L'ex chef du gouvernement et néanmoins candidat à la présidentielle, a fait d'intéressantes révélations s'agissant du scandale Khalifa mais aussi de la toute aussi scandaleuse loi sur les hydrocarbures. Pour sa toute première intervention médiatique via Echourouk TV ce vendredi, Benflis s'est lavé les mains dans l'affaire Khalifa alors qu'il était chef du gouvernement.
Il a tenu d'abord a rectifier que Khalifa Bank avait été agréée avant son arrivée au gouvernement en 2001 voire même à l'arrivée de Bouteflika au pouvoir. Mais il a pointé la Banque d'Algérie qui est "responsable de la supervision des banques" et "c'est elle aussi qui délivre les agréments des banques".
Et pour rétablir les faits, Ali Benflis précise qu'en "septembre 2002, j'ai reçu des rapports faisant état d'irrégularités dans la gestion de Khalifa Bank. J'ai aussitôt réuni un conseil de gouvernement restreint avec la participation du ministre des Finances et du gouverneur de la Banque d'Algérie. La décision a été prise de lancer une enquête administrative pour vérifier les accusations contenues dans les rapports que j'ai reçus ".
Importante précision, Benflis glisse qu'il a également décidé de tenir "informé par écrit" le président de la République. A ce propos il affirme avoir envoyé "une dizaine" de lettres au président Bouteflika. "En mars 2003, l'enquête administrative avait conclu à des infractions à la loi pénale. J'ai ordonné alors au ministre des Finances et à la Banque d'Algérie de porter plainte au nom de l'État contre Khalifa Bank. La plainte a été déposée au tribunal de Chéraga (ouest d'Alger) où se trouvait le siège social de Khalifa Bank. J'ai quitté le gouvernement en mai 2003 ".
J'avais lancé une enquête...puis, suis limogé
Ne voulant visiblement pas porter des jugements sur la suite qu'avait connu ce dossier, Ali Benflis, s'est contenté de dire ; "j'avais quitté le gouvernement en mai 2003". Message subliminal : Si le scandale a été étouffé ce n'est pas de ma faute, allez voir ailleurs... Il était loisible de comprendre dans le propos de Benflis que le président Bouteflika était au courant de toute l'affaire Khalifa et qu'il devait par conséquent d'après lui, assumer la responsabilité.
Et le candidat à la présidentielle, met en cause directement le président de la république dans l'autre scandale de la loi sur les hydrocarbures. "Ce projet de loi, je l'ai rejeté et j'avais informé le président de la République que je ne pouvais pas l'accepter. Le sol et le sous-sol algérien appartiennent au peuple algérien et doivent rester sa propriété. Je suis pour les partenariats avec les étrangers, mais le sous-sol algérien doit rester la propriété du peuple. Sinon, pourquoi nos martyrs s'étaient-ils battus pour libérer le pays ? C'est comme si on disait à Ben boulaid, Krim Belkacem, et Ben Mhidi vous aviez eu tort de vous être battus pour l'indépendance ! "'.
Le président savait...
En creux, Ali Benflis, a souligné que le président Bouteflika était bel et bien informé de la dangerosité du projet de loi mais qu'il ne l'a pas bloqué dans un premier temps puisque le duo Chakib Khelil-Amar Saadani ( ex ministre de l'énergie et le second ex président de l'APN) l'ont fait adopté à l'Assemblée. Pour appuyer ses dires, il soutient que durant sa présidence du gouvernement, ce projet n'a jamais été inscrit à l'examen pour la simple raison que "j'ai refusé de l'assumer".
Ali Benflis a insisté sur le fait qu'il n'avait aucun différent "personnel" avec Bouteflika. "J'ai eu deux différends avec le président Bouteflika. Le premier concerne le projet de loi relatif au Conseil supérieur de la magistrature. Je voulais qu'il soit composé d'une majorité de magistrats élus pour lui permettre de devenir indépendant du pouvoir politique. Le second est le statut particulier du magistrat pour lui permettre d'être indépendant".
En tout état de cause, Ali Benflis voulait manifestement se laver les mains des deux scandales qui avaient marqué le premier mandat du président qu'il avait accompagné en tant que directeur de campagne puis directeur de cabinet et enfin en chef du gouvernement.