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A Ghardaïa, les policiers dans la… rue

13-10-2014 20:38  Rafik Benasseur

C’est une première dans les annales de la police algérienne. Des centaines d’agents des forces de l’ordre chargés de la lutte anti émeutes sont sortis  dans la rue à Ghardaïa pour crier leur désarroi.

L’image était presque irréelle de voir ces "flics" en uniforme improviser une marche avant d’observer un sit-in devant la sûreté de wilaya. Leurs revendications ? "Attirer l’attention de leur tutelle sur leurs conditions de travail".

Fatigués de servir de boucliers contre les manifestants de toutes les catégories professionnelles pour masquer la faillite des responsables politiques, les policiers ont décidé eux aussi de crier leur ras- le bol dans la rue.

C’est une action assez significative de la terrible pression à laquelle sont soumis les CRS pratiquement sur les charbons ardents 24h sur 24 et depuis des années. Il n' y a en effet pas plus mauvais que de devoir affronter les colères populaires surtout celles qui sont légitimes et saines.

On devine aisément l’état d’esprit de ces policiers obligés de faire le «sale boulot» quand ceux qui sont censés régler les problèmes des citoyens échouent par incompétence ou par laxisme.

Il était donc attendu que la coupe de la colère soit pleine dans les rangs des CNS qui, désormais le paient de leur sang à Ghardaïa en tout cas.

La coupe est pleine à Ghardaïa

Le visage ensanglanté du malheureux policier touché et transporté par ses collègues a choqué tout le monde. Çà ne peut plus continuer ainsi…ont-ils crié rageusement invitant le ministre de l’intérieur a prendre ses responsabilités.

Même le déplacement de leur patron Hamel n’a pas réussi à étouffer leur colère face à des conditions de travail de plus en plus insupportables. «Nous interpellons le ministre de l’Intérieur sur la situation catastrophique que nous vivons dans la région marquée par des émeutes», ont-ils scandé durant leur sit-in.

Les attaques au cocktail Molotov qu’ils ont subi de la part des émeutiers à Berriane, ont constitué la goutte qui a fait déborder le vase d’une corporation sur le grill depuis des années.

Le bouclier ne sert à rien…

De fait la "gestion démocratique des foules" chère au général Hamel a montré ses limites. La protestation de ses troupes hier à Ghardaïa et qui ont même réclamé son départ sur une affiche en est la meilleure preuve.

Mais au-delà de cette action légitime de ces policiers venus des quatre coins du pays, c’est la persistance incroyable des émeutes dans la vallée du Mzab qui inquiète.

Le Premier ministre Abdelmalek Sellal s’est rendu plusieurs fois, là bas au même titre que presque tout son cabinet, mais en vain. C’est à ce niveau que le problème se pose avec acuité.

Les policiers-manifestants qui réclament un syndicat pour se défendre, veulent peut être s'en laver les mains de cette «gestion démocratique des foules» trop chère en énergie et en stress.



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