Cinq ministres ont mené campagne pour le compte du candidat Abdelaziz Bouteflika dans leurs fiefs respectifs soit en animant des meetings soit en procédant à une campagne de proximité.

Il était donc attendu que le raz de marée qui a accompagné la réélection triomphale de Bouteflika soit identique dans toutes les wilayas du pays.

Hors à la lecture des résultats de cette élection, un fait retient l'attention, c'est la débâcle subit par 5 ministres dans leurs fiefs électoraux dans la wilaya de Batna, puisque les cinq sont originaires de cette région de l'Est du pays.

A tout seigneur tout honneur, le premier d'entre eux Youcef Yousfi, Premier ministre par intérim et ministre de l'énergie et des mines, n'a certes pas fait campagne, mais qui, en dépit de ses relais et soutiens dans la région, a vu son candidat se faire devancer dans ses fiefs de Bouzina (Benflis : 1831-Bouteflika: 1231) et de Theniet laabed (Benflis: 1326-Bouteflika: 1115).

Le ministre de la santé, Abdelmalek Boudiaf, qui ne jouit d'aucune popularité dans sa région d'origine, et bien que présent sur le terrain, n'a récolté lui aussi que des résultats négatifs à Ngaous (Benflis: 3655-Bouteflika: 3003), à Boumguer (Benflis: 1815-Bouteflika: 425), à Takeslent (Benflis: 4236-Bouteflika: 77) et à Ras el ayoune (Benflis: 3972-Bouteflika: 1109).

Le ministre de l'agriculture et du développement rural, Abdelouhab Nouri, lui a fait très fort dans son fief électoral, à Ichmoul, puisqu'il n'a pu récolter pour son candidat que 770 voix contre 2096 pour son concurrent Benflis.

Mahmoud Khodri, ministre en charge des relations avec le parlement, n'a pas fait mieux que ses collègues, en cause sa campagne électorale terne, morose et sans convictions qui a eu pour effet de donner la victoire au camp adverse. C'est ainsi qu'à Ghasssira Benflis a récolté 814 voix contre 614 à Bouteflika, à Tkout (Benflis: 1501-Bouteflika: 991), à Oued Taga (Benflis: 2037-Bouteflika: 2037) et à Tighanimine (Benflis: 918-Bouteflika: 405).

Le ministre des moudjahidine, Mohamed Chérif Abbas originaire de Batna, n'a pas pu lui aussi drainer un nombre de voix susceptibles de placer son candidat en première position.

Mais comme la coutume veut qu'on donne aux mauvais élèves un bonnet d’âne, ce couvre-chef va incontestablement à deux ministres. Le premier Mahmoud Khodri s'est fait remarquer, durant une campagne de proximité, lorsqu'au moment où il est rentré dans un café bondé, tous les consommateurs sans exception ont quitté l'endroit le laissant seul avec le cafetier. Ce même Khodri qui paye aussi pour son inconstance et son opportunisme. En effet, commençant par être ouvertement pro Benflis en 2004, il change de stratégie pendant la campagne de cette même année 2004, en tenant le bâton par le milieu, pour finalement, sentant le vent tourner, changer de veste et soutenir Bouteflika.

Le deuxième c'est Abdelmalek Boudiaf qui s'est fait jeter par les habitants de sa région et qui n'a dû son salut qu'en se réfugiant dans un commissariat. Son opposition à Bouteflika, du temps où il était wali à Oran, est de notoriété publique, et sa nomination au poste de ministre a surpris plus d'un.

Cela étant dit, la désaffection des habitants de la wilaya de Batna n'est pas une réaction épidermique contre Abdelaziz Bouteflika, bien au contraire, elle est uniquement dirigée contre ces ministres intuitu personæ.

Pour preuve, la famille du chahid Mostefa Benboulaid, qui s'est investit, vent debout, pour la candidature de Bouteflika, a réussi dans leur fief à Arris à placer Bouteflika en première position avec 3.440 voix contre 2.826 pour Benflis celui là même qui a harangué la foule à Batna par un "Oui. Ana Chaoui o Noss» (« Oui, je suis un Chaoui et demi »), c'est dire, qu'assurément et définitivement, le costume de Président de tous les Algériens est bien trop grand pour lui.