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Abdelhak Lamiri : "C’est la décennie de la dernière chance pour l’Algérie"

21-12-2013 07:44  La Rédaction

Le professeur Abdelhak Lamiri est convaincu que le challenge de l’émergence économique est à la portée de l’Algérie, pour peu que la volonté politique de rupture avec les choix et politiques du passé soit fortement affirmée, dès l’année prochaine.

"C’est la décennie de la dernière chance pour l’Algérie", a avertit Abdelhak Lamiri, PHD en management et président du groupe Insim, dans son tout récent ouvrage publié par les éditions Chihab, qu’il a présenté jeudi dernier à Alger.

Pour lui, l’Algérie se trouve à la croisée des chemins et avertit que "le pays risque de basculer vers la déchéance au lieu de l’émergence, si on continue avec les politiques actuelles".

La plupart des experts algériens sont d’accord sur la démarche. "Nos gouvernants ne pourront plus dire qu’ils ne le savaient pas", estime Lamiri.

S'exprimant au cours de cette conférence-débat consacrée à la présentation de son dernier livre dans lequel il dresse un bilan sans complaisance de l’économie algérienne, il a déclaré que "nous avons encore les ressources financières pour atteindre l’émergence".

L’économiste a indiqué que l’Algérie, confrontée actuellement aux incertitudes du marché pétrolier et à la baisse de sa production pétrolière, doit miser toute son épargne publique et ses placements à l’étranger pour atteindre cette émergence.

"Il faut se donner de l’espoir. Avec les ressources financières dont nous disposons et nos capacités d’endettement on peut réussir. Si on rate cette décennie, je ne peux imaginer quel sera l’avenir de nos enfants", a-t-il dit.

Pour atteindre cet objectif," le pays doit aller vers une économie de savoir", qui constitue, selon lui, la condition de réussite de toute politique économique visant l’émergence.

Il a estimé, à ce titre, que la politique économique, basée sur le développement des infrastructures, menée depuis une décennie par l’Etat, n’a pas donné ses fruits en matière de croissance en dépit des centaines de milliards de dollars dépensés dans le cadre des plans quinquennaux de relance économique.

C’est que la relance économique, a-t-il poursuivi, a besoin "d’une industrie du savoir, qui doit être menée par des entreprises en mesure de moderniser la gestion de tous les secteurs économiques, y compris l’éducation et la santé.

Or, en Algérie, l’Etat a mené sa politique de développement économique sans ces entreprises qui sont "les fondamentaux de l’émergence", a-t-il expliqué, citant à ce propos l’exemple de la Chine qui a créé 2.000 instituts supérieurs pour recycler ses cadres avant d’atteindre son niveau de développement actuel.

Beaucoup d’essence dans un moteur défectueux

"Peut-on lancer une relance dans un pays qui n’est pas préparé", s’est-il interrogé, en relevant que l’Algérie a "mis beaucoup d’essence dans un moteur défectueux".

L’absence des fondamentaux de la réussite a donné lieu à des rendements maigres en matière d’investissement. Grâce à une ressource humaine qualifiée et un management de qualité, la Chine engrange actuellement jusqu’à quatre milliards de dollars pour un milliard de dollars investi, alors qu’en Algérie, il faut investir quatre milliards de dollars pour réaliser un milliard de bénéfices, a-t-il argumenté.

M. Lamiri a soutenu qu’il était impératif d’aller vers un développement décentralisé, d’encourager le financement de l’investissement productif et de revoir l’organisation de l’Etat en optant pour une coordination renforcée entre les cellules de stratégie des ministères.

Abdelhak Lamiri n'a pas manqué de souligner que "la puissance d’une économie réside non pas dans le nombre de ses infrastructures, mais dans la qualité de son système éducatif, la recherche scientifique et l’entrepreneuriat ship" et "les pays asiatiques l’ont bien compris".



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