HIGH-TECH Le stockage de milliers de mails inutiles n’est pas sans coût pour la planète. La start-up Cleanfox dévoile pour «20 Minutes» les empreintes carbone annuelles des expéditeurs de mails les plus envahissants…
« Mails non lus : 939 ». Quand votre boîte dégouline de spams et de newsletters ouvertes une fois sur cinq, le psychorigide du tri aka la Marie Kondo qui sommeille vous n’est pas le seul à souffrir. La planète aussi. Car pour les stocker, ces mails, il faut… de l’énergie. Plus exactement, « pour chaque e-mail stocké, dix grammes de CO2 sont générés par an », selon les calculs de Cleanfox, une start-up française qui se propose de vous débarrasser de cette flopée de mails indésirables.
Les data centers, gros consommateurs d'énergie
Pourquoi est associé à chaque e-mail, comme nous sommes nombreux à l’ignorer, un coût écologique ? Parce qu’il y a des data center (les centres de traitement des données où sont, entre autres, hébergés nos mails) à faire tourner.
Ces data center, « il a fallu d’abord les fabriquer. Ils sont allumés en continu, ils doivent être refroidis… Sans compter que la plupart des mails sont dupliqués par sécurité au cas où l’un des data center soit victime d’un incendie », explique Edouard Nattée, cofondateur de Cleanfox.
Si vous avez synchronisé vos mails sur vos smartphones, c’est aussi un pourcentage non négligeable de votre autonomie et de votre consommation de data « qui est dédié à récupérer des mails dont beaucoup seront inutiles, puisqu’on sait par exemple que 90 % des emails commerciaux ne sont jamais lus. »
Vos mails passés au scanner
La technologie développée par Cleanfox permet de scanner les mails en les anonymisant, et « sans aucune intervention humaine ». Temps moyen d’analyse d’une boîte mail : 50 secondes. A vous de décider ensuite si vous voulez supprimer les newsletters et mails non voulus mais conserver ceux à venir, ou alors vous en désabonner définitivement.
Lancé le 13 septembre dernier, Cleanfox annonce avoir supprimé, dans 156 pays, près de 24 millions de mails, « sans compter tous ceux qui ne seront plus reçus à l’avenir grâce aux désabonnements ».
Soit près de 240.000 kg de CO2 économisés au total. « Si je fais 100 km en voiture, je dépense à peu près 20 kg de CO2, détaille Edouard Nattée. L’un de nos utilisateurs dont la boîte était pleine à craquer a économisé 200 kg de CO2 en vidant sa boîte. Autrement dit, c’est comme s’il compensait 1.000 km de trajet en voiture, via un simple nettoyage. »
Et les plus gros pollueurs sont…
A qui revient la palme du plus gros pollueur ? Grâce aux « dizaines de milliers d’utilisateurs » du service, Cleanfox a récolté des données lui permettant d’estimer l’empreinte carbone annuelle de chaque expéditeur…
Parmi les « acteurs incontournables du Web », le pollueur n°1 ne se lasse jamais de nous alerter par mail d’un nouveau «follower»… Vous avez reconnu Twitter, qui envoie tant de mails (en moyenne 191 par utilisateur et par an) que leur stockage par un abonné Twitter est à l’origine de 1,91kg d’émissions de CO2 par an, dévoile Cleanfox pour 20 Minutes.
Vient ensuite un réseau social connu pour ses demandes perpétuelles d'ajouts d'«amis»… LinkedIn, avec un stockage des emails qui génère en moyenne 1,54kg d’émissions de CO2 par an. Suivent Google (1,24kg), Amazon (1,02kg) et Booking (0,80kg).
Seuls 16% des mails de Twitter sont ouverts
Autres données dévoilées par Cleanfox, celles du faible taux d'ouverture des mails, expéditeur par expéditeur : seuls 16 % des mails de Twitter sont ouverts, 22 % pour LinkedIn, 21 % pour Google, 17 % pour Amazon et 13 % pour Amazon. « Comme ces mails sont hébergés gratuitement, notamment par Google, les entreprises ne se fixent aucune autre limite que celle d’éviter l’overdose pour l’utilisateur. Or si 90% de ces mails ne sont pas ouverts, c'est qu'il y a sans doute un problème...», souligne Edouard Nattée.
En attendant que les entreprises réduisent le bombardement de nos boîtes, chacun peut donc choisir d’agir à son niveau en lançant un grand nettoyage d’hiver. Une prochaine étape pourrait être de réduire le streaming, dont le coût écologique est aussi conséquent. Sauf qu’entre supprimer des spams vieux de 2008 et s’interdire de regarder une série, une des deux options risque d’être plus douloureuse…
(20minutes)