Le défi principal de l’Algérie est de se mobiliser, aujourd'hui plus que jamais, pour accroître l'investissement dans tous les secteurs et le déployer à travers tout le territoire national par l'amélioration de la productivité et la compétitivité de sorte que les entreprises algériennes résistent localement à la concurrence extérieure et que la production parte à la conquête de marchés extérieurs. C’est dans ce contexte, que rentrent les décisions récentes du Président de la république, où l’Algérie face à une crise sans précédent qui touche toute la planète, devra mobilier toutes les énergies et s’orienter vers une libéralisation maitrisée, seule garantie d’un développement durable, au profit de toutes les algériens.
1.- Une action gouvernementale cohérente ne doit pas confondre plan de relance et stratégie d’investissement à moyen et long terme, tenant compte des mutations mondiales, des filières d’avenir, 2021/2030 fondées sur la transition numérique et énergétique, Un plan de relance consiste à dynamiser les activités actuelles et des investissements à court terme, en évitant de renflouer financièrement des activités qui sont appelées à disparaitre à terme. Toute vision cohérente doit reposer sur la la décentralisation autour de grands pôles régionaux ,la dé- bureaucratisation. Les actions sectorielles doivent se mouler au sein d’une d ‘une fonction objectif stratégique devant différencier pour paraphraser les militaires tactiques et stratégie devant tracer un registre d’engagements pour le court terme, le moyen terme et le long terme . A court terme, cela doit toucher les situations pénibles vécues par les algériens qui souvent demandent une bonne organisation avec peu de dépenses avec l’implication de la société civile locale la rénovation du parc transport ou de bâtiments souvent oublié , devant investir non dans des anciennes méthodes de construction où il faut un climatiseur par pièce, pour économiser l’énergie renvoyant à la politique des subventions généralisées où la consommation intérieure risque de dépasser horizon 2030 les exportations actuelles. Un plan d’investissement, étant souhaitable un haut commissariat du Plan, chargé de la prospective ,non pas les anciennes structures des pays communistes, sous l’autorité du président de la république du fait de sa mission hautement stratégique qui engage le pays sur plus de 15/10 ans, , consiste à la création d’activités nouvelles compétitives en termes de cout/qualité préparant l’économie hors hydrocarbures . L’on devra distinguer dans la hiérarchisation les projets capitalistiques dont le seuil de rentabilité, si le projet est lancé en 2021, ne sera réalisable qu ’horizon 2028/2030, des projets moyennement capitalistiques , avec un seuil de rentabilité au bout de cinq années et des projets faiblement capitalistiques (PMI/PME) au bout de 2/3 année. Tous ces projets devront s’insérer dans le cadre de la promotion de l'investissement national et étranger créateur de richesses passant par l'amélioration de l'environnement des affaires,renvoyant à la bonne gouvernance. Car Combien d’organismes bureaucratiques censés promouvoir l’emploi, Andi Ansej Cnac , Anjem, en plus du comité d’investissement présidé par les différents Premiers ministres entre 2000/2019 pour de grands montants, avec de longs circuits bureaucratiques et pour la finalisation passant par les banques primaires et la banque de garantie pour le financement et le terrain par les wilayas avec des résultats mitigés ? Combien de codes d’investissement et de lois promulgués depuis plus de 40 ans avec d’importants avantages financiers et fiscaux, alors qu’en septembre 2020 avec les dérivées 98% des entrées en devises de l’Algérie proviennent toujours des hydrocarbures ?
2.- Il s’agit donc pour toute action opérationnelle d’avoir une méthode cohérente pour mettre en place de profondes réformes structurelles avec un planning réaliste daté. Tout plan d’investissement à moyen et long terme ou de relance à court terme doit tenir compte de la structuration de la société, où la société algérienne comme toutes les sociétés humaines est structurée en fonction de plusieurs paramètres sociologiques : catégories d’âge, profession, sexes, statut sociale, statuts religieux, statut politique, anthropologie culturelle territoriale ect..(Voir audit opérationnelle volume 6 sous ma direction « face aux nouvelles mutations mondiales, les axes opérationnels du plan de relance économique et d’investissement 2014/2030 » pour le premier ministère janvier 2015- 10 volumes 780 pages assisté de 20 experts internationaux dont les recommandations n’ont pas été appliquées , audit réalisée gratuitement ; que de perte de temps pour l’Algérie). Un système d’information fiable doit faire l’inventaire de ces catégories pour le ciblage médiatique et l’élaboration du programme des réformes structurelles selon un timing daté. Car tout projet étant porté forcément par des forces politiques, sociales et économiques, sa réalisation étant fonction des rapports de force au niveau de la société et non au sein de laboratoires de bureaucrates déconnectés de la société, doit d’abord être compris par tous ceux qui, à un niveau ou à un autre, interviennent dans la décision économique, d’où l’importance de savoir communiquer dans un langage accessible à toute population et pas seulement aux initiés. C’est pourquoi, il faut insister sur l’effort d’une information de vérité, qui doit lui être associée, pour montrer l’opérationnalité de toute action gouvernementale au profit des générations présentes mais également futures, une Nation ne pouvant distribuer plus que ce qu’elle produit quitte à aller vers le suicide collectif, l’objectif , éviter la marginalisation de pans de la société. Sans verser dans la démagogie et le populisme, les expériences historiques afin de favoriser la mobilisation et de la symbiose Etat –citoyens, c’est aux dirigeants de rassembler à leur peuple et non au peuple de ressembler à ses dirigeants devant tenir compte de notre riche anthropologie culturelle. Le principe est de travailler pour consolider la diversité et la pluralité tout en cultivant l’unité de la nation et sa cohésion sociale pour un espace équilibré et solidaire. Ce sont les hommes avec leurs équipements anthropologiques qui ont façonné les espaces Car, l’organisation administrative de l’espace n’est pas celle de l’administration comme l’a démontré brillamment l’expert de renommée mondiale, Hernando DE Soto sur Etat de Droit et sphère informelle (dans l’ouvrage du Pr Abderrahmane MebtouL – l’Algérie –perspectives: bonne gouvernance, démocratie et économie de marché (édition Dar El Ghjarb 2004). -L’action gouvernementale doit définir clairement les objectifs stratégiques car un pays qui veut se développer doit préparer les choix qui permettent d’en saisir les conséquences basées sur des études précises qui doivent indiquer : comment se pose le problème ; -quelles sont les contraintes externes (engagements internationaux de l’Algérie) ; -quels sont les contraintes socio-économiques, financières et techniques internes ; -quels sont les choix techniquement possibles et les ensembles de choix cohérents et quelles sont les conséquences probables de ces choix, -quelles méthodes de travail choisir qui permettent de déterminer les paramètres (moyen et long terme) et les variables ( court terme) dont dépend un système complexe. Après avoir décomposé la difficulté en éléments simples, il convient de se poser des questions et apporter des réponses opérationnelles, loin des théories abstraites, réalisations physiques et plan de financement sur chacun des éléments : -Quoi ?-Qui ?- Où – Quand ?– Comment ?– Combien ? Pourquoi ? Comment faire ? La structure de l’action en faveur des réformes est globalement formée de cinq segments qui fondent le processus opérationnel de mise en œuvre :-l’administration qui constitue la cheville ouvrière par son importance stratégique,-la société civile/syndicats,- les citoyens dans leur diversité,-les partis politiques et -les opérateurs publics et privés. - Tous ces questionnements qui doivent trouver des réponses opérationnelles réalistes, fonction des objectifs et des moyens, imposent un diagnostic serein afin de se projeter sur l’avenir évitant les erreurs du passé.
3.- L’industrie représente moins de 6% du PIB et la majorité du tissu économique est constitué de PMI/PMI peu innovantes. Selon les données du ministère de l’Industrie et des Mines, Bulletin d’information numéro 35 de novembre 2019, à la fin du premier semestre 2019, une grande partie du tissu économique est constituée de PMI-PME au nombre de 1.171.945 entreprises dont 99,98% pour le secteur privé. Depuis cette période de janvier à septembre 2020, surtout avec la crise de l’épidémie du coronavirus où des milliers d’entreprises sont en difficultés , la structure n’a pas foncièrement changé . Selon cette enquête ,les personnes morales –secteur privé, souvent de petites Sarl, sont au nombre de 659.573, les personnes physiques 512.128 dont 243.759 professions libérales, 268.369 activités artisanales et pour le secteur public 344 personnes morales Par taille 97% sont des TPE de moins de 10 salariés (1.136.787 unités) 2,6% entre 10 et 49 salariés, avec 30.471 et seulement 0,4% avec 4.688. Par répartition sectorielle pour les personnes morales, l’agriculture représente 1,12%, hydrocarbures, énergie-mines et services liés 0,46%, le Btph 28,54%, les industries manufacturières 15,48% et les services 54,41%. Pourtant, l’important n’est pas de quantifier le nombre de projets, mais surtout leurs réalisations et de voir leurs mortalités après avoir bénéficié de nombreux avantages, la vulnérabilité dépendant pour leur majorité de la demande publique. Pour la majorité des entreprises publiques, l 'expérience montre que ce n'est pas une question de finances qui empêche l' évolution du secteur public marchand du fait que le budget algérien lui a consacré, à prix constants, plus de 100 milliards de dollars entre 1980-2019 sans résultats probants, une fraction des entreprises publiques produisant, en permanence, des déficits entraînant dans leur sillage les banques qui restent malades de leurs clients. C’est que les transferts illicites de devises entre 2000/2019 vers l’étranger sont évalués à plus de 100 de milliards de dollars en référence au volume croissant des importations (surcoût, non-maîtrise des mécanismes boursiers internationaux jouant sur la distorsion du cours du dinar entre le cours officiel t celui du marché parallèle, la cotation actuelle n’étant pas significative du fait de la fermeture des frontières, avec un écart entre 40/50%, devant insister sur les sorties de devises des services qui ont fluctué entre 2010/2019 de 9/11 milliards de dollars par an. En cas de dégradation de la conjoncture pétrolière entre 2020/2022, cela risque de ramener l’Algérie à une situation financière instable et le risque de l’épuisement des réserves de change début 2022qui sont passées de 194 milliards de dollars au 01 janvier 2014 et termineront à moins de 40 milliards de dollars fin 2020, ce qu’aucun patriote ne souhaite. Le langage de la vérité doit primer loin du populisme et éviter des discours contradictoires entre des ministres d’un même gouvernement. Car, le constat en ce mois de septembre 2020 est le faible taux de croissance du PIB (2000/2019 2,5% en moyenne , 0,8% en 2019 et selon le FMI ,un taux négatif de moins de 5% en 2020, avec comme conséquence le retour à l’inflation et l’accroissement du chômage réel, devant tenir compte des emplois rentes. Cela contraste avec les entrées en devises de plus de 1000 milliards de dollars entre 2000/2019 et les sorties de devises, plus de 935 milliards de dollars d’importation de biens et services entre 2000/2019. Les exportations hors hydrocarbures représentent moins de 2% du total du total si l’on soustrait les dérivées d’hydrocarbures, la dépense publique via les hydrocarbures tirant la croissance économique, avec des réévaluations permanentes, des surcoûts et des ouvrages souvent ne répondant pas aux normes internationales.
En résumé, l’Algérie a toutes les potentialités pour devenir un pays pivot au niveau de la région méditerranéenne et africaine . Pour cela il y a urgence pour une cohérence dans la démarche de toute politique, qui doit s’adapter tant aux nouvelles mutations internes que mondiales car sans développement point de sécurité et sans sécurité pas de développement. Les textes juridiques sont une condition nécessaire mais non suffisante: l'important est d'agir sur le fonctionnement de la société algérienne Le monde doit connaitre u profond bouleversement géostratégique loin de la vision matérielle du passé :des industries écologiques, de l’éducation, de la santé, des loisirs, le primat de la culture et le digital qui influera sur la gestion des institutions et des entreprises et sur nos comportements. . Espérons que soient mis fin aux mêmes pratiques bureaucratiques anciennes, source de blocage, que le Président Abdelmadjid Tebboune dénonce régulièrement, renvoyant à une nouvelle gouvernance et la valorisation du savoir.
Le 04/09/2020