Trente mille (30.000) emplois seront prochainement créés en Algérie ! C’est forcément une bonne nouvelle, surtout dans ce contexte, de déprime économique, induit par la chute brutale des cours du pétrole.
Mais ce ne sont pas justement des entreprises publiques ou privées qu vont accueillir ces bataillons d’employés. Ce sont les administrations publiques et plus exactement les guichets de l’état civil !
Du coup la nouvelle perd un peu de son originalité et sa pertinence. Le Directeur des ressources humaines, de la formation et des statuts au ministère de l’Intérieur et des Collectivités locales, M. Abdelhalim Merabti, a en effet annoncé aujourd’hui la création de deux nouveau postes spécialisés, à savoir Guichetier et Préposé à l’état civil.
Concrètement 8.000 postes de préposés à l’état civil et 30.000 postes de guichetier seront ouverts au niveau de toutes les communes du pays.
Autrement dit, le trésor public sera mis à rude épreuve alors même que les recettes du pays se raréfient de plus en plus.
Dans cette période très délicate pour l’Algérie, qui commence à manger de ses réserves en devises, qui risque même de s’endetter à moyen terme, ce n’est pas une bonne nouvelle de savoir que l’administration qui ne produit rien recrute à tour de bras.
Plus d’agents plus de bureaucratie
Aussi, est-il curieux de constater que l’Algérie continue de graisser ses effectifs dans la fonction publique au moment même où sous d’autres latitudes, les services administratifs sont complètement numérisés.
La logique et le bon sens auraient voulu que le gouvernement accélère le processus de modernisation de l’administration pour la rendre plus fluide et plus efficace.
Ce n’est sûrement pas en multipliant le nombre d’agents aux guichets que les réflexes bureaucratiques vont disparaître, bien au contraire.
Pas d’argent mais on recrute !
Déjà que notre pays a bien du mal à se «vendre» à l’investissement étranger à cause précisément de ce serpent de mer qu’est la bureaucratie qui décourage les plus téméraires.
Ce responsable nous apprend également que les collectivités territoriales ont accueilli durant l’année 2014 plus de 13.000 nouveaux fonctionnaires au niveau des communes.
Il justifie ces recrutements massifs par «l’intérêt porté par le secteur de l’Intérieur et des Collectivité locales à la promotion de la ressource humaine».
On aurait tellement aimé que ce responsable nous annonce l’informatisation de tous les services administratifs et la réorientation de ces effectifs vers d’autres secteurs créateurs de richesses.
Ce n’est pas avec cette inflation d’agents que le gouvernement pourra réussir «l’éradication de la bureaucratie» pas plus que«l’amélioration des prestations offertes aux citoyens».
Ces recrutements massifs risquent au contraire d’alourdir un peu plus une administration déjà pléthorique dans plusieurs administrations.
La «rationalisation des dépenses» érigée en nouveau dogme de gestion vient de prendre un sérieux coup.