Abdelmalek Sellal entame, à partir de demain une visite de deux jours dans les deux wilayas d’Adrar et Tamanrasset. Comme pour les précédentes visites effectuées déjà dans presque 30 wilayas, le Premier ministre aura au menu des inaugurations de structures, des poses de la première pierre pour de nouveaux projets, dans ces deux wilaya qu’il connait bien pour y avoir exercé au début de sa carrière en tant que chef de Daira , puis comme wali.
La question sécuritaire sera certainement présente, à cause de la tension qui persiste aux frontières avec le Mali et Niger. Abdelmalek Sellal va probablement annoncer l’octroi d’enveloppes budgétaires pour répondre aux attentes des populations locales qui se considèrent marginalisées par rapport aux nord du pays.
D’ailleurs, le Comité des chômeurs du Sud a de nouveau fait entendre sa voix ces derniers jours pour dire que les promesses en termes d’emploi, de logements, d’investissements faites par les pouvoirs publics, en réponse à la grogne des jeunes du sud sont restées lettres mortes. A l’occasion de sa réunion avec les représentants de la société civile, ultime séquence de son programme, Sellal aura à apporter des clarifications à ce propos.
Mais Abdélmalek Sellal est surtout attendu à l’occasion de cette visite sur le terrain politique. A deux reprises cette semaine, il a fait l’objet d’attaques presque insultantes de la part du patron de FLN. Amar Saidani, faisant fi des règles de courtoisie républicaine a traité Sellal de piètre politicien, lui recommandant, non sans ironie, de s’occuper de la fonction technique pour laquelle il est désigné.
Un véritable affront pour le Premier ministre qui se voit ainsi sonner les cloches par un chef du FLN qui s’érige en arbitre du jeu politique. Sellal, qui avait répondu de façon subtile à Sétif, à la première charge de Saâdani, est tenu au moins de se défendre. Il y va de son autorité en tant que Premier ministre. La riposte est d’autant plus nécessaire pour lui que ces visites dans les wilayas, qui lui ont permis d’émerger sur la scène politique pour remplir le vide laissé par le président Bouteflika, commencent à prendre des allures de déjà vu et de déjà entendu.
Autant au début, ces sorties dans les wilayas ont eu un feedback positif, autant aujourd’hui elles apparaissent comme un exercice ayant atteint ses limites. Des visites presque protocolaires. Abdelmalek Sellal, s’il a l’ambition de survivre encore politiquement doit sortir de cette routine. Mais est-ce que les attaques dont il a été la cible de la part du tirailleur Saâdani, ne sont pas justement destinées à le tuer politiquement.
Maintenant que le président Bouteflika à l’air d’aller mieux, donc de reprendre plus ou moins du service, Sellal ne serait-il pas invité à «s ‘écraser » ? Saâdani , en l’humiliant ainsi, n’a-t-il pas fait que transmettre un message. « L’orange pressée, on jette l’écorce ». Abdelmalek Sellal risque de vérifier à ses dépens cette vérité que beaucoup d’hommes poussés à la trappe connaissent bien.