 0 et 1% pour 2021 ( voir notre interview à France 24 et à l’American Herald Tribune le 23 avril 2020).. Cette situation sanitaire ayant un impact sur l’Economique a conduit à une situation sociale complexe ayant un impact sur l’Economique a conduit à une situation sociale complexe aves l’accroissement des inégalités et du chômage. D’une manière générale, la décroissance via l’importance du chômage est une véritable menace pour la sécurité mondiale impliquant des actions urgentes de mise en place de nouveaux mécanismes de régulation économique et sociale, avec le ciblage des catégories socio-professionnelles, ainsi que le soutien aux entreprises qui s’adapteront aux nouvelles mutations donc concurrentielles avec la nouvelle trajectoire fondée sur la transition numérique et énergétique. Mais non les entreprises structurellement déficitaires qui seront appelées forcément à disparaitre dont les aides s’assimileraient à des subventions. Car une Nation ne peut distribuer plus que celle qu’elle produit quitte à accélérer la dérive économique et sociale. Mais cela suppose un système d’information performant comme moyen de ciblage. Comme doit être posée la problématique du remboursement à terme de cet endettement massif tant public et la dette privée beaucoup plus importante, étant un poids que supporteront les générations futures. Et ce ,malgré que dans bon nombre de pays l’épargne oisive étant importante mais faute de confiance, la crise accélérant cette psychose, ne se recycle pas dans le circuit productif.
3.- Impact de la crise mondiale sur l’économie algérienne ! diagnostic
Qu’en est-il pour l’Algérie qui est fortement dépendante du cours des hydrocarbures qui lui procurent directement et indirectement avec les dérivées 98% de ses recettes en devises, le cours étant fonction à la fois du cout interne, de la croissance de l’économie mondiale et de l’évolution du modèle de consommation énergétique mondial qui est appelé à évoluer entre 2020/22030. Dans ce cadre , il est important dans le cadre d’une vision stratégique de relance économique, d’analyser l’impact de la baisse du taux de croissance en Algérie par exemple, sur le taux de chômage qui s’ajoute aux taux officiel au 31/12/2019, en distinguant les emplois dans les segments productifs et les emplois rente improductifs tenant compte de la forte pression démographique, plus de 43 millions d’habitants en 2020 et plus de 50 millions horizon 2030 qui nécessitera un taux de croissance entre 8/9% pendant plusieurs années afin d ‘atténuer les tensions sociales. Si l’on prend les données pour 2019, taux de croissance moyen de 2% en Algérie et celles la banque mondiale du 08 juin 2020 –moins 6,4% ( recul 8,4%) et celles de la banque africaine de développement de début juillet 2020 – scénario pessimiste moins de -5,4% et modéré -4,4%, en prenant une moyenne de 5% (recul de 7%), nous aurons un stock additionnel de chômeurs pour 2020, selon la banque mondiale de 2.940.000 et pour la BAD de 2.450.000 . Cela n’est pas propre à l’Algérie, Cette situation de l’économie mondiale a un impact sur l’économie algérienne sur le plan macro-économique et macro- social dont je recense sept impacts. Premièrement , sur le niveau des réserves de change qui étaient de 194 milliards de dollars fin 2013 et qui risquent d’être inférieures à 40 milliards de dollars fin 2020, le gouvernement prévoyant 44 milliards de dollars alors que la loi initiale 2020 adoptée en décembre 2019 prévoyait 51,6 milliards de dollars. Deuxièmement, sur le niveau de la balance des paiements, document de référence au lieu de la balance commerciale , incluant les sorties de devises des services avec un accroissement du déficit budgétaire que l’on peut combler artificiellement par une dépréciation du dinar en référence au dollar et à l’euro ( gonflé en dinars pour la fiscalité pétrolière et les importations de biens, pour ce dernier supporté en final par le consommateur. Troisièmement, sur la valeur du dinar corrélée à 70% aux réserves de change via les hydrocarbures, voilant l'importance réelle du déficit budgétaire . Avec des réserves de change de 10/20 milliards de dollars le cours officiel du dinar algérien dépasserait 200 dinars un euro, en cas d’une non dynamisation des sections hors rente, la valeur d ‘une monnaie reposant avant tout sur la production et la productivité. Quatrièmement, nous aurons un impact sur le rythme de la dépense publique qui détermine fondamentalement le taux de croissance avec les effets indirects à 80% important 70% des besoins des ménages et des entreprises publiques et privées dont le taux d’intégration ne dépasse pas 15%. Environ 83% de la superficie économique est constituée de petits services/commerce, et le secteur industriel pesant moins de 6% du PIB) Cinquièmement, sur le niveau d’inflation qui est actuellement compressé par les subventions, la cohésion sociale étant assurée par les transferts sociaux, mais intenable dans le temps sans le retour à la croissance. Sixièmement, l’impact sur le niveau de création d’emplois pouvant conduire à d’importantes tensions sociales, voire politiques ayant privilégié jusqu’à présent non les emplois productifs et mais les emplois rente, avec la pléthore dans les administrations, les sureffectifs dans les entreprises publiques et les emplois temporaires en partie improductifs comme faire et refaire des trottoirs. Car, le taux d’emploi étant fonction du taux de croissance et des structures de productivité , devant s’attendre à un accroissement du taux de chômage ( plus de 15% en 2021 selon le FMI) , en tenant compte que sur plus de 12 millions de la population active en 2020, plus de 40% de l’emploi est dans la sphère informelle souvent sans protection sociale, devant créer plus de 300.000 emplois par an qui s ‘ajoute au taux de chômage actuel nécessitant annuellement sur au moins cinq années un taux de croissance de 8/9%. Septièmement, sur l’extension de la sphère informelle, ayant j’ai eu à diriger pour le 4ème Think Tank mondial l’Institut des relations internationales IFRI,-Paris, décembre 2013, c’est un dossier complexe, devant distinguer la partie dinars de la partie devises l’étranger devant méditer l’expérience des mesures passées qui ont été un véritable échec selon l’avis de la majorité des experts financiers, dont certains oligarques rentiers en ont profité ayant joué sur la distorsion des taux d’intérêt banques faible /Trésor ,plus élevé, puisant non dans leurs fonds mais dans celui des banques publiques, n’ayant pas réussi à intégrer le capital argent de la sphère informelle. En période de crise et c’est une loi universelle applicable à tous les pays, cette sphère s’étendant et son intégration dépend fondamentalement du retour à la confiance et d’une nouvelle régulation d’ensemble tant de la société que de la politique socio-économique. La sphère informelle contrôle selon la banque d'Algérie plus de 33% de la masse monétaire en circulation, plus de 40/45% de l'emploi concentré dans le commerce, les services , les saisonniers dans l'agriculture, et plus de 50% de la valeur ajoutée hoirs hydrocarbures. Les mesures autoritaires bureaucratiques produisent l'effet inverse et lorsqu'un gouvernement agit administrativement et loin des mécanismes transparents et de la concertation social, la société enfante ses propres règles pour fonctionner qui ont valeur de droit puisque reposant sur un contrat entre les citoyens, s'éloignant ainsi des règles que le pouvoir veut imposer reposant sur LA CONFIANCE. A cela s'ajoute, selon certaines organisations patronales qui évoquent entre 1,5 /1,7 millions de pertes d'emplois dans la sphère réelle Et sur environ 12,5 millions de la population active sur plus de 44 millions d'habitant en mars 2020 environ 40/45% de la population active, environ 5/6 millions sont sans protection sociale rendant difficile leurs prises en charge Ils sont sans revenus pour bon nombre qui ont cessé leurs activités, sans compter que bon nombres de ménages vivent dans deux trois pièces plus de 5/8 personnes avec des impacts psychologiques avec le confinement. Et l'on devra prendre en compte, à l'avenir la réforme du système des retraites qui sera le grand défi des années à venir ; le vieillissement de la population, où la moyenne d'âge des deux sexes selon le rapport de l'ONU, 2018, est à environ 78 ans de durée de vie. D’où l’importance pour l’Algérie d’ éviter le mythe que les exportations de matières premières brutes et semi brutes qui ne donnent qu’un taux de profit faible ,loin de la rente passé du cours es hydrocarbures avec un cours supérieur à 70/80 dollars le baril et le gaz naturel supérieur à 10 dollars le MBTU , la rente actuellement étant en déclin et dont les filières à l’aval sont contrôlés par six à sept transnationales , ne donnant pas de rente, mais un profit juste moyen, fonction de la rentabilité, ou le mythe monétaire ‘ financement non conventionnel qui risque de conduire à une dérive inflationniste , l’Algérie contrairement aux pays développés souffrant de rigidités structurelles et non conjoncturelles, devant comparer le comparable comme l’économie vénézuélienne et non les USA et l’Europe qui reposent sur une économie productive, Une Nation ne pouvant distribuer plus que ce qu’elle produit, donc attention à la dérive salariale que certains experts algériens ( vision populiste) qui pénalisera les couches défavorisées, sans relancer la machine économique .D’où l’importance de bien synchroniser le plan de relance économique autour de quatre axes. Tout plan fiable reposant sur une nouvelle gouvernance nationale et locale avec plus de décentralisation et non déconcentration, à travers des réseaux et non plus avec l'ancienne organisation hiérarchique rigide tant de l'Etat que des entreprises, , impliquant les élus locaux et la société civile ( entrepreneurs publics, privés ,banques, universités, centre de recherche, associations) doit partir du général , du macroéconomique et macro social interne, puis aux réseaux intermédiaires et enfin au niveau micro économique aux projets fiables dans le cadre des avantages comparatifs, ne pouvant pas tout produire
4.-Tout plan opérationnel de sortie de crise doit s'inscrire dans le cadre d'une vision stratégique interne/externe
Comment s’oriente les filières au niveau mondial entre 2020/ 2030 qui dominée par la bonne gouvernance et le primat du savoir avec la transition numérique et énergétique, en étant réaliste les hydrocarbures traditionnels resteront encore pour 5 à 10 ans la principale ressource en devises du pays sous réserve de la mise en place de nouvelles filières concurrentielles.. Il faut savoir où l’on veut orienter l’Algérie, devant éviter de naviguer à vue, reposant deux conditions, la première est avoir une approche méthodique stratégique , la seconde une système de communication transparent et audible facteur de mobilisation par des personnes crédibles. La première condition de l’opérationnalité du plan de relance remarques, est d’ avoir une vision stratégique . Premièrement, tout plan fiable doit reposer sur un diagnostic serein du tissu productif le secteur industriel représentent moins de 6% du produit intérieur brut , 98% des recettes du pays avec les dérivées provenant des hydrocarbures où le taux d’intégration tant des entreprises publiques que privées ne dépasse pas 15% avec la non adaptation aux nouvelles technologies et au nouveau mangement stratégique. Deuxièmement, ce plan doit reposer sur une nouvelle gouvernance nationale et locale ave plus de décentralisation et non déconcentration. Troisièmement, reposer sur de nouvelles organisations plus crédibles que les anciennes à travers des réseaux, loin de l’ancienne organisation hiérarchique rigide, impliquant les élus locaux et la société civile, entrepreneurs publics, privés , banques, universités, centre de recherche, associations. Quatrièmement, la démarche méthodologique, doit partir du général, du macroéconomique et macro social interne, puis aux réseaux intermédiaires et enfin au niveau micro économique aux projets fiables dans le cadre des avantages comparatifs, ne pouvant pas tout produire. Cinquièmement, tout plan opérationnel doit s’inscrire dans le cadre d’une vision stratégique tant des mutations internes qu’internationales, comment s’oriente les filières au niveau mondial entre 2020/ 2030 qui dominée par la bonne gouvernance et le primat du savoir avec la transition numérique et énergétique, en étant réaliste les hydrocarbures traditionnels resteront encore pour 5 à 10 ans la principale ressource en devises du pays sous réserve de la mise en place de nouvelles filières concurrentielles. Sixièmement, au niveau national l’on devra élaborer des stratégies d’adaptation pour couvrir à la fois le marché intérieur et les exportations hydrocarbures et autres et en conciliant l’efficacité économique et la cohésion sociale par le dialogue social. Septièmement, la mobilisation des ressources tant humaines et ajuster les ressources financières où l’on devra distinguer la partie dinars et la partie devises avec un planning daté pour éviter les réévaluations permanentes ,des projets non maturés afin de lutter contre les surcouts, en dressant une balance devises afin d’éviter l’épuisement des réserves de change. La deuxième condition pour la réussite du plan de relance est une communication transparente facteur de mobilisation. Premièrement ; il s’agira de préparer l’opinion médiatiquement et organiquement à l’esprit des réformes contenu dans le plan de relance en utilisant les médias lourds- débats- pièces de théâtre, cinémas- du fait de la tradition orale de l’Algérien Ainsi, les actions et les déclarations doivent être inventoriées, sans tomber dans le piège de l’autosatisfaction et du dénigrement, ni tomber dans le populisme médiatique qui serait alors contreproductif. Dans ce conteste il faut mettre en exergue la détermination à approfondir les réformes au profit de la collectivité nationale. Deuxièmement, le discours doit être rassembleur. L’opinion publique nationale se ligue normalement autour de l’homme rassembleur capable de lui réaliser un certain accomplissement. Le nationalisme, rénové dans le discours, la foi ranimée et « théâtralisée », la solidarité rehaussée par l’économie en actions peuvent féconder la matrice qui forge la mise en scène médiatique et politique des réformateurs. Troisièmement la communication doit être audible loin des discours techniques incompréhensibles pour le commun des citoyens, Ils doivent s’imprégner de choses banales tirées du quotidien ou se croisent les fils des époques, des générations et des symboles comme les luttes de libération, le développement social, qui restent en dépit du discours nihiliste d’une certaine élite politique et médiatique un fait et une référence incontestées qui appartiennent à l’histoire tout en structurant le présent de notre société. Les algériens et en dépit des apparences sont attachées au merveilleux de leur passé et aux défis de leur présent. Quatrièmement, la compagne d’explication des réformes doit éviter l’essoufflement et la monotonie thématiquement ou théâtralement avec un marketing basé sur le sérieux en évitant que les déclarations et les gestes de ceux qui défendent les réformes ne soient un objet de caricatures ou de plaisanteries soit dans la presse soit dans les espaces publics. Cinquièmement, la communication doit être réaliste et porteuse d’espoir. Les Algériens sont angoissés et même très angoissés par les assauts de la nature, par la violence humaine et les déchéances sociales et économiques. Le programme des réformes doit trouver des réponses réelles qui répondent en priorités à ces angoisses.. Sixièmement, la crise actuelle qui touche tous les pays du monde peut être un facteur catalyseur de mobilisation, si elle est perçue comme un demi mal qui éloignerait d’autres menaces tels le danger extérieur et le recul des réformes économiques enclenchés. C’est une thématique majeure qui doit éveiller les Algériens et les pousser à des choix qui dépassent les jeux purement régionaux ou subjectifs. Le concept de crise que traverse notre pays doit se hisser au niveau de la crise du monde et ne pas rester une crise de société bloquée et sous-développée. Septièmement, tout projet étant porté par des forces politiques, sociales et économiques avec des interactions souvent contradictoires entre des segments internes et externes, renvoyant à des luttes d’intérêt, il s’agira de porter une attention particulière à la frénésie qui semblent s’emparer de certains hostiles aux réformes en occupant des postes clefs sensibles au niveau des structures de l’Etat grâce aux réseaux de clientèles tissés depuis des décennies qui constitue un sérieux handicap qu’il conviendra de lever progressivement , sans verser dans le règlement de comptes inutiles. Cela permettra de donner plus de crédibilité tant auprès de la population que de nos partenaires étrangers à la consistance des réformes. Huitièmement, sans verser dans la démagogie et le populisme, les expériences historiques afin de favoriser la mobilisation et de la symbiose Etat –citoyens, c’est aux dirigeants de rassembler à leur peuple et non au peuple de ressembler à ses dirigeants devant tenir compte de notre riche anthropologie culturelle. Le principe est de travailler pour consolider la diversité et la pluralité tout en cultivant l’unité de la nation et du pays et donner sa cohésion et sa dynamique aux retrouvailles du peuple algérien avec son identité. Si l’organisation administrative de l’espace est souvent source de conflits concurrences, les hommes eux vivent un rapport plus fécond et plus harmonieux avec leur espace qui n’est pas celui de l’administration comme l’a démontré brillamment l'expert de renommée mondiale, Hernando DE SOTO sur Etat de Droit et sphère informelle (dans l’ ouvrage du Docteur Abderrahmane MEBTOUL – l’Algérie face aux enjeux de la mondialisation –perspectives: bonne gouvernance, démocratie et économie de marché ( édition Dar El Ghjarb 2004). Car à travers les expériences historiques de toutes les civilisations , ceux sont les femmes et hommes avec leurs équipements anthropologiques (identitaires) qui ont façonné les espaces.
5.- Conclusion : sacrifice partagé et nécessaire cohésion sociale
L’Algérie est un pays dynamique, plein de vitalité, qui se cherche et cherche sa voie étant un acteur déterminant, selon la majorité des observateurs internationaux, de la stabilité de la région méditerranéenne et africaine, sous réserve d'un renouveau de la gouvernance, dont la moralisation de la société sans laquelle aucun développement ne peut se faire Durant cette conjoncture difficile, la cohésion sociale est vitale, nécessitant des subventions ciblées au profit des couches les plus démunies, car distribuer des revenus sans contreparties productives conduit à terme au suicide collectif . L’Algérie dispose de compétences suffisantes localement et à l’étranger pour s’en sortir à condition d’un retour à la confiance Etat-citoyens, de développer une stratégie économique basée sur nos capacités propres, d’opérer les choix judicieux avec nos partenaires étrangers et enfin d’utiliser nos richesses pour un développement durable. Se mentir les uns les autres ou se cacher la réalité nous entraînera irrésistiblement vers d’autres épreuves tragiques qu’aucun algérien patriote ne souhaite. En économie le temps ne se rattrape jamais et le temps presse pour redresser le bateau Algérie et l’éloigner de la zone de tempêtes qui le guette . Il y a lieu procéder sans complaisance à un examen très lucide de la situation pour mieux réagir dans plusieurs segments de la vie économique et sociale : tels l’éducation-formation, le savoir pilier du développement, la santé, la modernisation de l’agriculture, la culture financière des acteurs économiques, l’efficacité de l’administration, la relance des entreprises, à travers une nouvelle politique industrielle, lutter contre les déséquilibres régionaux et les inégalités sociales, la formation civique et politique de la jeunesse et tant d’autres domaines En bref, la modestie et le dialogue productif étant l’outil de la bonne gouvernance, au moment où l’épidémie du coronavirus a ébranlé tous les pays du monde à la recherche de solutions et donc ce n’est pas propre à l’Algérie il y a urgence, pour des raisons de sécurité nationale et de rigueur budgétaire , un changement de paradigme culturel si l’on veut mettre en place une économie hors hydrocarbures tenant compte des nouvelles transformations du monde dans le domaine sanitaire, économique, social, culturel et sécuritaire entre 2020/2030
Références
interview professeur Abderrahmane MEBTOUL expert international le 08 juillet 2020 à Radio Algérie Internationale sur le plan de relance économique que vous pouvez écouter en intégralité( 15 minutes) le 08 juillet sur son site -Pour comprendre les enjeux géostratégiques du nouveau monde et élaborer des stratégies d'adaptation dans le cadre d'une planification stratégique 2020/2030/2040 -contributions du Pr A. Mebtoul En français Afrik Eco et Africa Presse Dakar/Paris 05 mai et 08 mai 2020 « Comme impact de l'épidémie du coronavirus, de profondes mutations géostratégiques, économiques et comportementales attendent le monde de demain 2020/2030/2040 En anglais American Herald Tribune USA
Pr Abderrahmane MEBTOUL « The World’s Deep Geostretegic Change After the Coronavirus 2020/2030/2040 » 07 mai 2020 » Interview au quotidien gouvernemental AL Massa sur le plan de relance et la réunion gouvernement patronat 16/07/2020
- Ouvrage collectif sous la direction du professeur Abderrahmane MEBTOUL « Les enjeux de l’Algérie : réformes et démocratie » 2 volumes Casbah Edition Alger- 2005 (520 pages) -Interviews à l’American Herald Tribune 28 décembre 2016 (58 pages) et au quotidien financier français la Tribune.fr mars 2017 « toute déstabilisation de l’Algérie aurait un impact sur l’espace méditerranéen et africain »- interview à l’American Herald Tribune fin aout 2018 sur le bilan et les perspectives de l’économie algérienne 2018/2020/2030 – en anglais (USA). -Ouvrage collectif « les enjeux géostratégiques de l’intégration du grand Maghreb » Edition Harmattan Paris/ France – 2015 sous la direction d’Abderrahmane Mebtoul et de Camille Sari deux ouvrages (1050 pages) Institut Français des Relations Internationales – IFRI- « La coopération Europe/Maghreb face aux enjeux géostratégiques 55 pages 04 avril 2011 » et du même auteur « la problématique de la sphère informelle au Maghreb (IFRI 28 pages 03 décembre 2013). L’Afrique, le Maghreb face aux enjeux des flux migratoires » site Afrik Press Paris Francs 24/27 juin 2018 - 1er Congrès sur la sécurité énergétique, alimentaire et de l’eau 01 avril 2018 CIC Alger- Face aux nouvelles mutations énergétiques mondiales :pour un nouveau management stratégique le 19 avril 2018 è 11è-me journées du JST de Sonatrach du 16 au 19 avril 2018 .
-« l’Algérie face aux trafics et au terrorisme au niveau de la région sahélienne »- Ministère de la défense nationale -Institut de Documentation, d’Evaluation et de Prospective trafic des frontières et la sécurité au Sahel - Intervention du professeur Abderrahmane Mebtoul à l’invitation de « l’Alliance pour Refonder la Gouvernance en Afrique (ARGA) » constituée d’importants acteurs africains et non africains)), qui a organisé une grande rencontre internationale entre le 26/30 janvier 2014 sur le thème « l’Afrique doit réinventer son économie », « face aux enjeux géostratégiques, le développement et la sécurité de l’Afrique doivent se fonder sur l’Etat de Droit et la bonne gouvernance » Intervention du professeur Abderrahmane Mebtoul à l’invitation de « l’Alliance pour Refonder la Gouvernance en Afrique (ARGA) » constituée d’importants acteurs africains et non africains)), qui a organisé une grande rencontre internationale entre le 26/30 janvier 2014 sur le thème « l’Afrique doit réinventer son économie », « face aux enjeux géostratégiques, le développement et la sécurité de l’Afrique doivent se fonder sur l’Etat de Droit et la bonne gouvernance ». -Intervention du Professeur Abderrahmane Mebtoul invité d’honneur du Professeur Jean-Pierre Chevènement, président de l’Association Algérie-France et de la fondation Res Publica qui a organisé une rencontre avec d’importantes personnalités des deux rives de la Méditerranée en partenariat avec l‘Union européenne le 17 février 2014 à Paris sur le thème : « le Maghreb et l’Afrique face aux enjeux géostratégiques mondiales ».