1.-Le secrétaire général du Ministère du commerce en marge de la cérémonie d’ouverture, mardi, du 1er Salon import-export inter-Africain (IMPEX 2021), dans une déclaration récente de mai 2021, annonce que les exportations algériennes hors hydrocarbures pourraient atteindre les 5 milliards de dollars (USD) d’ici fin 2021. Rappelons la structure des exportations hors hydrocarbures selon les statistiques gouvernementales ( douanes ) pour le premier trimestre 2020, la structure économique de l’Algérie n’ayant pas fondamentalement changée en 2021 pour un montant de 578,70 millions de dollars : bien alimentaires 19,26% -produits bruts 2,64%- demi produits ( en majorité dérivées d’hydrocarbures) 74,92%-biens d’équipements agricoles 0,001%- biens d’équipements industriels 11,19%-biens de consommation non alimentaires 7,16%. Selon les statistiques douanières du premier trimestre 2021, les exportations hors hydrocarbures avec les dérivés d’hydrocarbures ont atteint 870 millions de dollars.
Ce montant doit être éclatée .par la prise en compte des dérivées d’hydrocarbures où les exportations d’engrais minéraux et azotés ont atteint 227 millions de dollars, et les huiles et autres substances dérivées de la distillation du charbon minéral sont de 124 millions de dollars soit au total 350 millions de dollars représentant 40,34%. Ce taux ne tient pas compte d’autres dérivés d’hydrocarbures où en comparaison pour l’année 2020 ce taux dépasse 60%. Mais pour avoir une appréciation objective du gain net pour l’Algérie, il faut dresser la balance devises c'est-à-dire retirer pour l’ensemble des exportations les matières premières importées en devises ainsi que les différentes exonérations fiscales qui sont un manque à gagner pour le trésor limitant la fiscalité ordinaire. En rappelant que plus de 95% du tissu économique en 2021 est constitué d’unités personnelles, de petites SARL à gestion familiale selon les données du registre de commerce, peu initiées aux nouvelles technologies et aux commerce international, dépendantes pour plus de 85% des matières premières de l’extérieur.
Même dans l’hypothèse optimiste de 60% du total incluant les exportations de matières premières brutes comme le phosphate, les exportations hors hydrocarbures pour les produits nobles rentrant dans le cadre des valeurs internationales ne dépasseront 2- 2,5 milliards de dollars en 2021, sur une recette en devises ( pas le profit net devant retirer les couts ) d’exportation prévu d’environ 26/27 milliards de dollars, si le cours du pétrole se maintient entre 60/65 dollars, du gaz ( 33% des recettes de Sonatrach , le prix sur le marché libre ayant baissé de 70% entre 2008/ mai 2021 ) et devant tenir compte de la baisse en volume tant du pétrole que du gaz d’environ 20/25% entre 2008/2020.
2.-Sur le plan macro-économique, est prévu dans l'avant projet de loi de finances complémentaire 2021, que les recettes budgétaires prévues sont de 5331,8 milliards de DA, contre 5 328,2 milliards de DA dans la loi de finances initiale, soit au cours actuel moyen de 130 dinars un dollar, respectivement 41,01 et 41,40 milliards de dollars. La fiscalité pétrolière budgétisée dans l’avant-projet est de 14,82 milliards de dollars ( 1 927,05 milliards de DA), contre 14,76 milliards de dollars (1919,2 milliards de DA) dans la loi de finances initiale et les ressources ordinaires sont prévues à 26,19 milliards de dollars ( 3 404,8 milliards de DA) contre 26,22 milliards de dollars ( environ 3409 milliards de DA dans la loi initiale 2021. Les dépenses budgétaires sont prévues 66,48 milliards de dollars (8642,7 milliards de DA) contre 62,53 milliards de dollars (8113 milliards de DA) dans la loi initiale.
Les exportations d’hydrocarbures qui devraient atteindre 23,63 milliards de dollars à la fin de l’année 2021, contre 23,21 milliards de dollars prévus dans la loi de finances initiale et les importations de biens sont prévues à 30,42 milliards de dollars, contre 30,05 milliards de dollars prévus dans la loi de finances 2021 initiale non inclus les services (appel à l’assistance étrangère) ont fluctué pour 2010/2019 entre 10/11 milliards de dollars par an, avec une coupe de 50% donnerait une sortie de devises d’environ de plus de 35 milliards de dollars accroissant les tensions budgétaires . Il s’ensuit que les prévisions donnent un déficit budgétaire record de 25,46 milliards de dollars ( 3310,8 milliards de DA), contre 21,42 milliards de dollars dans la loi initiale (2784,8 milliards de DA) dans la loi de finances initiale, représentant respectivement 16,0% et 13,6% du PIB.
Quant au déficit du Trésor qui s’aggrave, il est prévu 31,85 milliards de dollars ( 4 140,4 milliards de DA) contre 27,80 milliards de dollars (3 614,4 milliards de DA) dans la loi de finances initiale, soit respectivement 20% et 17,6% du PIB. Les réserves de change sont passées de 194 milliards de dollars fin 2013 ,à 62 fin 202, 42 fin 2021 et qu’en sera-t-il fin 2021 avec toutes les restrictions qji ont paralysé tout l’appareil de production en 2020 ?Les banques locales dépassent 45% du total de leurs actifs bancaires avec une dette publique totale par rapport au PIB de 63,3%, contre 53,1% en 2020, et la dette publique nette totale représentera 60,5%, contre 50,4% en 2020,mais avec une dette extérieure relativement faible, 3,6% et 5,2% du PIB en 2021 et 2022, contre 2,3% en 2020.
3.-Sur le plan macrosocial, selon le FMI, le taux de chômage incluant la sphère informelle et les emplois rente, devrait atteindre 14,5 en 2021, et 14,9% en 2022, contre 14,2% en 2020, ce taux dépassant les 20/30% pour les catégories 20/30 ans et paradoxalement les diplômés. L’inflation qui sera de longue durée en fonction des réformes structurelles entre 2000/2020, selon les données de l’ONS, dépasse, cumulée, 90% et sera supérieure en cumulant l’année 2021 de 100% accroîtra la détérioration du pouvoir d’achat et les revendications sociales. Pour l’Algérie, la population active dépasse 12,5 millions sur une population totale résidente de 44,7 millions d’habitants au 1er janvier 2021 avec une sphère informelle non soumise aux cotisations, n’étant pas affiliée à le caisse de sécurité sociale et par ricochet ne payant pas d’impôts, servant de soupapes sociales, représentant selon le FMI 33% de la superficie économique mais plus de 50% hors hydrocarbures, qui contrôle une masse monétaire hors banques, selon les informations données par le président de la république lors de sa conférence de presse, entre 6000 et 10.000 milliards de dinars 35-40% soit au cours de 130 dinars un dollar entre 46,15 et 76,90 milliards de dollars. Le taux de croissance du produit intérieur brut qui détermine le taux d’emplois, est en nette diminution , estimée en 2020 à 160 milliards de dollars et selon le FMI de 153 milliards de dollars pour 2021. Sans oublier les tensions au niveau des caisses de retraite, où Selon le ministère du Travail, en date du 08 avril 2021 le déficit financier de la Caisse nationale des retraites (CNR) pourrait atteindre 690 milliards de dinars en 2021, le nombre de retraités dépassant les 3,3 millions, le CNR enregistrant un taux de cotisation de sécurité sociale, estimé à 2,2 travailleurs pour chaque retraité alors que pour un équilibre , le taux de cotisation devrait atteindre cinq travailleurs pour un retraité.
En résumé, le futur gouvernement qui sera mis en place fin juin, courant juillet 2021, sera confronté à une situation socio-économique complexe qui implique une mobilisation générale.. Certes, il faut reconnaître que certaines entreprises font des efforts pour pénétrer le marché international, en valorisant le savoir et la bonne gestion, l’’information étant stratégique alors que force est de constater son l’effritement ce qui rend aléatoire toute prévision.. Dans ce cadre tout autre organisme public doit éviter au moment où avec la révolution numérique s’imposent des décisions au temps réel, de vendre des utopies Comme l’a enseigné le fondateur de la statistique moderne Morgenstern qui a d’ailleurs à la fin de sa vie a écrit un important ouvrage « comment mentir grâce aux statistiques », il faut que nos responsables évitent de livrer des données brutes qui ont une signification limitée, pouvant conduire à des erreurs de politiques économiques dont les pertes peuvent se chiffrer en milliards de dollars.