Par Djamel Bouatta
Emmanuel Macron a été donné largement vainqueur, mercredi soir, de Marine Le Pen à l'issue d'un débat de l'entre-deux-tours qui a tourné au combat de chiffonniers, à trois jours du second tour de l'élection présidentielle. Plus de 16 millions étaient scotchés devant le petit écran et les deux tiers des téléspectateurs ont jugé la fille Le Pen telle qu’elle a toujours été: populiste, simpliste, propagandiste et dont le seul programme reste en définitif le fond de commerce du Front national : la chasse à l’immigration, le rejet du multiculturalisme, la haine des musulmans assimilés en bloc aux terroristes, et pour la renaissance d’une France exclusivement blanche.
Théoriquement, c’est la dernière ligne droite vers l’Elysée pour Emmanuel Macro que même 66% des électeurs de l'ex-candidat de la France insoumise, Jean-Luc Mélenchon, ont également jugé convaincant, alors que cette frange de l'électorat privée de consigne de vote clair de la part de leur leader, était réticente à voter dimanche.
Rassuré, Emmanuel Macron continue de recevoir des soutiens de l’étranger, contrairement à sa rivale qui n’a été félicitée que par Vladimir Poutine alors qu’elle a multiplié des voyages à l’Etranger (Etats unis, Canada, Liban, Tchad) pour donner d’elle une image de fréquentable à l’internationale.
Le maître du Kremlin a choisi Marine Le Pen pour une raison très simple, a rétorqué Emmanuel Macro : ‘’Vladimir Poutine veut une France faible, et par ricochet, une Europe faible’’. Même accusation contre Donald Trump qui a soutenu implicitement la candidate islamophobe à travers ses tweets, qui laissent penser que le locataire de la Maison Blanche espère que les Français se reporteront celle qui n’a que la chasse aux étrangers et la sécurité dans la bouche. Fond de commerce de Donald Trump.
Par contre, les multiplies contacts et les rencontres avec les chefs d’États étrangers pendant sa campagne ont été couronnés de succès pour Emmanuel Macron. Il avait commencé son périple par Alger qui a déroulé le tapis rouge sous ses pieds. Traité d’ami, il est reçu comme un chef d’Etat. Tous les dirigeants des institutions européennes à Bruxelles lui ont apporté leur soutien et leurs félicitations. Le président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker lui a souhaité le meilleur pour le second tour, le 7 mai.
De fait, toutes les capitales occidentales lui ont apporté leur soutien et des Etats unis, il a reçu un vibrant soutien de la part de Barak Obama : un symbole. En France au fur et à mesure que la date du second tour se rapproche, les soutiens pleuvent sur lui.
Pêle-mêle: François Fillon, candidat malheureux de la droite traditionnelle, Bernard Cazeneuve, premier ministre, François hollande, et bien d’autres ténors du parti socialiste,
L'Association des maires de France, côté société civile, cinq directeurs de grands théâtres nationaux français, le directeur du prestigieux festival d’Avignon, le plus international des cinéastes français, Luc Besson, le très populaire acteur et réalisateur Dany Boon, qui a précisé être née dans une famille modeste du nord de la France, d'une mère Ch'ti et d'un père Kabyle ‘’qui m'ont appris la tolérance, le respect et le souci de l'autre’’, plusieurs dizaines de scientifiques de premier plan dont la médaille d'or du CNRS Claire Voisin et le mathématicien et médaille Fields Cédric Villani, plusieurs grands patrons, comme le PDG d'Atos, Thierry Breton, celui de Veolia, Antoine Frérot ou encore Tom Enders, PDG du groupe aéronautique européen Airbus, alarmistes sur la menace que représente, selon eux, une possible entrée de Marine Le Pen à l'Elysée…
L’autre question de cette présidentielle française inédite : si Emmanuel Macron, qui ne s'était jamais confronté au suffrage universel est élu dimanche, les Français lui donneront-ils, comme traditionnellement sous la Ve République, une majorité, lui dont le mouvement ‘’En marche’’ fête à peine sa première bougie ? Son mouvement parviendrait lors des législatives des 11 et 18 juin prochains à se hisser en tête des forces politiques à l'Assemblée nationale ?
Les sondages lui donnent de 249 à 286 sièges, approchant la majorité absolue (290 sièges). La droite et le centre (LR et UDI) recueilleraient 200 à 210 sièges - grosso modo le niveau de 2012 - échouant donc à imposer une cohabitation. Le FN pourrait constituer un groupe, avec 15 à 25 députés. Même avec 300 candidats qui pourraient passer le premier tour, il se heurterait encore au plafond de verre du second.
Quant au PS, avec 28 à 43 sièges, il serait laminé. Le Front de gauche obtiendrait 6 à 8 députés. Emmanuel Macron n’aurait pas besoin de cohabitation. Et qui serait son premier ministre ? Contrairement à Marine Le Pen qui a choisi Nicolas Dupont-Aignan, un souverainiste anti Bruxelles et anti immigrés, Emmanuel Macron continue d'entretenir le mystère à ce sujet. Face aux harcèlements des médias, il a lâché qu’il avait dans sa tête le profil, sans en dire plus.
Entre candidats potentiels et candidats auto-déclarés, quelques noms, féminins et masculins, circulent. Soutien clé dès le premier tour des présidentielles, François Bayrou est évidemment cité, Laurence Parisot, l'ancienne patronne du Medef et actuelle vice-présidente de l'Ifop, Anne-Marie Idrac, ex-patronne de la SNCF et de la RATP, ancienne secrétaire d'Etat sous Jacques Chirac et Nicolas Sarkozy, proche de François Bayrou, Christine Lagarde, directrice du Fonds monétaire international (FMI), Jean-Louis Borloo, ancien ministre de l'Ecologie, de retour sur la scène politique après trois ans d'absence.
Du côté des socialistes, Jean-Yves Le Drian, actuel ministre de la Défense et jouissant d'une bonne popularité auprès des Français, a également les atouts et l'expérience d'un potentiel Premier ministre, tout comme le sénateur-maire de Lyon, Gérard Collomb, fidèle historique du jeune Macron.